Le 8 décembre 2024, la Syrie a tourné une page de son histoire avec la chute de Bachar al-Assad, renversé par des forces islamistes. Mais un nouvel attentat, survenu dans une église chrétienne de Damas, rappelle cruellement que la paix reste fragile. Dimanche, un kamikaze affilié à l’État islamique a semé la mort dans le quartier de Dwelaa, tuant 20 personnes et en blessant 52 autres. Cet acte, le premier de cette ampleur dans la capitale depuis le changement de régime, soulève des questions brûlantes sur la sécurité et la protection des minorités dans un pays en pleine transition.
Un Acte de Terreur dans un Lieu Sacré
Dans le quartier de Dwelaa, l’église Saint-Élie, un havre de paix pour les chrétiens de Damas, s’est transformée en scène d’horreur. Selon les autorités, un individu armé a pénétré dans le lieu de culte, a ouvert le feu, puis a déclenché une ceinture explosive. Le bilan est lourd : 20 morts, 52 blessés, et une communauté en deuil. Les images décrites par les témoins sont déchirantes : des icônes brisées, des bancs en bois réduits en éclats, et du sang maculant le sol sacré.
J’ai peur de ne plus jamais entendre sa voix.
Umm George, une mère à la recherche de son fils
Les témoignages, comme celui d’Umm George, une mère désespérée cherchant son fils parmi les décombres, incarnent la douleur des familles touchées. Les secouristes ont travaillé sans relâche pour évacuer les victimes, parmi lesquelles des enfants et des personnes âgées, pris au piège de la panique.
L’Ombre de l’État Islamique
Le ministère de l’Intérieur syrien a rapidement désigné l’État islamique comme responsable de cet attentat. Ce groupe jihadiste, bien que vaincu territorialement en 2019 par les forces kurdes soutenues par les États-Unis, continue de hanter la Syrie. Ses membres, tapis dans l’ombre, notamment dans le désert syrien, mènent des attaques ciblées pour déstabiliser le pays. Cet attentat, selon les autorités, visait à semer la peur et à fragiliser la coexistence nationale dans une Syrie en quête de stabilité.
Le ministre de l’Intérieur, Anas Khattab, avait récemment averti que l’EI optait pour des attaques précises contre des cibles stratégiques, comme les communautés religieuses. Des opérations récentes ont permis de déjouer plusieurs tentatives d’attentats, mais celle-ci a réussi à frapper au cœur de Damas. Pourquoi l’EI cible-t-il les minorités chrétiennes ? Pour beaucoup, il s’agit d’une tentative désespérée de raviver les tensions confessionnelles.
Une Transition Syrienne sous Pression
Depuis la chute d’Assad, les nouvelles autorités syriennes, dominées par des groupes islamistes, font face à un défi colossal : instaurer une gouvernance inclusive tout en luttant contre le terrorisme. Cet attentat met en lumière les failles sécuritaires dans un pays où les institutions sont encore en reconstruction. La communauté internationale, de l’ONU à la France, a appelé à une transition qui protège toutes les communautés, qu’elles soient chrétiennes, musulmanes chiites ou autres.
Cet acte criminel vise à saper19 la coexistence nationale et à déstabiliser le pays.
Ministère syrien des Affaires étrangères
Les chrétiens, qui représentent une minorité en Syrie, craignent pour leur avenir. Le patriarcat orthodoxe de Damas a exigé des autorités qu’elles assument leur responsabilité et garantissent la sécurité des lieux de culte. Cette demande résonne comme un cri d’alarme dans un contexte où la confiance envers le nouveau pouvoir reste fragile.
Réactions Internationales : Condamnation et Appel à l’Unité
La communauté internationale a réagi avec force. L’émissaire de l’ONU pour la Syrie, Geir Pedersen, a exprimé son indignation et appelé à une enquête approfondie. La France a dénoncé un attentat terroriste abject, soulignant son engagement pour une Syrie plurielle et stable. De son côté, la Turquie, proche des nouvelles autorités, a qualifié l’attaque de perfide, accusant l’EI de vouloir semer le chaos.
Chiffres clés de l’attentat :
- 20 morts confirmés
- 52 blessés, dont certains dans un état grave
- 1 kamikaze affilié à l’EI
- 1ère attaque de ce type à Damas depuis décembre 2024
Ces condamnations, bien que unanimes, mettent en lumière une réalité : la Syrie reste un terrain miné, où la reconstruction politique et sociale est entravée par des actes de violence. Les États-Unis, via leur émissaire Tom Barrack, ont insisté sur la nécessité de bâtir une société tolérante, un objectif qui semble encore lointain.
Les Défis de la Sécurité en Syrie
La sécurité est au cœur des préoccupations dans la Syrie post-Assad. Les nouvelles autorités doivent non seulement lutter contre les résurgences de l’EI, mais aussi rassurer une population divisée par des années de guerre civile. Les chrétiens, qui ont déjà souffert sous le régime d’Assad et pendant l’occupation de l’EI, se sentent particulièrement vulnérables.
Les forces de sécurité ont intensifié leurs efforts, comme en témoigne l’arrestation récente de membres d’une cellule de l’EI près de Damas. Une autre opération à Alep a coûté la vie à un agent de sécurité, mais a permis d’éliminer trois jihadistes. Ces actions montrent une volonté de contrer la menace, mais elles ne suffisent pas encore à restaurer la confiance.
Les Voix des Survivants
Les témoignages des survivants donnent un visage humain à cette tragédie. Lawrence Maamari, présent dans l’église, raconte comment les fidèles ont tenté d’arrêter le kamikaze avant l’explosion. Ziad, un commerçant du quartier, décrit une scène de chaos : des flammes s’élevant de l’église, des débris projetés jusqu’à l’entrée. Ces récits, empreints de courage et de désespoir, rappellent l’impact profond de cet attentat sur la communauté.
Nous avons vu du feu dans l’église et des morceaux de bancs en bois projetés jusqu’à l’entrée.
Ziad, témoin de l’attentat
Pour beaucoup, cet événement ravive les traumatismes d’une guerre qui a débuté en 2011. L’EI, qui avait proclamé un califat en 2014, reste une menace persistante, même après sa défaite territoriale. Ses attaques visent à exploiter les fragilités d’un pays en transition, mettant en péril les efforts pour une coexistence pacifique.
Vers une Syrie Unie ?
Face à cet attentat, les autorités syriennes promettent de redoubler d’efforts pour garantir la paix civile. Mais la tâche est immense. Protéger les minorités, renforcer la sécurité, et construire une société inclusive demandent des ressources et une volonté politique sans faille. La communauté internationale, bien que solidaire, observe de près les actions du nouveau pouvoir.
Défi | Action proposée |
---|---|
Sécurité des minorités | Renforcer la protection des lieux de culte |
Lutte contre l’EI | Opérations ciblées et coopération internationale |
Transition inclusive | Intégrer toutes les communautés dans le processus politique |
La Syrie se trouve à un carrefour. Cet attentat, bien que tragique, pourrait servir de catalyseur pour des réformes profondes. Les autorités doivent prouver qu’elles peuvent protéger tous les Syriens, quelle que soit leur confession, pour espérer bâtir un avenir stable.
Un Appel à la Résilience
En dépit de la douleur, les habitants de Damas montrent une résilience remarquable. Les chrétiens, bien que ciblés, continuent de prier pour la paix. Les autorités, sous pression, promettent des mesures concrètes. Mais la question demeure : cet attentat marquera-t-il un tournant, ou n’est-il qu’un épisode de plus dans une longue série de violences ?
Pour les Syriens, l’espoir d’une société unie et pacifique reste vivant, mais fragile. Chaque attaque teste leur détermination à surmonter les divisions. La communauté internationale, les autorités locales, et les citoyens ordinaires doivent unir leurs efforts pour que des tragédies comme celle de l’église Saint-Élie ne se répètent plus.
Pour aller plus loin :
- Renforcer la coopération internationale contre le terrorisme
- Protéger les minorités religieuses en période de transition
- Surveiller les résurgences de l’EI dans le désert syrien
La tragédie de Damas est un rappel brutal que la paix en Syrie est un objectif encore lointain. Mais elle est aussi une opportunité pour les nouvelles autorités de montrer leur engagement envers une société inclusive. Le chemin sera long, mais l’espoir, porté par la résilience des Syriens, reste une force puissante.