Un débat houleux a éclaté jeudi soir au Parlement européen suite au refus de députés mélenchonistes, dont Rima Hassan, de voter une résolution transpartisane réclamant la libération de l’écrivain algérien Boualem Sansal, emprisonné depuis novembre dernier dans son pays. Une position vivement dénoncée par la droite et l’extrême-droite, Marion Maréchal en tête.
Marion Maréchal « ulcérée » par le vote des Insoumis
Invitée quelques heures plus tard sur le plateau de BFMTV, l’eurodéputée du groupe ECR (conservateurs et réformistes européens) a exprimé son indignation face à ce qu’elle considère comme une trahison. « Je suis ulcérée et extrêmement inquiète« , a tonné Marion Maréchal, elle-même signataire de la résolution. Selon la nièce de Marine Le Pen, ce comportement des élus insoumis s’apparente à « une forme d’intelligence avec l’ennemi« , les accusant d’être des « agents de l’étranger« .
Un texte appelant à la libération de Boualem Sansal
Le texte en question, porté par une large coalition allant des conservateurs du PPE aux socialistes en passant par les libéraux de Renew et les écologistes, demandait la libération de l’intellectuel algérien Boualem Sansal, figure critique du régime et Prix de la Paix en 2011. Emprisonné à la mi-novembre, il est devenu un symbole de la répression des voix dissidentes en Algérie.
Parmi les 700 députés européens, seules 24 voix se sont opposées à cette résolution. La délégation mélenchoniste s’est partagée entre abstention et votes contre.
La droite et l’extrême-droite montent au créneau
Jordan Bardella, président du Rassemblement National, a lui aussi fustigé l’attitude des Insoumis européens. « Les choses sont claires : à la défense d’un écrivain et de sa liberté d’expression, l’extrême-gauche préfère l’arbitraire d’un régime autoritaire et les intérêts communautaires de sa clientèle électorale« , a-t-il déclaré peu après le scrutin.
Marion Maréchal est allée plus loin, voyant dans ce vote la preuve que les mélenchonistes « parlent avant tout à la communauté algérienne en France » et se rangent du côté d’une « dictature autoritaire et corrompue » pour ne pas froisser cet électorat jugé stratégique.
Rima Hassan se défend de toute complaisance
Ciblée par ces critiques, la députée européenne Rima Hassan a tenté de justifier sa position. « Ne pas voter ce texte ce n’est pas s’opposer à la libération de Monsieur Sansal (…) c’est s’opposer à l’instrumentalisation qui est faite de son cas« , a-t-elle expliqué, sans convaincre ses détracteurs.
Cette polémique intervient dans un contexte de fortes tensions entre Paris et Alger, alors que plusieurs influenceurs algériens ont été arrêtés en France ces dernières semaines pour des appels à la violence. Marion Maréchal a d’ailleurs apporté son « soutien » aux propos fermes tenus récemment à l’égard de l’Algérie par le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau.
Une affaire révélatrice des lignes de fracture
Au-delà de la controverse autour de Boualem Sansal, cette affaire met en lumière les profondes divergences entre la gauche radicale mélenchoniste et le reste de l’échiquier politique sur les questions internationales et le rapport à certaines communautés. Un clivage que la droite et l’extrême-droite n’ont pas manqué d’exploiter à des fins politiques.
Il reste à voir si la position des eurodéputés Insoumis aura un impact sur le sort de l’écrivain algérien, dont la libération est réclamée par de nombreuses ONG et personnalités à travers le monde. Une chose est sûre, ce débat n’a pas fini de faire des remous au sein de la classe politique française et européenne.
