Emmanuel Macron n’y est pas allé de main morte. Dans une interview accordée à une source proche de l’Elysée, le président français a qualifié Elon Musk, l’homme le plus riche du monde, de « réactionnaire », l’accusant de soutenir une « nouvelle internationale réactionnaire ». Un jugement sévère qui résonne comme un véritable clash idéologique entre deux visions du monde. Mais qu’en est-il vraiment ? Le milliardaire américain, célèbre pour ses projets futuristes et son franc-parler, est-il réellement le héraut d’une droite conservatrice décomplexée ?
Elon Musk, un partisan de Trump et de la droite dure européenne
Depuis quelques mois, Elon Musk multiplie les prises de position politiques controversées. Celui qui fut un temps proche des démocrates s’est mué en fervent supporter de Donald Trump, dont il a rejoint l’administration. Mais son engagement ne s’arrête pas là. Comme le souligne Emmanuel Macron, le patron de Tesla et SpaceX apporte ouvertement son soutien aux figures les plus conservatrices et identitaires de la droite européenne.
En Allemagne, il a ainsi affiché sa proximité avec l’Alternative für Deutschland (AfD), un parti classé à l’extrême-droite de l’échiquier politique. En Italie, c’est Giorgia Meloni et ses alliés nationalistes qui ont reçu ses éloges. Tandis qu’en Hongrie, Viktor Orban peut compter sur son appui. Une ligne politique qui tranche avec l’image d’innovateur et de visionnaire que cultive l’entrepreneur.
Le combat pour une « liberté d’expression absolue »
Pour comprendre ce positionnement, il faut se pencher sur la conception très particulière qu’a Elon Musk de la liberté d’expression. Depuis son rachat de Twitter (rebaptisé X), le milliardaire se pose en défenseur intransigeant du « free speech », n’hésitant pas à réhabiliter des comptes suspendus pour désinformation ou appels à la haine. Une vision libertarienne qui fait écho à celle de la Silicon Valley et de ses figures tutélaires comme Peter Thiel.
« La liberté d’expression est le fondement d’une démocratie qui fonctionne »
Elon Musk
Pour Musk, toute forme de régulation des contenus sur les réseaux sociaux est une atteinte intolérable à la liberté d’expression. Quitte à laisser prospérer théories du complot et autres « fake news ». Un positionnement qui séduit la droite américaine, prompte à dénoncer un supposé « cancel culture » des élites progressistes. Mais qui inquiète en Europe, où l’on craint une déstabilisation des démocraties.
Au-delà de la posture, une proximité idéologique réelle
Si les déclarations tonitruantes d’Elon Musk peuvent parfois relever de la simple provocation, son alignement avec les droites dures ne semble pas qu’une posture opportuniste. Comme le note une source proche des milieux conservateurs américains, le milliardaire partage de nombreux combats chers à cette famille politique :
- Un rejet virulent du « wokisme » et du progressisme culturel
- Une défiance envers les régulations étatiques et le « big government »
- Une adhésion au capitalisme débridé et à la « destruction créatrice »
- Un climatoscepticisme plus ou moins assumé
Autant de marqueurs idéologiques qui rapprochent l’entrepreneur des républicains les plus radicaux et de l’extrême-droite européenne. Même si son profil de génie technologique et ses projets avant-gardistes en font un allié pour le moins atypique.
Un nouveau front dans la bataille culturelle
En appelant Elon Musk un « réactionnaire », Emmanuel Macron entend donc sonner l’alerte sur ce qu’il perçoit comme une offensive généralisée des forces conservatrices. Amplifiées par la puissance de frappe médiatique des réseaux sociaux, portées par des personnalités influentes comme le patron de Tesla, les idées de la droite radicale se propagent à une vitesse inédite.
Pour le président français, ce cocktail entre populisme high-tech et réaction est hautement inflammable. Il y voit une menace directe pour le projet européen et ses valeurs humanistes. D’où cette mise en garde à peine voilée adressée au milliardaire américain et à ses épigones.
Reste à savoir si cet avertissement sera entendu. Car Elon Musk, en investissant massivement le champ politique, semble déterminé à peser sur le débat public et à faire triompher sa vision du monde. Quitte à se muer en poil à gratter des démocraties libérales et de leurs élites progressistes. La bataille culturelle ne fait sans doute que commencer.
