Alors que l’échéance approchait dangereusement, les élus démocrates et républicains au Congrès américain sont finalement parvenus mardi à un accord budgétaire de dernière minute. Ce compromis permettra de financer les opérations de l’État fédéral jusqu’à la mi-mars 2023 et d’éviter ainsi la tant redoutée paralysie des services publics, plus communément appelée « shutdown ». Une issue qui semblait pourtant inéluctable à l’approche des fêtes de fin d’année.
Cet accord, âprement négocié par les deux partis, doit maintenant être adopté par la Chambre des représentants à majorité républicaine avant d’être transmis au Sénat. Les sénateurs devraient à leur tour se prononcer d’ici la fin de la semaine. Le texte prendra ensuite la direction du Bureau ovale pour être signé par le président Joe Biden et ainsi entrer en vigueur.
Une course contre la montre pour éviter le « shutdown »
Le temps presse car le Congrès n’a que jusqu’à vendredi minuit pour adopter une loi de finances, même temporaire. Sans cela, les États-Unis se retrouveraient dans une situation de blocage budgétaire, avec des conséquences désastreuses :
- Des centaines de milliers de fonctionnaires seraient placés en chômage technique
- De nombreuses aides sociales seraient gelées
- Certaines crèches et écoles devraient fermer leurs portes
Un scénario cauchemardesque dont personne ne veut, surtout à l’approche de Noël. La paralysie des services publics est en effet très impopulaire auprès des Américains.
Un sujet de discorde récurrent
Le financement de l’État fédéral est régulièrement source de contentieux et de bras de fer politiques aux États-Unis. Des dissensions se font même jour au sein du parti républicain, où s’opposent les conservateurs modérés et une frange plus radicale, proche de Donald Trump, partisane d’une cure d’austérité drastique.
Les démocrates se sont quant à eux félicités d’avoir obtenu dans cet accord plus de 100 milliards de dollars d’aide d’urgence, notamment pour la reconstruction après les récentes catastrophes naturelles comme les ouragans et incendies.
Les enjeux des prochains mois
Mais cette trêve budgétaire n’est que de courte durée. Dès janvier, les républicains reprendront le contrôle du Sénat, tandis que Donald Trump fera son retour à la Maison Blanche le 20 janvier. Le parti du président fraîchement élu aura alors les coudées franches pour imposer son programme au Congrès, avec des priorités très éloignées de celles des démocrates :
- Expulsions massives de migrants
- Soutien accru à l’industrie pétrolière
- Baisses d’impôts pour les plus aisés
Autant de sujets explosifs qui ne manqueront pas de raviver les tensions budgétaires. Les démocrates, bien que minoritaires, tenteront de s’opposer à ce qu’ils considèrent comme un démantèlement des services publics et de l’État social. De nouvelles impasses politiques se profilent donc à l’horizon.
Cet accord budgétaire in extremis n’est donc qu’un sursis temporaire dans un contexte de polarisation politique extrême. Les États-Unis n’en ont sans doute pas fini avec les menaces de « shutdown ». En attendant, les Américains peuvent souffler et profiter de leurs services publics pendant les fêtes. Mais jusqu’à quand ?