ActualitésInternational

Bangladesh : La Lutte Contre les Violences Faites aux Femmes

Les étudiantes du Bangladesh se révoltent contre les violences islamistes. Menaces, harcèlement : jusqu’où ira leur combat pour la liberté ?

Imaginez-vous attendre le métro, tranquillement, quand un inconnu vous interpelle pour critiquer vos vêtements. Au Bangladesh, ce scénario n’a rien d’hypothétique pour des milliers d’étudiantes. Depuis des mois, les campus, notamment celui de l’université de Dacca, vibrent d’une colère sourde. Les violences contre les femmes, souvent attribuées à un regain d’influence islamiste, enflamment les débats et poussent la jeunesse à redescendre dans la rue, sept mois après avoir renversé un régime autoritaire.

Un Combat Né des Cendres d’une Révolution

Retour en arrière : l’été 2024 a marqué un tournant. Une réforme des quotas pour les emplois publics a mis le feu aux poudres. Ce qui a débuté comme une grogne estudiantine s’est transformé en un soulèvement national, chassant l’ancienne Première ministre, surnommée la « bégum de fer », vers l’exil. Mais la victoire a un goût amer. Alors qu’un gouvernement intérimaire tente de stabiliser le pays, des forces conservatrices refont surface, ciblant particulièrement les femmes.

Des Campus Sous Tension

À Dacca, les amphithéâtres ne désemplissent pas, mais pas pour les cours. Les étudiantes dénoncent une vague de harcèlement. Une jeune femme raconte avoir été menacée après avoir refusé de porter son voile selon les attentes d’un camarade. Son agresseur, arrêté, a vite été relâché sous la pression de ses soutiens. Depuis, elle vit un calvaire, submergée de messages haineux sur les réseaux sociaux.

« Je ne peux pas compter les menaces de viol ou de mort que j’ai reçues. »

– Une étudiante anonyme

Ce cas n’est pas isolé. Une autre témoigne avoir été entourée par un groupe d’hommes intimidants, simplement pour être sortie sans voile. Ces incidents, loin d’être anecdotiques, révèlent une montée des pressions religieuses sur les campus, où la liberté des femmes est remise en question.

Les Islamistes dans l’Ombre

Après des années de répression sous l’ancien régime, les groupes islamistes saisissent l’opportunité du chaos politique. Rassemblements interdits, intimidations publiques : leur présence se fait sentir. Le chef du gouvernement provisoire, un Nobel de la paix, a lui-même alerté sur ces « forces qui s’opposent aux femmes ». Mais pour beaucoup, ses mots sonnent creux face à l’inaction.

Une figure associative déplore : les autorités oscillent entre déni et excuses, pointant du doigt l’héritage de l’ancienne dirigeante. Pendant ce temps, les actes se multiplient. Deux femmes harcelées pour avoir fumé dans la rue, des matches de football féminin annulés sous pression : la liste s’allonge, et la peur grandit.

Une Société sous Surveillance

Le quotidien des femmes bangladaises devient un champ de bataille. Une actrice célèbre a brisé le silence sur les réseaux, s’interrogeant sur ces restrictions déguisées en morale religieuse. Que ce soit dans la rue, sur les terrains de sport ou dans les espaces publics, les interdits s’accumulent. Même fumer une cigarette peut déclencher une altercation.

  • Harcèlement pour tenue jugée inappropriée.
  • Annulation d’événements sportifs féminins.
  • Pressions sur les actrices pour limiter leur visibilité.

Face à cela, les autorités peinent à réagir. Un numéro d’urgence a bien été mis en place, enregistrant déjà plus de 1 500 appels en un mois. Mais les chiffres officiels minimisent encore l’ampleur du problème, laissant les victimes dans l’incertitude.

Le Gouvernement Face au Défi

Le ministre de l’Information promet une répression ferme contre toute forme de justice autoproclamée. Pourtant, les critiques fusent. Une militante historique accuse le pouvoir de rester passif, tandis qu’une opposante politique fustige le laxisme face aux foules qui imposent leurs lois. Le constat est unanime : les belles paroles ne suffisent plus.

Chiffre clé : En janvier, 1 506 interventions policières ont été recensées pour des violences contre des femmes.

Ce mutisme relatif contraste avec l’urgence ressentie sur le terrain. Les étudiantes, en première ligne, exigent des mesures concrètes pour garantir leur sécurité et leurs droits.

Une Jeunesse Désabusée

Celles qui ont cru en la révolution de l’été dernier se sentent trahies. « Tant de vies perdues pour rien », lâche une voix anonyme sur les réseaux. Le mouvement, initialement porté par l’espoir d’un avenir meilleur, se heurte aujourd’hui à une réalité brutale : la liberté conquise reste fragile, surtout pour les femmes.

Un professeur de l’université de Dacca résume l’enjeu : la révolte n’avait pas pour but de céder la place aux fondamentalistes. Pourtant, chaque incident renforce le sentiment que le gouvernement, dépassé, laisse le terrain libre à ces idéologies.

Vers une Résistance Collective ?

Face à l’inaction, la société civile s’organise. Associations féministes, étudiantes et même certaines figures publiques appellent à l’union. Leur message est clair : il faut contrer cette vague conservatrice avant qu’elle n’étouffe les progrès durement acquis. Mais la route est encore longue.

Problème Exemple Réaction
Harcèlement Critique du voile Plainte déposée
Pressions Matchs annulés Silence officiel

Le Bangladesh se trouve à un carrefour. La mobilisation des femmes, portée par une jeunesse déterminée, pourrait redéfinir l’avenir du pays. Mais sans un soutien ferme des autorités, ce combat risque de s’enliser, laissant place à une société où la peur dicte les règles.

Et vous, que feriez-vous face à une telle montée des tensions ? La réponse, pour l’instant, reste entre les mains d’un peuple qui refuse de plier.

Passionné et dévoué, j'explore sans cesse les nouvelles frontières de l'information et de la technologie. Pour explorer les options de sponsoring, contactez-nous.