Imaginez un ring où l’adversaire n’est pas un autre boxeur, mais une maladie invisible qui ronge le corps jour après jour. Anthony Boscher, ancien boxeur amateur, mène ce combat avec une détermination qui force l’admiration. Atteint de spondylarthrite ankylosante, une pathologie dégénérative touchant près de 200 000 personnes en France, il ne se contente pas de défier sa maladie : il porte son fight jusqu’aux portes de l’Assemblée nationale, plaidant pour une société plus inclusive. Son histoire, capturée dans le documentaire Spondyfight, est une leçon de résilience et d’engagement.
De Beuzeville à l’Assemblée : Un Parcours Hors Norme
Anthony Boscher n’est pas un homme ordinaire. Originaire de Deauville, cet ancien agent territorial a passé des années à s’entraîner dans un club de boxe à Levallois-Perret. Mais la spondylarthrite ankylosante, une maladie inflammatoire qui rigidifie la colonne vertébrale et provoque des douleurs chroniques, a bouleversé sa vie. Loin de s’avouer vaincu, il a transformé son combat personnel en une croisade pour sensibiliser à cette pathologie souvent méconnue.
Son dernier combat sur le ring, en juin 2023, n’était pas seulement un défi physique. Face à un jeune boxeur également atteint de la maladie, Anthony a boxé pour prouver que la spondylarthrite n’a pas le dernier mot. Ce match, d’une intensité rare, s’est soldé par une commotion cérébrale et un séjour à l’hôpital. Pourtant, pour lui, l’enjeu était ailleurs : montrer que la maladie est un adversaire qu’on peut affronter, à condition de ne jamais baisser les bras.
« Ce combat, c’était pour parler de la maladie, pour porter la voix de ceux qu’on n’entend pas. » – Anthony Boscher
Spondyfight : Un Documentaire qui Fait du Bruit
De ce combat est né Spondyfight, un documentaire réalisé par Florent Zelmire, diffusé depuis juin 2024 dans plusieurs salles de Normandie. Ce film ne se contente pas de raconter l’histoire d’Anthony : il met en lumière les défis quotidiens des personnes atteintes de handicaps invisibles. À travers des images brutes et des témoignages poignants, il donne une voix à ceux qui luttent dans l’ombre.
Le documentaire a rapidement dépassé les frontières de la Normandie. Projeté dans des festivals, soutenu par des associations en France et à l’étranger, il a même attiré l’attention de la classe politique. En mars 2025, Spondyfight a été présenté dans une salle de l’Assemblée nationale, un moment symbolique pour Anthony. Mais cet événement a aussi révélé une réalité troublante : l’accessibilité des lieux publics reste un combat à part entière.
Un Incident Révélateur à l’Assemblée Nationale
Lors de la projection à l’Assemblée nationale, une personne en fauteuil roulant s’est vue refuser l’accès à la salle audiovisuelle, faute d’aménagements adaptés. Cet incident, loin d’être anodin, a profondément marqué Anthony. En préambule de la projection, il a tenu à rendre hommage à cette personne, dénonçant l’ironie d’exclure quelqu’un en situation de handicap lors d’un événement consacré à cette cause.
Refusant de rester silencieux, Anthony a adressé une lettre à la présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet. Sa démarche a porté ses fruits : dans une réponse datée du 11 avril 2025, la présidente a reconnu les lacunes en matière d’accessibilité et s’est engagée à y remédier.
« Dans trois ans, il sera possible à l’ensemble des citoyens d’accéder à tous les espaces de l’Assemblée nationale, quelle que soit leur situation de handicap. »
Yaël Braun-Pivet, présidente de l’Assemblée nationale
Cet engagement, bien que salué par Anthony, met en lumière un délai encore trop long pour répondre aux exigences d’une société inclusive. Trois ans, c’est une éternité pour ceux qui se heurtent quotidiennement aux barrières architecturales.
Un Combat pour l’Inclusion et la Sensibilisation
Pour Anthony, l’incident à l’Assemblée nationale n’est qu’une étape dans son combat plus large. À la tête de son association, il multiplie les initiatives pour faire connaître la spondylarthrite ankylosante et défendre les droits des personnes handicapées. Son objectif ? Changer les mentalités et pousser les décideurs à agir.
Voici les principales actions menées par son association :
- Diffusion de Spondyfight : Le documentaire est projeté dans des festivals, des salons, et même au Sénat avant la fin de l’année 2025.
- Partenariats associatifs : Collaboration avec des organisations en France et à l’international, notamment en Suisse.
- Sensibilisation médiatique : Une diffusion prévue sur BFM Normandie le 4 mai 2025, à l’occasion de la Journée mondiale de la spondylarthrite ankylosante.
- Soutien aux malades : Projet de création d’une ligne d’écoute pour les patients et leurs proches, prévue pour l’été 2025.
Chaque initiative est une manière de rappeler que la maladie, bien que lourde, ne définit pas une personne. Anthony incarne cette philosophie : malgré les douleurs et les limites imposées par la spondylarthrite, il continue de se battre, non pas pour lui seul, mais pour tous ceux qui partagent son combat.
Du Ring au Vélo : Une Nouvelle Façon de Lutter
La boxe, trop risquée pour son état de santé, a dû céder la place à d’autres activités. Aujourd’hui, Anthony pratique le vélo d’appartement et la marche, des exercices qui lui permettent de rester actif tout en préservant son corps. Cette transition n’est pas un abandon, mais une adaptation. Comme il le dit lui-même, « on ne lâche rien ».
Ce changement de cap illustre une réalité souvent méconnue : vivre avec une maladie chronique demande une résilience constante. Chaque jour est un combat pour trouver un équilibre entre les contraintes physiques et les aspirations personnelles. Pourtant, Anthony ne se plaint pas. Au contraire, il canalise son énergie dans son association, avec l’espoir d’apporter du soutien et de l’espoir à d’autres.
Défi | Action d’Anthony |
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Manque de visibilité de la spondylarthrite | Création et diffusion du documentaire Spondyfight |
Inaccessibilité des lieux publics | Plaidoyer auprès de l’Assemblée nationale |
Isolement des malades | Projet de ligne d’écoute pour les patients |
Un Héritage de Résilience
L’histoire d’Anthony Boscher est bien plus qu’un récit de lutte contre la maladie. C’est une ode à la persévérance, à la capacité de transformer la douleur en force et l’adversité en action. En portant son combat sur le ring, dans les salles de cinéma et jusqu’aux couloirs de l’Assemblée nationale, il montre que les barrières, qu’elles soient physiques ou sociales, peuvent être surmontées.
Son engagement rappelle une vérité essentielle : l’inclusion ne se décrète pas, elle se construit. Chaque projection de Spondyfight, chaque échange avec un décideur politique, chaque appel répondu par son association est une brique dans cet édifice. Et si le chemin est encore long, Anthony Boscher prouve qu’avec du courage et de la détermination, il est possible de faire bouger les lignes.
Alors, la prochaine fois que vous entendrez parler de spondylarthrite ankylosante, pensez à Anthony. Pensez à cet homme qui, malgré les coups durs, continue de se battre, non pas pour la gloire, mais pour un monde où personne ne sera laissé au bord du ring.