Imaginez un territoire où, depuis plus de deux mois, aucun camion d’aide humanitaire n’a franchi les frontières. À Gaza, 2,4 millions de personnes, dont la plupart ont été déplacées à plusieurs reprises, survivent dans des conditions extrêmes, privées de nourriture, d’eau potable et de médicaments. Alors qu’une nouvelle initiative soutenue par les États-Unis promet de distribuer des repas, l’ONU refuse de s’y associer, invoquant un manque d’impartialité. Pourquoi ce refus, et quelles sont les implications pour les habitants de Gaza ? Plongeons dans une crise humanitaire complexe, où les tensions diplomatiques et les principes éthiques s’entrelacent.
Une Crise Humanitaire Sans Précédent
Depuis le 2 mars 2025, les autorités israéliennes bloquent l’entrée de toute aide humanitaire à Gaza, plongeant l’enclave dans une situation alarmante. Les organisations non gouvernementales (ONG) comme Médecins sans frontières et Oxfam tirent la sonnette d’alarme : une famine de masse menace la population. Les 2,4 millions d’habitants, dont beaucoup vivent dans des abris de fortune, font face à des pénuries critiques de nourriture, de carburant et de médicaments.
« Les habitants de Gaza sont confrontés à une punition collective cruelle. »
Responsable d’une ONG internationale
Ce blocus, qui dure depuis plus de dix semaines, a exacerbé une crise déjà aiguë après 19 mois de conflit. Les bombardements, les déplacements forcés et la destruction des infrastructures ont laissé la population dans une vulnérabilité extrême. Les enfants, les femmes enceintes et les personnes âgées sont particulièrement touchés, avec des rapports signalant une augmentation des maladies liées à la malnutrition.
Une Nouvelle Fondation Émerge
Face à cette catastrophe, une initiative inédite a vu le jour : la Fondation humanitaire de Gaza (GHF), enregistrée à Genève en février 2025. Cette organisation, soutenue publiquement par les États-Unis, ambitionne de distribuer près de 300 millions de repas sur une période de 90 jours, avec un démarrage prévu d’ici la fin mai. Cependant, peu d’informations circulent sur ses fondateurs, son financement ou ses méthodes opérationnelles.
Si l’annonce de la GHF a suscité un espoir initial, elle a rapidement soulevé des questions. Qui finance cette fondation ? Comment compte-t-elle opérer dans un territoire sous blocus ? Et surtout, pourquoi l’ONU, acteur clé de l’aide humanitaire mondiale, refuse-t-elle de s’associer à ce projet ?
L’ONU Dit Non : Les Raisons d’un Refus
Le porte-parole de l’ONU, Farhan Haq, a été clair : l’organisation ne participera pas à la distribution d’aide orchestrée par la GHF. La raison ? Ce plan ne respecte pas les principes fondamentaux de l’aide humanitaire : impartialité, neutralité et indépendance. Ces valeurs, au cœur du mandat des Nations unies, garantissent que l’aide est distribuée sans discrimination, sans influence politique et sans servir d’agenda extérieur.
Le refus de l’ONU n’est pas seulement une question de principes. Il s’inscrit dans un contexte de tensions diplomatiques croissantes. Israël, qui contrôle les points d’entrée à Gaza, a exprimé son opposition au retour du système d’aide précédent, accusant l’ONU de collusion avec le Hamas. L’ambassadeur israélien à l’ONU, Danny Danon, a appelé à une révision de l’approche des Nations unies, tout en promettant de « faciliter » les opérations de la GHF, sans toutefois la financer.
De leur côté, les États-Unis affichent une position ambivalente. Le secrétaire d’État américain, Marco Rubio, a déclaré être « ouvert à un plan alternatif » pour acheminer l’aide, tout en exprimant des préoccupations sur la situation humanitaire à Gaza. Cette posture reflète une volonté de maintenir un rôle actif dans la région, tout en évitant une implication trop directe.
« Nous voulons une solution qui fonctionne pour les habitants de Gaza, pas pour les agendas politiques. »
Représentant américain
Un Plan Alternatif : La Proposition de l’ONU
L’ONU n’est pas restée passive face à la crise. Farhan Haq a rappelé que l’organisation dispose d’un plan « excellent », prêt à être déployé dès que les autorités israéliennes autoriseront l’entrée des convois humanitaires. Actuellement, des camions transportant 171 000 tonnes de nourriture attendent à la frontière, bloqués par les restrictions imposées.
Ce plan repose sur un réseau bien établi de partenaires locaux et internationaux, garantissant une distribution équitable. Cependant, il nécessite une coopération avec les autorités israéliennes, qui exigent des inspections strictes pour empêcher que l’aide ne profite à des groupes armés. Ce point de friction reste un obstacle majeur.
Plan de l’ONU | Plan de la GHF |
---|---|
Distribution via partenaires locaux, respect des principes humanitaires. | Distribution centralisée, peu de détails sur les modalités. |
171 000 tonnes de nourriture prêtes à entrer. | 300 millions de repas sur 90 jours. |
Les Conséquences pour la Population
Pendant que les débats diplomatiques s’enlisent, la situation à Gaza se détériore. Les habitants, déjà éprouvés par 19 mois de guerre, font face à des conditions de vie inhumaines. Les rapports des ONG décrivent des familles contraintes de manger des feuilles ou des aliments avariés pour survivre. Les hôpitaux, à court de carburant, ne peuvent plus faire fonctionner leurs générateurs, mettant en danger les patients.
Les enfants sont les plus vulnérables. Selon un rapport récent, plus de 50 % des enfants de Gaza souffrent de malnutrition aiguë. Les femmes enceintes, privées de soins médicaux, accouchent dans des conditions précaires, avec un risque accru de complications.
Chiffres clés de la crise :
- 2,4 millions d’habitants touchés.
- 171 000 tonnes de nourriture bloquées.
- 50 % des enfants en malnutrition aiguë.
Vers une Issue Possible ?
La crise humanitaire à Gaza ne peut être résolue sans une volonté politique concertée. L’ONU insiste sur la réouverture des points d’entrée pour permettre la reprise des distributions. De son côté, la GHF, malgré les critiques, pourrait jouer un rôle complémentaire si elle parvient à gagner la confiance des acteurs humanitaires.
Les pressions internationales s’intensifient. Des manifestations dans plusieurs capitales appellent à une action immédiate pour mettre fin au blocus. Les ONG, quant à elles, continuent de plaider pour une solution qui place les besoins des habitants au-dessus des considérations politiques.
Que Peut-On Faire ?
Face à une crise d’une telle ampleur, chaque geste compte. Les citoyens peuvent soutenir les ONG actives à Gaza en faisant des dons ou en relayant leurs appels. Sensibiliser son entourage à la situation est également crucial pour maintenir la pression sur les décideurs politiques.
Agir maintenant :
- Faire un don à une ONG reconnue.
- Partager des informations fiables sur les réseaux sociaux.
- Participer à des campagnes de sensibilisation.
La crise à Gaza est un test pour la communauté internationale. Alors que les habitants luttent pour leur survie, les divergences politiques ne doivent pas primer sur l’urgence humanitaire. L’histoire jugera les acteurs d’aujourd’hui sur leur capacité à agir avec humanité et solidarité.