Un coup de filet vient d’être mené outre-Manche contre un important réseau de passeurs de migrants. Selon des sources proches de l’enquête, trois ressortissants afghans, âgés d’une vingtaine d’années et récemment condamnés par la justice belge, ont été interpellés à Londres et dans sa région. Ils faisaient l’objet de lourdes peines prononcées à leur encontre le mois dernier par un tribunal d’Anvers.
Un réseau démantelé des deux côtés de la Manche
Les trois hommes arrêtés faisaient partie d’un vaste réseau de passeurs démantelé récemment. Au total, ce sont 23 membres de cette organisation criminelle qui ont été condamnés en Belgique à des peines allant jusqu’à 10 ans de prison. Leur activité consistait à organiser le transport de migrants depuis l’Afghanistan, via l’Iran, la Turquie et les Balkans, jusqu’en France et en Belgique.
Beaucoup de ces migrants embarquaient ensuite sur de petites embarcations dans le Nord de la France pour rejoindre illégalement le Royaume-Uni. Les enquêteurs estiment que ce réseau aurait ainsi fait passer des milliers de personnes de l’autre côté de la Manche ces dernières années. Des méthodes particulièrement violentes étaient employées, allant jusqu’au viol et à l’agression sexuelle de mineurs pour les contraindre à commettre des actes criminels.
Vers une extradition des suspects
Après leur arrestation à Londres et dans les comtés voisins du Hertfordshire et de l’Essex, les trois passeurs afghans devraient être prochainement extradés vers la Belgique pour y purger les peines prononcées contre eux. C’est ce qu’a annoncé l’agence britannique de lutte contre la criminalité (NCA), qui a mené l’opération en coopération avec les autorités belges et Europol.
Nous travaillons toujours plus étroitement avec nos partenaires internationaux pour traquer les réseaux criminels dangereux comme celui-ci, perturber leurs activités et garantir qu’ils subissent toute la rigueur de la justice.
Yvette Cooper, ministre de l’Intérieur britannique
Le Royaume-Uni durcit le ton contre les passeurs
Ces arrestations interviennent alors que le gouvernement britannique a fait de la lutte contre les passeurs de migrants sa priorité pour tenter d’endiguer l’immigration clandestine. Malgré le Brexit, les traversées illégales de la Manche sont en effet reparties à la hausse en 2024, poussant les autorités à agir.
Plusieurs mesures ont été prises ces derniers mois, parmi lesquelles :
- La création d’un nouveau commandement dédié au sein de la police, doté d’un budget de 181 millions d’euros sur deux ans.
- Le renforcement de la coopération avec les partenaires européens comme Europol pour mieux traquer ces réseaux souvent transnationaux.
- Des peines de prison alourdies contre les passeurs et des procédures d’extradition facilitées.
En parallèle, un projet de loi très controversé visant à refouler systématiquement les migrants arrivés illégalement est actuellement en discussion au Parlement. S’il est adopté, il risque cependant de se heurter au droit international et européen en matière de droit d’asile.
Une situation toujours tendue aux frontières
Malgré les efforts déployés, la situation reste très tendue aux frontières du Royaume-Uni. Selon les derniers chiffres du ministère de l’Intérieur, plus de 20 000 personnes auraient déjà traversé la Manche à bord de petites embarcations depuis le début de l’année. Un record qui devrait encore être battu en 2024.
En face, la France est elle aussi confrontée à une pression migratoire très forte sur son littoral. Les forces de l’ordre tentent tant bien que mal d’empêcher les départs, souvent au péril de leur vie, mais peinent à contenir un phénomène qui semble avoir pris une ampleur inédite ces dernières années.
Dans ce contexte, la coopération entre Londres et Paris apparaît plus que jamais indispensable, au-delà des tensions post-Brexit. C’est tout l’enjeu des prochains mois alors que la crise migratoire ne montre aucun signe d’essoufflement des deux côtés de la Manche. L’arrestation des trois passeurs afghans en est un nouveau symbole.
