Dans l’est de la République Démocratique du Congo, les rebelles du M23 étendent inexorablement leur contrôle, menaçant chaque jour un peu plus la capitale provinciale Goma. Déjà quasi encerclée par les combats, cette ville de plus d’un million d’habitants pourrait bien tomber prochainement aux mains du groupe armé anti-gouvernemental, selon de nombreux experts et observateurs de la région. Une situation explosive qui résulte de la conjonction du soutien apporté au M23 par le Rwanda voisin et de l’extrême faiblesse des forces armées congolaises.
Le M23, « pantin » de Kigali qui avance ses pions
Ces dernières semaines, l’intensification des affrontements entre le M23 et les FARDC (forces armées de RDC) a jeté sur les routes des dizaines de milliers de civils cherchant à fuir les violences. Depuis début janvier, l’ONU dénombre plus de 237 000 nouveaux déplacés. Mardi, l’armée congolaise a dû concéder « une percée » des troupes du M23, qu’elle qualifie de « pantins » de « l’armée rwandaise ». Les rebelles se sont emparés de la localité stratégique de Minova, important nœud commercial qui alimente Goma en vivres et marchandises.
Ces accusations de collusion entre le M23 et Kigali ne sont pas nouvelles. En juillet dernier, un rapport d’experts de l’ONU établissait que près de 3000 à 4000 soldats rwandais épaulaient le M23 dans ses opérations, leur fournissant armes et technologies de pointe. Le document affirmait même que le Rwanda avait « de facto » pris le « contrôle et la direction » du groupe rebelle. Des allégations que les autorités rwandaises se sont toujours gardées de reconnaître explicitement.
Goma dans le viseur, rien ne semble pouvoir arrêter le M23
Il y a un mois à peine, le M23 s’était déjà dangereusement rapproché de Goma en s’emparant de Masisi-centre, à 80 km au nord-ouest. Aujourd’hui, ses forces ne sont plus qu’à une dizaine de kilomètres des faubourgs de la capitale provinciale. L’armée et des milices pro-gouvernementales tentent tant bien que mal d’établir des lignes de défense pour protéger l’agglomération. Mais leur capacité à résister à un assaut semble plus que douteuse aux yeux de nombreux observateurs.
À ce stade, rien n’empêche le M23 et le Rwanda d’essayer de prendre Goma.
Reagan Miviri, chercheur à l’institut congolais Ebuteli
La faiblesse de la réaction internationale et l’effritement du processus de paix de Luanda, mené sous l’égide de l’Angola, laissent en effet le champ libre au Rwanda et à ses protégés du M23 selon ce spécialiste. Alors que fin 2012, la communauté internationale était parvenue à faire plier Kigali après une première prise de Goma par le M23, la donne semble aujourd’hui bien différente. L’arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche pourrait rebattre les cartes et pousser Paul Kagame à se montrer plus entreprenant en RDC.
Les faiblesses des FARDC, un boulevard pour les rebelles
Face à l’avancée des rebelles soutenus par le Rwanda, l’armée congolaise peine à endiguer la menace. Malgré quelques succès ponctuels et une résistance courageuse, elle apparaît en grande difficulté. En cause, des tares récurrentes bien identifiées par les experts : corruption endémique, équipements insuffisants et inadaptés, démotivation et indiscipline des troupes. Autant de failles qui handicapent lourdement les FARDC dans leur mission de reconquête des territoires.
De leur côté, les forces de la SADC (Communauté des États d’Afrique Australe) déployées dans la région en renfort semblent paralysées par « l’inaction ». Composées de soldats sud-africains, tanzaniens et malawites, elles attendent toujours de passer réellement à l’offensive. Un attentisme qui fait le jeu du M23 et de ses parrains rwandais, leur laissant toute latitude pour grignoter chaque jour un peu plus de terrain.
À l’épicentre d’une poudrière régionale
L’est de la RDC, et plus particulièrement la région du Nord-Kivu dont Goma est la capitale, s’enfonce chaque jour un peu plus dans le chaos. Et ce, alors que ce territoire est un véritable concentré des enjeux sécuritaires, économiques et humanitaires qui déstabilisent la région des Grands Lacs africains depuis plus de 30 ans. Richesses naturelles convoitées, frontières poreuses, multiplication des groupes armés, déplacements massifs de populations… Ce cocktail explosif, dont les civils paient le prix fort, ne semble pas prêt de s’éteindre.
Alors que le spectre d’une nouvelle prise de contrôle de Goma par le M23 se fait chaque jour plus pressant, la communauté internationale semble tétanisée. Paralysée par ses divisions et obnubilée par d’autres crises, elle ne parvient pas à mobiliser une réponse ferme et unie pour enrayer l’engrenage et ramener Kigali et ses supplétifs dans le droit chemin. Pourtant, sans une action rapide et déterminée, c’est toute la région qui risque de s’embraser un peu plus. Et les immenses richesses de l’est congolais de devenir le carburant d’un conflit interminable, sur le dos d’une population déjà lourdement éprouvée.
Face à l’avancée des rebelles soutenus par le Rwanda, l’armée congolaise peine à endiguer la menace. Malgré quelques succès ponctuels et une résistance courageuse, elle apparaît en grande difficulté. En cause, des tares récurrentes bien identifiées par les experts : corruption endémique, équipements insuffisants et inadaptés, démotivation et indiscipline des troupes. Autant de failles qui handicapent lourdement les FARDC dans leur mission de reconquête des territoires.
De leur côté, les forces de la SADC (Communauté des États d’Afrique Australe) déployées dans la région en renfort semblent paralysées par « l’inaction ». Composées de soldats sud-africains, tanzaniens et malawites, elles attendent toujours de passer réellement à l’offensive. Un attentisme qui fait le jeu du M23 et de ses parrains rwandais, leur laissant toute latitude pour grignoter chaque jour un peu plus de terrain.
À l’épicentre d’une poudrière régionale
L’est de la RDC, et plus particulièrement la région du Nord-Kivu dont Goma est la capitale, s’enfonce chaque jour un peu plus dans le chaos. Et ce, alors que ce territoire est un véritable concentré des enjeux sécuritaires, économiques et humanitaires qui déstabilisent la région des Grands Lacs africains depuis plus de 30 ans. Richesses naturelles convoitées, frontières poreuses, multiplication des groupes armés, déplacements massifs de populations… Ce cocktail explosif, dont les civils paient le prix fort, ne semble pas prêt de s’éteindre.
Alors que le spectre d’une nouvelle prise de contrôle de Goma par le M23 se fait chaque jour plus pressant, la communauté internationale semble tétanisée. Paralysée par ses divisions et obnubilée par d’autres crises, elle ne parvient pas à mobiliser une réponse ferme et unie pour enrayer l’engrenage et ramener Kigali et ses supplétifs dans le droit chemin. Pourtant, sans une action rapide et déterminée, c’est toute la région qui risque de s’embraser un peu plus. Et les immenses richesses de l’est congolais de devenir le carburant d’un conflit interminable, sur le dos d’une population déjà lourdement éprouvée.