De violents affrontements entre factions armées soutenues par la Turquie et forces kurdes syriennes se sont intensifiés ces derniers jours dans le nord de la Syrie, faisant plus d’une centaine de morts des deux côtés selon des sources sur le terrain. Cette escalade meurtrière soulève l’inquiétude quant à la stabilité de la région.
Un lourd bilan humain
D’après un observatoire indépendant qui suit de près l’évolution du conflit syrien, les combats acharnés qui se sont déroulés depuis vendredi soir aux alentours de la ville stratégique de Manbij ont coûté la vie à 101 combattants :
- 85 membres des factions syriennes proturques
- 16 combattants des Forces démocratiques syriennes (FDS) dominées par les Kurdes
Cette intensification des hostilités survient alors même que les FDS tentent de repousser les attaques incessantes lancées par les groupes rebelles soutenus par la Turquie. Ces derniers bénéficient d’un appui conséquent en termes de drones et d’aviation de la part d’Ankara.
La Turquie vise les bastions kurdes
Profitant d’un contexte régional instable marqué par l’offensive de groupes rebelles islamistes contre le régime de Bachar Al-Assad fin novembre, les factions proturques ont intensifié leur pression militaire sur les zones contrôlées par les Forces démocratiques syriennes. Elles sont récemment parvenues à s’emparer des villes de Manbij et Tal Rifaat dans le nord de la province d’Alep.
Mais l’objectif de la Turquie et de ses alliés syriens va bien au-delà. Selon des analystes, Ankara ambitionne de prendre le contrôle de villes majeures telles que Kobani, Tabaqa et Raqqa, afin in fine de chasser les FDS de l’ensemble des territoires qu’elles administrent dans le nord-est syrien et une partie de l’est du pays.
La Turquie considère les FDS comme une extension de son ennemi juré, le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK). C’est pourquoi son armée cible régulièrement les combattants kurdes en Syrie et en Irak voisin.
Une source diplomatique sous couvert d’anonymat
L’avenir incertain des forces kurdes
Alors que le nouveau dirigeant syrien issu des rangs des rebelles islamistes a affirmé que les FDS devraient être intégrées à la future armée syrienne, l’avenir des forces kurdes apparaît très incertain. Affaiblies par les offensives turques à répétition, elles font face à une pression croissante sur leurs bastions.
La communauté internationale craint qu’une marginalisation des Kurdes syriens, qui ont joué un rôle clé dans la lutte contre l’organisation État islamique, ne déstabilise davantage une région déjà meurtrie par des années de guerre. Une issue politique inclusive apparaît plus que jamais nécessaire pour sortir le pays de l’engrenage des violences.
Alors que les combats se poursuivent dans le nord syrien, faisant craindre de nouveaux bilans humains élevés, la question kurde s’impose une fois de plus comme l’un des principaux défis à relever pour l’avenir de la Syrie. Entre aspirations à l’autonomie, menace sécuritaire brandie par la Turquie et recomposition des équilibres sur le terrain, le chemin vers une paix durable apparaît encore long et semé d’embûches.