Selon des informations exclusives de La Lettre, le groupe de distribution français Auchan serait sur le point de vendre sa filiale russe à un acheteur local, après plus d’un an de présence controversée dans le pays suite au déclenchement de la guerre en Ukraine. Bien que le groupe ait qualifié ces informations de “simples rumeurs” auprès de l’AFP, des sources proches du dossier affirment que les négociations seraient en phase finale, avec une signature qui pourrait intervenir dans les prochaines semaines.
Un poids lourd de la distribution sur le départ ?
Avec ses 230 magasins et ses quelques 30 000 employés, Auchan est l’un des plus importants acteurs de la distribution en Russie. Sa présence dans le pays représenterait environ 10% du chiffre d’affaires total du groupe, soit plus de 3 milliards d’euros. Mais cette présence est devenue de plus en plus difficile à assumer pour l’enseigne de la galaxie Mulliez, fustigée par de nombreuses voix en Ukraine, jusqu’au président Volodymyr Zelensky en personne, pour avoir choisi de maintenir ses activités en Russie malgré le conflit.
En mars 2023, le groupe avait déjà annoncé son intention de “céder le contrôle” de ses activités russes au “management local”, sans pour autant concrétiser cette volonté. Cette fois, la vente semble bel et bien enclenchée, même si elle devra encore recevoir le feu vert des autorités russes.
Un processus de cession sous haute surveillance
Toute vente d’actifs détenus par des entreprises de pays dits “inamicaux” est en effet soumise à une procédure spécifique en Russie depuis le début du conflit ukrainien. La transaction doit être approuvée par une commission gouvernementale dédiée, selon des critères récemment durcis:
- La décote du prix de vente par rapport à la valeur de l’actif est passée de 50 à 60%
- La taxe de sortie à verser au budget fédéral russe a été rehaussée de 15 à 35%
- Toute opération supérieure à 50 milliards de roubles (environ 480 millions d’euros) doit être validée directement par Vladimir Poutine
Des conditions drastiques qui pourraient refroidir les ardeurs de certains acheteurs potentiels. Mais Auchan semble déterminé à aller au bout du processus, même à un prix inférieur aux attentes. Le groupe cherche en effet à se désengager non seulement de Russie, mais aussi de Hongrie où il exploite 24 magasins.
Une performance économique en berne
Au-delà des considérations géopolitiques, le choix de vendre pourrait aussi s’expliquer par des motifs économiques. Selon des données révélées par La Lettre, les ventes cumulées d’Auchan en Russie et en Ukraine ont baissé de 4,2% l’an dernier, entraînant dans leur sillage celles de l’ensemble du groupe (-2%). Sans les deux pays, le chiffre d’affaires aurait progressé de 4%.
ELO Groupe, la maison mère d’Auchan, a également annoncé près d’un milliard d’euros de pertes nettes sur le premier semestre 2024. Un contexte compliqué qui pourrait l’avoir convaincu de revoir ses priorités stratégiques.
Contacté par l’AFP, Auchan n’a pas souhaité commenter ces informations, se bornant à évoquer des « rumeurs de marché ». Mais si la vente se confirme, elle marquera un tournant majeur pour le distributeur dans cette région du monde. Reste à savoir à quelles conditions, et avec quelles conséquences pour ses milliers de salariés russes.
Une présence maintenue en Ukraine
L’avenir de la filiale ukrainienne du groupe semble en revanche moins incertain. Avec 43 magasins dont une vingtaine d’hypermarchés, Auchan entend rester un acteur significatif du commerce de détail dans ce pays, malgré les tensions causées par sa présence en Russie.
Cette vente, si elle se concrétise, illustrera une nouvelle fois le délicat exercice d’équilibriste auquel sont confrontées les multinationales dans un contexte géopolitique inflammable. Entre pressions politiques, enjeux d’image et impératifs économiques, la voie est souvent étroite. Le cas Auchan le démontre une fois de plus.
L’avenir de la filiale ukrainienne du groupe semble en revanche moins incertain. Avec 43 magasins dont une vingtaine d’hypermarchés, Auchan entend rester un acteur significatif du commerce de détail dans ce pays, malgré les tensions causées par sa présence en Russie.
Cette vente, si elle se concrétise, illustrera une nouvelle fois le délicat exercice d’équilibriste auquel sont confrontées les multinationales dans un contexte géopolitique inflammable. Entre pressions politiques, enjeux d’image et impératifs économiques, la voie est souvent étroite. Le cas Auchan le démontre une fois de plus.