Tomber malade était un véritable calvaire pour les détenus des sinistres prisons syriennes sous le régime de Bachar al-Assad. Selon les témoignages glaçants d’anciens prisonniers, être admis dans un hôpital militaire ne signifiait pas échapper aux tortures, bien au contraire. Battus, maltraités, certains laissés pour morts… Plongée dans l’enfer des hôpitaux de la terreur en Syrie.
Saydnaya, prison de tous les supplices
Mohammad Najib, 31 ans, a cru voir une lueur d’espoir lorsqu’il a dû être transféré de la terrible prison de Saydnaya vers l’hôpital militaire en raison de son état de santé. Mais le jeune homme, qui peut à peine marcher à cause des sévices subis, raconte que les passages à tabac continuaient de plus belle :
Je détestais venir ici. Ils nous frappaient tout le temps, et parce que je pouvais difficilement marcher, ils me frappaient encore plus.
Malgré des symptômes de tuberculose, les gardes lui interdisaient de mentionner ses douleurs au dos, conséquences directes de la torture. Les médecins fermaient les yeux. Mohammad n’a ainsi jamais reçu de traitement approprié. Aujourd’hui libéré, il garde les séquelles de ce calvaire, avec une bosse de la taille d’une balle de tennis dans le bas du dos.
Battus à mort sous le regard des médecins
Selon plusieurs témoignages, les mauvais traitements étaient monnaie courante dans les hôpitaux militaires syriens comme celui de Techrine, le plus grand de la capitale Damas. D’après un expert de l’ONU, certains médecins participaient même aux interrogatoires et à la torture, allant jusqu’à refuser de soigner les détenus.
D’anciens prisonniers racontent l’horreur. Avant un transfert à l’hôpital, deux médecins militaires « examinaient » les détenus. L’un d’eux n’hésitait pas à les rouer de coups, parfois jusqu’à la mort. Pendant les trajets, le calvaire continuait, les gardes redoublant de violence.
« Nettoie-le » : la cruelle injonction
Omar al-Masri, 39 ans, a vécu une expérience traumatisante dans la prison de l’hôpital Techrine. Alors qu’il attendait son tour, un garde lui a ordonné de « nettoyer » un codétenu gravement malade. Omar s’est exécuté, essuyant le visage et le corps de l’homme. Mais le garde a répété : « Nettoie-le ».
Le prisonnier a rendu son dernier souffle entre mes bras. Quand j’ai prévenu le garde, il m’a répondu « Bravo ». J’ai alors compris qu’il voulait que je le tue.
Le silence imposé au personnel
Selon un médecin civil de l’hôpital Techrine, le personnel avait pour consigne de limiter au maximum les échanges avec les détenus. Interdiction de leur demander leur nom ou d’en apprendre plus sur eux. Les blessures et sévices devaient rester sous silence.
Un autre ancien prisonnier, Oussama Abdel Latif, confie avoir eu les côtes cassées à force de passages à tabac. Transféré à l’hôpital militaire 4 mois après, il a dû entasser avec d’autres les corps sans vie de 3 codétenus dans le véhicule qui les amenait, puis les décharger à l’arrivée.
J’ai été emprisonné pendant cinq ans, mais 250 ans ne suffiraient pas pour parler de toutes ces souffrances.
L’horreur enfin révélée, la justice attendue
Avec la chute du régime de Bachar al-Assad le 8 décembre, l’ampleur des exactions commises dans les prisons et hôpitaux commence à être révélée au grand jour. Tortures systématiques, exécutions extrajudiciaires, disparitions… L’ancien dictateur a laissé derrière lui un lourd passif de violations des droits humains.
Si les principaux bourreaux ont fui, les victimes, elles, réclament justice. Beaucoup comme Mohammad, Omar ou Oussama portent dans leur chair et leur âme les stigmates de l’enfer vécu entre les murs des hôpitaux de la terreur. Leurs témoignages sont essentiels pour que la vérité éclate et que les coupables répondent enfin de leurs actes.
Un autre ancien prisonnier, Oussama Abdel Latif, confie avoir eu les côtes cassées à force de passages à tabac. Transféré à l’hôpital militaire 4 mois après, il a dû entasser avec d’autres les corps sans vie de 3 codétenus dans le véhicule qui les amenait, puis les décharger à l’arrivée.
J’ai été emprisonné pendant cinq ans, mais 250 ans ne suffiraient pas pour parler de toutes ces souffrances.
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Si les principaux bourreaux ont fui, les victimes, elles, réclament justice. Beaucoup comme Mohammad, Omar ou Oussama portent dans leur chair et leur âme les stigmates de l’enfer vécu entre les murs des hôpitaux de la terreur. Leurs témoignages sont essentiels pour que la vérité éclate et que les coupables répondent enfin de leurs actes.