Au lendemain des élections législatives marquées par une forte poussée du Rassemblement national, les regards se tournent désormais vers la répartition des postes à responsabilité au sein de la nouvelle Assemblée nationale. Et déjà, des voix s’élèvent pour appeler à faire barrage à l’extrême droite, comme celle de la députée écologiste Cyrielle Chatelain.
Le « front républicain » doit se poursuivre à l’Assemblée selon EELV
Dans un message posté sur le réseau social X (ex-Twitter), l’ancienne présidente du groupe écologiste à l’Assemblée a estimé que le « formidable élan populaire » ayant « fait front républicain » lors du scrutin de dimanche devait trouver une continuité dans l’hémicycle. Et cela passe, selon elle, par le fait d’empêcher les élus RN d’accéder aux postes clés du Palais Bourbon :
Nous devons à notre République de prolonger cet élan jusque dans les choix des dirigeants de l’Assemblée nationale. Les députés écologistes appellent à continuer le barrage dès la rentrée parlementaire.
– Cyrielle Chatelain, députée EELV, sur X (ex-Twitter)
Quels postes sont concernés ?
Parmi les fonctions importantes en jeu figurent notamment la présidence de l’Assemblée, les vice-présidences, les questures ou encore les présidences de commission. Des postes stratégiques et exposés qui offrent une importante visibilité, ainsi qu’un certain pouvoir sur le fonctionnement et les travaux de l’institution.
Avec 88 députés, le groupe RN sera, de loin, le premier groupe d’opposition et pourrait donc logiquement prétendre à certains de ces postes. Mais pour les écologistes et de nombreux autres élus, lui en ouvrir l’accès constituerait un dangereux précédent et une forme de légitimation.
La crainte d’une « normalisation » de l’extrême droite
Car au-delà des prérogatives concrètes liées à ces fonctions, c’est bien le symbole et le message envoyé qui focalisent les inquiétudes. Beaucoup redoutent qu’en laissant des cadres du RN occuper des postes aussi exposés, on ne favorise une forme de banalisation du parti de Marine Le Pen et de ses idées.
Une crainte renforcée par la dynamique actuelle du mouvement lepéniste, qui a réalisé une percée historique aux législatives après une présidentielle déjà réussie, et semble en passe de s’installer durablement comme une force majeure du paysage politique. D’où cet appel des écologistes à maintenir une forme de « cordon sanitaire », y compris au sein des institutions.
Bras de fer en vue pour la rentrée
Reste à savoir si cet appel sera suivi d’effets. Car si la position de Cyrielle Chatelain est partagée sur de nombreux bancs à gauche mais aussi au centre et à droite, tous ne s’accordent pas sur la stratégie à adopter face à la montée du RN. Certains plaident pour un respect strict des règles et usages démocratiques, quand d’autres défendent une ligne de fermeté absolue.
Un débat qui ne manquera pas d’animer les premiers jours de la nouvelle législature, avec en toile de fond l’épineuse question du rapport à l’extrême droite et de son intégration – ou non – dans le jeu démocratique. Une équation politique et institutionnelle complexe à laquelle l’Assemblée devra rapidement trouver une réponse. Sous l’œil attentif et vigilant des défenseurs du « front républicain », bien décidés à ne rien céder.