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Besançon : Relaxe de Yona, Militante de Némésis, en 2025

À Besançon, Yona, militante de Némésis, est relaxée dans une affaire de diffamation contre la maire EELV. Retour sur un procès qui divise et interroge la liberté d'expression... Que s'est-il vraiment passé ?

Une banderole brandie lors d’un carnaval, un tract diffusé sur les réseaux sociaux, une garde à vue controversée : à Besançon, l’affaire opposant Yona Faedda, militante du collectif Némésis, à la maire écologiste de la ville a défrayé la chronique. En juin 2025, le tribunal correctionnel de la ville a prononcé la relaxe de la jeune femme, poursuivie pour diffamation publique. Ce verdict, loin d’être anodin, soulève des questions brûlantes sur la liberté d’expression, les tensions politiques et les valeurs républicaines. Comment une action militante a-t-elle pu mener à un tel affrontement judiciaire ? Plongeons dans cette saga qui a secoué la capitale comtoise.

Un Conflit Né dans les Rues de Besançon

Tout commence en avril 2024, lors du carnaval de Besançon, un événement festif censé rassembler les habitants dans une ambiance joyeuse. Mais ce jour-là, deux militantes du collectif Némésis, un groupe se revendiquant féministe et identitaire, font irruption avec des pancartes provocatrices. Les messages affichés, tels que « Violeurs étrangers dehors » et « Libérez-nous de l’immigration », choquent une partie des spectateurs et des élus présents. La maire de la ville, membre d’Europe Écologie Les Verts, réagit immédiatement, dénonçant une provocation à la haine et annonçant son intention de porter plainte.

Cette action, loin d’être isolée, s’inscrit dans une série d’initiatives menées par Némésis pour dénoncer ce qu’elles perçoivent comme une politique migratoire laxiste. Leur objectif : attirer l’attention sur les failles du système judiciaire, notamment sur l’application des OQTF (obligations de quitter le territoire français). Mais pour la maire, ces messages stigmatisent une communauté entière et bafouent les valeurs de fraternité qu’elle défend.

Une Première Plainte pour Incitation à la Haine

La plainte déposée par la mairie en avril 2024 vise à condamner les militantes pour incitation à la haine raciale. Une des jeunes femmes, Yona Faedda, 20 ans, porte-parole locale du collectif, est rapidement placée en garde à vue. Une perquisition a lieu à son domicile, son matériel informatique est saisi. Cette mesure, jugée disproportionnée par les soutiens du collectif, enflamme les réseaux sociaux. Des figures politiques, notamment issues de l’extrême droite, brandissent des pancartes similaires lors d’une séance du conseil régional, dénonçant une atteinte à la liberté d’expression.

« Ce n’est pas un message haineux, c’est la pure vérité », affirme une responsable du collectif sur les réseaux sociaux.

Pourtant, le procureur de Besançon classe cette plainte sans suite, estimant que les termes utilisés, bien que provocateurs, ne constituent pas un délit pénalement qualifiable. Cette décision, perçue comme une victoire par Némésis, ne met pas fin aux tensions. Au contraire, elle semble galvaniser les militantes, qui préparent une nouvelle action.

L’Escalade lors des Vœux Municipaux

Le 8 janvier 2025, lors de la cérémonie des vœux aux agents municipaux, Némésis frappe à nouveau. Yona Faedda et une autre militante s’introduisent dans l’événement, brandissant une banderole avec l’inscription « Violeurs étrangers bienvenus » et distribuant des tracts accusant la maire de soutenir les agresseurs étrangers. Cette intrusion, filmée et relayée sur les réseaux sociaux, est perçue comme une attaque personnelle par l’élue écologiste, qui dénonce une diffamation publique.

Le tract en question, publié sur X, associe une photo de la maire à la phrase incriminée : « Soutien aux violeurs étrangers ». Pour l’édile, cette action dépasse les limites de la critique politique et atteint son honneur, tant en tant que femme qu’en tant qu’élue. Elle dépose deux plaintes : l’une pour l’intrusion, l’autre pour le tract diffamatoire. Si la première est classée sans suite, la seconde aboutit à une convocation de Yona Faedda devant le tribunal correctionnel, prévue pour le 6 juin 2025.

Un Procès Annulé pour Vice de Procédure

Le jour du procès, l’ambiance est électrique devant le tribunal de Besançon. Une cinquantaine de manifestants antifascistes se rassemblent en soutien à la maire, tandis que les membres de Némésis revendiquent leur action comme un acte de liberté d’expression. Mais l’audience ne va pas au bout : l’avocat de Yona, maître Frédéric Pichon, obtient l’annulation de la procédure pour un vice de forme. Les faits reprochés dans la plainte initiale ne correspondaient pas précisément à ceux mentionnés dans la citation à comparaître, rendant la procédure nulle.

« Je ressors libre. Je n’ai même pas eu à m’expliquer. La nullité a été prononcée directement », déclare Yona Faedda à la sortie du tribunal.

Pour l’avocat de la maire, maître Tewfik Bouzenoune, cette annulation n’est pas une défaite, mais un simple contretemps. Une seconde audience, basée sur la plainte personnelle de l’élue, est prévue à une date ultérieure. Cette décision ne clôt donc pas l’affaire, mais elle marque un point pour Némésis, qui célèbre une « victoire » sur les réseaux sociaux.

Les Enjeux d’un Débat Explosif

Ce conflit dépasse largement le cadre d’un affrontement judiciaire. Il met en lumière des fractures profondes dans la société française, où les questions d’immigration, de sécurité et de liberté d’expression s’entremêlent. D’un côté, Némésis revendique un discours choc pour dénoncer ce qu’elles estiment être une menace pour les femmes, s’appuyant sur des statistiques controversées. De l’autre, la maire défend des valeurs d’humanité et de fraternité, accusant le collectif de propager des messages xénophobes.

Les points clés du débat

  • Liberté d’expression : Où se situe la frontière entre critique politique et diffamation ?
  • Politique migratoire : Les OQTF sont-elles appliquées efficacement en France ?
  • Stigmatisation : Les messages de Némésis alimentent-ils la haine envers les étrangers ?
  • Rôle des élus : Comment concilier défense des valeurs républicaines et liberté de critique ?

Pour mieux comprendre, un retour sur les faits s’impose. En 2021, la maire de Besançon s’était engagée à accueillir plusieurs centaines de migrants par an, une décision saluée par certains comme un acte de solidarité, mais critiquée par d’autres comme un symbole de laxisme. Némésis s’appuie sur des cas médiatisés, comme des agressions impliquant des personnes sous OQTF, pour justifier ses actions. Mais ces généralisations sont-elles légitimes ? La maire, elle, refuse de céder à ce qu’elle considère comme une instrumentalisation de la peur.

Les Réactions Politiques et Sociales

L’affaire a suscité un vif débat, amplifié par les réseaux sociaux. Des élus d’extrême droite ont publiquement soutenu Némésis, reprochant à la maire une politique migratoire irresponsable. Lors d’une séance au conseil régional, des pancartes reprenant les slogans du collectif ont été brandies, provoquant une suspension de la séance. La présidente de la région a elle-même annoncé une plainte pour incitation à la haine, soulignant l’incompatibilité de tels messages avec les valeurs républicaines.

« Associer les immigrés au viol, c’est intolérable. Ce genre d’action n’a rien à faire dans nos institutions », déclare la présidente de la région.

Sur les réseaux sociaux, les hashtags comme #LiberezYona ont fleuri, portés par les soutiens du collectif. En parallèle, des manifestations antifascistes ont dénoncé les actions de Némésis, accusées de propager un discours raciste. Ce clivage reflète une polarisation croissante, où chaque camp revendique la défense de valeurs fondamentales, qu’il s’agisse de la sécurité ou de l’humanisme.

Un Combat Juridique Loin d’Être Terminé

Si la relaxe de Yona Faedda marque un tournant, elle ne clôt pas l’affaire. Une seconde plainte, déposée directement par la maire, est en cours d’instruction. Cette nouvelle audience pourrait raviver les tensions, dans un contexte où la mairie de Besançon prépare les élections municipales de 2026. La maire, qui a confirmé sa candidature, appelle à une union des forces progressistes pour contrer la montée des discours extrémistes.

Pour Némésis, cette relaxe est une victoire symbolique, renforçant leur visibilité. Leur avocat, maître Pichon, insiste sur le caractère politique de la poursuite, qu’il qualifie de tentative d’intimidation. Mais pour les défenseurs de la maire, cette affaire est avant tout une question de respect des droits humains et de lutte contre la stigmatisation.

Événement Date Action Conséquence
Carnaval de Besançon Avril 2024 Pancartes anti-immigration Plainte pour incitation à la haine, classée sans suite
Vœux municipaux Janvier 2025 Banderole et tracts diffamatoires Plainte pour diffamation, procès annulé
Procès Juin 2025 Audience pour diffamation Relaxe pour vice de procédure

Vers une Société plus Divisée ?

L’affaire de Besançon n’est pas un cas isolé. Elle s’inscrit dans un contexte national où les débats sur l’immigration et la sécurité dominent l’espace public. Les actions de Némésis, bien que controversées, trouvent un écho auprès d’une partie de la population, tandis que les défenseurs des valeurs républicaines s’inquiètent de la montée des discours extrémistes. Cette polarisation risque-t-elle de s’accentuer à l’approche des échéances électorales ?

Pour l’heure, la relaxe de Yona Faedda est vue comme une victoire par ses soutiens, mais aussi comme un défi pour ceux qui luttent contre les discours de haine. La maire, elle, reste déterminée à défendre ses convictions, malgré les attaques personnelles. « Je me battrai toute ma vie pour le respect des droits humains », a-t-elle déclaré, soulignant son refus de céder face aux provocations.

Ce qu’il faut retenir

  • Relaxe de Yona Faedda pour vice de procédure en juin 2025.
  • Conflit entre Némésis et la maire de Besançon autour de l’immigration.
  • Tensions sur la liberté d’expression et les valeurs républicaines.
  • Une seconde audience prévue pour la plainte personnelle de la maire.

En attendant la prochaine audience, cette affaire continue de diviser. Elle pose une question essentielle : comment concilier la liberté de critiquer avec le respect des principes fondamentaux de la République ? À Besançon, comme ailleurs, le débat est loin d’être clos.

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