Imaginez un instant : vous rentrez chez vous un soir et découvrez votre appartement sens dessus dessous. Les fenêtres explosées, la porte défoncée, des trous dans les murs… Non, vous n’avez pas été cambriolé. C’est en réalité le GIGN qui a investi les lieux, pensant y trouver des criminels. Malheureusement pour vous, il s’agit d’une erreur. Et c’est là que commence un véritable chemin de croix pour obtenir une juste indemnisation.
Un appartement saccagé et une facture de 20.000 euros
C’est exactement ce qu’a vécu Tanja Miletic, propriétaire d’un appartement à Vierzon dans le Cher. Alors que les gendarmes étaient à la recherche des ravisseurs de David Balland, un riche homme d’affaires, ils ont cru que le logement de Mme Miletic avait pu servir de planque. Résultat : un appartement dévasté et une facture de plus de 20.000 euros de réparations.
Les portes ont été forcées, deux fenêtres ont été explosées, deux volets roulants sont hors service, il y a également quelques trous dans les murs.
Tanja Miletic, victime d’une perquisition par erreur
Si les kidnappeurs ont finalement été retrouvés et les otages libérés, Tanja Miletic se retrouve avec un appartement en ruines et une addition salée à régler. Dans un premier temps, elle a dû avancer elle-même les frais, puisant dans toutes ses économies.
Un parcours du combattant pour être indemnisé
Si Mme Miletic ne remet pas en cause le travail des forces de l’ordre, elle déplore en revanche la complexité des démarches pour obtenir un remboursement. Un processus long et fastidieux qui peut prendre des mois, voire des années. Certaines victimes finissent même par abandonner, de guerre lasse.
Ce qui me gêne c’est l’après : de nombreux témoignages m’expliquent que le remboursement peut prendre un an voire deux ans. J’ai même des témoignages expliquant que des personnes n’ont jamais été remboursées et qu’elles ont fini par abandonner.
Tanja Miletic
Près de 600 cas et 1,3 million d’euros de préjudice en 2024
Et le cas de Tanja Miletic est loin d’être isolé. Selon des sources proches du dossier, en 2024, ce sont 589 personnes qui ont dû être indemnisées pour des interventions des forces de l’ordre menées à la mauvaise adresse. Le préjudice pour l’État s’élève à plus de 1,3 million d’euros, sans compter les dossiers en souffrance. Les assurances, elles, refusent systématiquement de rembourser ce type de dégâts.
Vers une simplification des démarches ?
Face à l’ampleur du phénomène, le ministère de la Justice a récemment mis en place une plateforme en ligne destinée à simplifier les procédures d’indemnisation. L’objectif : réduire les délais et accompagner au mieux les victimes dans ce parcours du combattant administratif. Une initiative salutaire mais qui arrive un peu tard pour les centaines de personnes ayant déjà dû faire face à cette situation kafkaïenne.
En attendant que ces mesures portent leurs fruits, les victimes comme Tanja Miletic doivent s’armer de patience et s’accrocher pour faire valoir leurs droits. Avec l’espoir qu’un jour, une intervention des forces de l’ordre qui tourne mal ne rime plus avec un interminable combat pour être justement indemnisé.