Les rêves de milliers de réfugiés en attente de rejoindre les États-Unis ont été brisés du jour au lendemain. Dès son arrivée au pouvoir, le président américain Donald Trump a pris une rafale de décrets allant à l’encontre de l’immigration, dont une mesure suspendant pour 90 jours toute arrivée de réfugiés sur le sol américain. Une décision lourde de conséquences pour ces populations vulnérables.
Un long processus d’admission remis en cause
Selon un document du département d’État consulté par l’AFP, tous les voyages de réfugiés prévus vers les USA sont purement et simplement annulés. Le traitement des dossiers et toute activité avant départ sont gelés, et il est demandé à l’ONU de ne plus déplacer les réfugiés vers des centres de transit.
Cette suspension concerne des milliers de personnes à travers le monde, dont certaines avaient déjà leurs billets en poche après avoir enduré un long et difficile processus d’admission. Les réfugiés déjà installés aux États-Unis continueront toutefois de bénéficier des services prévus.
Un décret d’urgence contre « l’invasion » de migrants
Fidèle à ses promesses de campagne, le président Trump justifie ces mesures draconiennes par la nécessité de lutter contre ce qu’il a qualifié « d’invasion de migrants ». Il affirme dans son décret que le pays a été « inondé de flux migratoires records » ces dernières années et n’a pas la capacité d’absorber autant de migrants, en particulier de réfugiés.
Au cours des quatre dernières années, les États-Unis ont été inondés de flux migratoires records, notamment dans le cadre du programme américain d’admission des réfugiés (USRAP).
Extrait du décret du président Trump
Le décret va jusqu’à révoquer une mesure de l’ancien président Joe Biden facilitant l’accueil de « réfugiés climatiques ». Le nouveau chef de la diplomatie Marco Rubio a assuré que son département ne faciliterait plus les migrations de masse.
L’opposition démocrate et humanitaire s’alarme
Ces décisions suscitent une vive opposition du côté des démocrates et des acteurs humanitaires. La sénatrice Jeanne Shaheen dénonce une remise en cause d’une « valeur américaine fondamentale ». Elle souligne l’importance du programme d’admission des réfugiés pour :
- Sauver la vie des réfugiés les plus vulnérables
- Renforcer la sécurité des Américains
- Promouvoir la stabilité dans le monde
De son côté, l’ONG Global Refuge déplore de voir les « rêves de sécurité anéantis » de réfugiés qui étaient sur le point de commencer une nouvelle vie, après avoir subi les contrôles de sécurité les plus stricts au monde.
Des chiffres records bousculés par le décret
L’administration précédente de Joe Biden avait fait de l’accueil des réfugiés une priorité. Selon les chiffres officiels, environ 100 000 réfugiés, le nombre le plus élevé depuis 30 ans, se sont réinstallés aux USA lors de l’année fiscale 2024, venant notamment de pays en conflit comme :
- La République démocratique du Congo
- La Birmanie
- Le Soudan
Un chiffre record qui contraste fortement avec la nouvelle politique migratoire de Donald Trump. Sur les quelque 122,6 millions de personnes déplacées dans le monde selon le HCR, près de 37,9 millions sont des réfugiés, une population particulièrement vulnérable qui voit aujourd’hui les portes des États-Unis se fermer brutalement.
Un avenir incertain pour les réfugiés
Les réfugiés dont le voyage a été annulé à la dernière minute se retrouvent dans une situation très précaire. Après avoir enduré de longues procédures et nourri l’espoir d’un nouveau départ, ils font face à un avenir des plus incertains.
Si le décret prévoit pour l’instant une suspension de 90 jours, nombreux sont ceux qui craignent un durcissement durable de la politique d’accueil américaine. Les prochains mois seront décisifs pour savoir si les États-Unis tourneront définitivement le dos à leur tradition d’accueil des réfugiés les plus vulnérables.