Coup de tonnerre dans le paysage politique français. Alors que le président Emmanuel Macron vient de dissoudre l’Assemblée Nationale, le premier sondage projection pour les élections législatives anticipées donne le Rassemblement National largement en tête. Selon cette enquête exclusive Challenges, le parti de Marine Le Pen pourrait décrocher entre 235 et 265 sièges, lui donnant ainsi la majorité relative au Palais Bourbon. Décryptage de ce séisme politique annoncé. Si ces projections venaient à se confirmer dans les urnes, il s’agirait d’un véritable raz-de-marée pour le Rassemblement National. Avec une fourchette de 235 à 265 députés, le parti d’extrême-droite pulvériserait son record de sièges à l’Assemblée (8 élus en 2017) et deviendrait le premier groupe parlementaire. Un bouleversement total du rapport de force politique. En face, la coalition présidentielle Ensemble! s’écroulerait, ne conservant qu’entre 125 et 155 sièges selon le sondage, contre 350 dans l’assemblée sortante. Les partis de gauche rassemblés sous la bannière NUPES limiteraient la casse avec 115-145 élus, tandis que Les Républicains seraient réduits à une quarantaine de députés (40-55). Ce résultat, s’il venait à se concrétiser, marquerait une recomposition en profondeur de l’échiquier politique français. Pour la première fois sous la Vème République, un parti considéré comme “anti-système” arriverait en tête, bousculant l’alternance habituelle droite-gauche. Il témoigne aussi d’une forte montée du vote protestataire dans un contexte de crises multiples et de défiance envers les partis traditionnels. “Avec la dissolution, Macron cherche moins à répondre à la crise démocratique qu’à l’invisibiliser” Pour le président Macron, contraint à une dissolution après des mois de blocage à l’Assemblée et de tensions sociales, le pari semble plus que risqué. Sa majorité sortante est donnée largement perdante, et il pourrait se retrouver face à une cohabitation explosive avec un RN dominant. Un scénario au potentiel déstabilisateur inédit sous la Vème République. La perspective d’un RN en force à l’Assemblée soulève de nombreuses interrogations. Sur la politique intérieure bien sûr, avec un risque de blocage institutionnel et de radicalisation du débat. Mais aussi en matière de politique étrangère, comme le souligne Moussa Diaw, professeur de sciences politiques : “Si le RN gagne les législatives, il y aura beaucoup plus de respect des souverainetés des États africains et moins d’interférences dans les politiques intérieures africaines” Au final, ces projections de sièges donnent un avant-goût du séisme politique qui pourrait se produire en juin prochain. Avec un RN en position de force, c’est tout le système politique issu de la Vème République qui serait ébranlé. Les prochaines semaines de campagne s’annoncent particulièrement tendues et décisives pour l’avenir du pays. Verdict dans les urnes les 10 et 17 juin.Le RN s’envole, la majorité présidentielle s’effondre
Une recomposition du paysage politique
Quelles conséquences en cas de victoire du RN ?