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À Tassin-la-Demi-Lune, la Justice Tranche en Faveur des Menus Alternatifs Dans les Cantines

Depuis 2016, la mairie LR de Tassin-la-Demi-Lune imposait un menu unique dans les cantines scolaires, sans alternative. Des parents d'élèves contestaient cette décision, la jugeant discriminante. Fin octobre, la justice leur a donné raison. Retour sur une polémique locale qui soulève de grandes questions sur la laïcité et le vivre-ensemble.

Depuis 2016, la ville de Tassin-la-Demi-Lune, dans le Rhône, appliquait un menu unique dans ses cantines scolaires. Une politique contestée par certains parents d’élèves, qui réclamaient des menus alternatifs pour les enfants ne mangeant pas de porc ou de viande. Fin octobre, le tribunal administratif de Lyon leur a donné raison, enjoignant la mairie de proposer des substituts aux plats principaux. Une décision qui ravive le débat sur la laïcité à l’école et le “vivre-ensemble”.

Un menu unique “conforme à la laïcité” selon le maire

En 2016, Pascal Charmot, le maire LR de Tassin-la-Demi-Lune, instaurait un menu unique dans les cantines scolaires de sa commune de 21 800 habitants. Une décision motivée, selon lui, par la volonté de se “conformer à la laïcité” et par des raisons logistiques dans la fabrication des repas.

Concrètement, les élèves n’avaient plus le choix qu’entre le plat du jour, avec ou sans sa garniture de légumes. Ceux qui ne souhaitaient pas manger le plat principal, qu’il contienne du porc ou de la viande, devaient se contenter de l’accompagnement. Une situation inacceptable pour certains parents.

Des parents dénoncent une mesure “discriminante”

Anissa Mezhoud, mère de trois enfants scolarisés à Tassin et membre d’un collectif de parents d’élèves, a décidé d’attaquer la décision en justice. Pour cette mère de confession musulmane, le menu unique est une politique “discriminante” imposée au nom d’une “laïcité galvaudée”. Une pétition lancée par son collectif “Vivre ensemble à Tassin” a récolté plus de 1500 signatures.

«On ne peut pas mettre dans l’assiette d’un enfant de trois ans du porc ou de la viande alors qu’il n’en mange pas et que c’est contraire à certaines convictions, qu’elles soient religieuses ou philosophiques, je parle du végétarisme, par exemple. »

Anissa Mezhoud, parent d’élève

Le collectif insiste sur le fait que sa demande n’est pas un “vœu communautaire”, mais une volonté de permettre à tous les enfants de manger ensemble, quelles que soient leurs convictions.

La justice donne raison aux parents

Le 27 octobre, ces parents ont déposé un recours gracieux contre la décision du maire. Et à la fin du mois, le tribunal administratif de Lyon leur a donné gain de cause, enjoignant la mairie de Tassin à proposer des menus de substitution.

Une décision saluée comme “un soulagement” par Anissa Mezhoud. Mais côté municipalité, Pascal Charmot dénonce un “jugement très politique” et une “immixtion violente du juge dans la gestion des affaires communales”. L’élu assure qu’il va faire appel.

Au cœur du débat, la place de la religion à l’école

Au-delà du cas de Tassin-la-Demi-Lune, cette polémique illustre la crispation croissante autour de la question de la laïcité à l’école et dans l’espace public. Pour les partisans d’une laïcité stricte, l’école publique et la cantine doivent être des espaces neutres où la religion n’a pas sa place. Proposer des menus alternatifs reviendrait à faire une entorse à ce principe et à céder à des revendications communautaires.

À l’inverse, les tenants d’une laïcité plus souple estiment que la prise en compte des convictions religieuses ou philosophiques, tant qu’elle reste raisonnable, est une condition du “vivre-ensemble”. Plutôt que d’exclure, l’école devrait favoriser l’intégration de tous en s’adaptant à la diversité des publics accueillis. Un équilibre difficile à trouver, comme le montre ce conflit autour des cantines scolaires, qui ne risque pas d’être le dernier.

Au-delà du cas de Tassin-la-Demi-Lune, cette polémique illustre la crispation croissante autour de la question de la laïcité à l’école et dans l’espace public. Pour les partisans d’une laïcité stricte, l’école publique et la cantine doivent être des espaces neutres où la religion n’a pas sa place. Proposer des menus alternatifs reviendrait à faire une entorse à ce principe et à céder à des revendications communautaires.

À l’inverse, les tenants d’une laïcité plus souple estiment que la prise en compte des convictions religieuses ou philosophiques, tant qu’elle reste raisonnable, est une condition du “vivre-ensemble”. Plutôt que d’exclure, l’école devrait favoriser l’intégration de tous en s’adaptant à la diversité des publics accueillis. Un équilibre difficile à trouver, comme le montre ce conflit autour des cantines scolaires, qui ne risque pas d’être le dernier.

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