Le Paris Saint-Germain se retrouve au cœur d’une polémique géopolitique. La ministre des Affaires étrangères de la République démocratique du Congo (RDC) exhorte le club parisien, ainsi qu’Arsenal et le Bayern Munich, à revoir leurs accords de parrainage avec « Visit Rwanda ». En cause : l’implication présumée du Rwanda dans l’aggravation de la crise humanitaire à l’est de la RDC.
Des accords de sponsoring « tachés de sang » ?
Dans une lettre adressée aux trois clubs cette semaine, la ministre congolaise remet en question la moralité de leurs partenariats avec l’office de tourisme rwandais. Elle s’appuie sur un rapport de l’ONU faisant état de la présence de 4 000 soldats rwandais actifs en RDC, soutenant des groupes rebelles à l’origine d’une grave crise humanitaire :
Des milliers de personnes sont actuellement coincées dans la ville de Goma avec un accès limité à la nourriture, à l’eau et à la sécurité. (…) D’innombrables vies ont été perdues ; les viols, les meurtres et les vols prédominent. Votre sponsor est directement responsable de cette misère.
Thérèse Kayikwamba Wagner, ministre congolaise des Affaires étrangères
Des accords juteux pour les clubs concernés : 12 millions d’euros annuels pour Arsenal, un partenariat de 5 ans pour le Bayern Munich signé en 2023, et près de 15 millions d’euros par an pour le PSG jusqu’en 2025.
Le PSG face à un dilemme éthique
Pour le club parisien, cette polémique tombe au plus mal, en pleine préparation de la saison prochaine. D’un point de vue financier, se passer d’un sponsor aussi généreux que « Visit Rwanda » serait un coup dur. Mais d’un point de vue éthique et d’image, maintenir ce partenariat pourrait s’avérer encore plus préjudiciable.
Le PSG a bâti sa stratégie de développement international autour de valeurs comme le respect, la solidarité ou la responsabilité. Être associé, même indirectement, à un conflit meurtrier risquerait de ternir durablement sa réputation. D’autant plus que la pression médiatique et citoyenne monte, appelant le club à montrer l’exemple.
Un choix compliqué mais nécessaire
« Si ce n’est pour votre propre conscience, alors les clubs devraient le faire pour les victimes de l’agression rwandaise », martèle la ministre congolaise dans sa lettre. Un appel solennel qui place le PSG face à ses responsabilités.
Bien sûr, il n’est pas simple pour un club de football de se positionner sur des enjeux géopolitiques aussi complexes. Mais en acceptant le soutien financier d’un État, le PSG a de facto endossé une part de responsabilité quant à ses actes. Et quand des vies humaines sont en jeu, les considérations sportives et économiques devraient passer au second plan.
C’est maintenant au PSG de prouver qu’il n’est pas qu’une machine à cash, mais aussi un club guidé par une véritable éthique. Un club capable de faire les bons choix, même difficiles, quand la situation l’impose. En renonçant à son partenariat avec « Visit Rwanda », le PSG enverrait un message fort : le football n’est pas hors-sol, il a un rôle à jouer pour un monde plus juste.
Un précédent à créer ?
Si le PSG décidait de se séparer de « Visit Rwanda », cela pourrait créer un précédent important dans le monde du sport. De plus en plus, les clubs et les athlètes sont sommés de faire preuve de cohérence entre leurs valeurs affichées et leurs actes, notamment en termes de partenariats.
En montrant la voie d’un sponsoring plus éthique et responsable, le PSG pourrait inspirer d’autres acteurs du sport mondial. Et prouver que performance et prise de conscience peuvent faire bon ménage sur un maillot.
L’heure du choix
Le Paris Saint-Germain est donc à la croisée des chemins. Continuer avec « Visit Rwanda » au risque de se compromettre, ou tourner la page pour préserver son intégrité. Le monde du ballon rond attend désormais de voir quel sera le choix des dirigeants parisiens.
Une chose est sûre : dans cette affaire, il n’y aura pas de demi-mesure. C’est la crédibilité et l’image du PSG qui se jouent, bien au-delà des pelouses. Et ça, aucun titre ou trophée ne pourra le remplacer.
