ActualitésPolitique

Des Cadres du RN Jugés pour Discrimination à Nanterre

Des cadres du RN sont jugés à Nanterre pour complicité de provocation à la discrimination, 10 ans après la publication d'un guide controversé prônant la "priorité nationale". Retour sur une affaire qui refait surface à l'aube des législatives...

Alors que la campagne des élections législatives anticipées bat son plein, c’est un procès embarrassant qui s’ouvre ce mardi pour plusieurs cadres du Rassemblement national. Steeve Briois, maire RN d’Hénin-Beaumont, Marie-Thérèse Costa-Fesenbeck, adjointe à Perpignan, et l’ex-secrétaire nationale Sophie Montel sont jugés à Nanterre pour complicité de provocation à la discrimination. Les faits remontent à 2014, mais l’affaire refait surface à un moment clé pour le parti d’extrême droite.

Retour sur le “Guide de l’Élu FN”

Au cœur des poursuites, la publication en 2014 d’un “Petit guide pratique de l’élu municipal Front national” à destination des candidats aux municipales. Ce document, préfacé par Steeve Briois alors secrétaire général du FN, prônait l’application de la “priorité nationale” dans l’accès aux logements sociaux. Une recommandation jugée discriminatoire par plusieurs associations antiracistes qui ont porté plainte.

L’idée du FN c’est de mettre en place la ségrégation en France en se débarrassant de l’égalité au détriment des étrangers et immigrés.

– Me Slim Ben Achour, avocat de La Maison des Potes

Pour la défense, il n’y a “aucune infraction de provocation à la haine” et il s’agit d’une “tentative de criminaliser une opinion”. Mais pour les parties civiles, ce guide est la preuve d’une idéologie d’exclusion portée par l’extrême droite.

Une affaire qui resurgit en pleine campagne

Si les faits datent d’il y a 10 ans, leur examen par la justice tombe à point nommé, en plein lancement de la campagne des législatives. La “priorité nationale”, renommée “préférence nationale”, reste un marqueur du programme du RN. Marine Le Pen l’a réaffirmée à plusieurs reprises pendant la présidentielle.

Ce procès est l’occasion pour les opposants de dénoncer la “vraie nature” d’un parti qui tente de lisser son image. Le RN dénonce lui une “tentative de criminaliser une opinion” soumise au vote des électeurs. Un débat de fond à quelques jours d’un scrutin crucial.

Le poids de l’affaire pour les principaux prévenus

Parmi les mis en cause, Steeve Briois est une figure du Rassemblement national. Maire d’Hénin-Beaumont depuis 2014, il a contribué à y ancrer durablement le parti. Son implication au premier plan dans cette affaire pourrait fragiliser son positionnement.

Sophie Montel, auteure présumée du guide quand elle était responsable des élus FN, a depuis quitté le parti. Mais ce procès la rattrape et rappelle son passé au sein de l’extrême droite alors qu’elle tente de se reconvertir.

Les enjeux politiques et juridiques

Au-delà des cas individuels, c’est la responsabilité du parti qui est questionnée à travers ce procès. Même si Marine Le Pen n’est pas poursuivie, un jugement reconnaissant un caractère discriminatoire au “Guide de l’élu FN” serait un coup dur pour sa formation à un moment charnière.

Juridiquement, les infractions de provocation à la discrimination ou de complicité sont passibles de lourdes peines. Les prévenus risquent jusqu’à 5 ans d’emprisonnement et 45 000 euros d’amende. Le procès devrait durer plusieurs jours avant une décision très attendue.

Cette affaire met en lumière la difficile mue du RN, tiraillé entre une ligne traditionnelle décomplexée et une volonté d’affichage plus respectable. A quelques jours du premier tour des législatives, le parti aurait sans doute préféré faire l’économie de ce procès embarrassant.

Passionné et dévoué, j'explore sans cesse les nouvelles frontières de l'information et de la technologie. Pour explorer les options de sponsoring, contactez-nous.