Le scandale des violences et abus sexuels qui auraient été commis au sein du prestigieux collège-lycée Notre-Dame-de-Bétharram dans les Pyrénées-Atlantiques ne cesse de prendre de l’ampleur. Selon nos informations, le parquet de Pau a enregistré vendredi deux nouvelles plaintes, portant le total à 114 depuis l’ouverture de l’enquête il y a un an. Un chiffre glaçant qui illustre l’étendue de ce dossier explosif.
Les faits dénoncés, qui se seraient déroulés dans les années 1970 à 1990, vont des violences physiques aux agressions sexuelles, en passant par des accusations de viols. Une centaine de personnes, anciennes victimes présumées, ont déjà été entendues par les enquêteurs. Mais ce n’est sans doute que la partie émergée de l’iceberg tant les langues semblent se délier au fil des mois.
François Bayrou sous pression
Cette affaire met dans la tourmente le premier ministre François Bayrou, lui-même ancien élève de Bétharram où il a scolarisé plusieurs de ses enfants. Accusé par l’opposition de ne pas avoir agi lorsqu’il était ministre de l’Éducation nationale alors que des soupçons pesaient déjà sur l’établissement, il doit rencontrer samedi à Pau un collectif de victimes. Une réunion sous haute tension.
J’ai fait tout ce que je devais faire quand j’étais ministre.
François Bayrou, premier ministre
Mais ces dénégations ne suffisent pas à calmer la tempête. D’autant que le ministère de l’Éducation admet n’avoir retrouvé aucune trace de contrôle de l’établissement à l’époque malgré de multiples signalements. Le rectorat de Bordeaux a d’ailleurs reçu l’ordre de mener en urgence une inspection.
Bétharram, un établissement sous le choc
Pour le collège-lycée Bétharram, institution réputée nichée au cœur du Béarn, c’est un véritable séisme. Son image et sa réputation sont sévèrement écornées. La direction assure coopérer pleinement avec la justice mais peine à contenir une crise sans précédent.
Quant aux anciens élèves, le choc et la colère dominent. Beaucoup disent avoir subi des années de silence et d’omerta. D’autres, toujours profondément marqués, réclament que toute la lumière soit faite et les responsables punis.
On a détruit des vies, brisé des âmes innocentes. Ceux qui savaient doivent payer.
Michel, 58 ans, ancien élève de Bétharram
La parole se libère enfin
Cette tragédie, enfouie pendant des décennies, expose les dérives et les dysfonctionnements d’une époque. Des prédateurs ont pu sévir en toute impunité, protégés par un système d’omerta. Le travail de libération de la parole et de reconnaissance des victimes ne fait que commencer. Et il s’annonce long et douloureux.
La justice va devoir démêler cet écheveau de souffrances et de non-dits pour établir les faits, déterminer les responsabilités. Un travail d’enquête titanesque mais indispensable pour que, peut-être, les victimes puissent enfin obtenir réparation et tourner cette page noire.
L’affaire Bétharram n’a sans doute pas fini de secouer les Pyrénées-Atlantiques et au-delà. Elle risque de réveiller la mémoire enfouie d’autres dossiers similaires. La fin d’une époque de silence où les crimes se commettaient dans l’indifférence générale ? Beaucoup l’espèrent. Mais le chemin sera encore long.