Imaginez un instant les profondeurs bleues du golfe de Gascogne, peuplées de majestueux dauphins nageant en toute liberté. Une scène idyllique qui pourrait bien être menacée par les activités humaines, notamment la pêche. C’est pourquoi, pour la deuxième année consécutive, les autorités ont pris une décision radicale : interdire la pêche dans cette zone pendant 4 semaines, du 20 janvier au 20 février, afin de préserver ces magnifiques cétacés.
Une Mesure Efficace mais Controversée
L’an dernier, cette fermeture temporaire de la pêche a permis de diviser par quatre le nombre de dauphins capturés accidentellement dans les filets des chalutiers. Un résultat encourageant pour la protection de ces mammifères marins, dont les populations sont gravement menacées depuis une décennie. En effet, selon le CIEM, organisme scientifique international de référence, le nombre de prises accidentelles dépassait largement le seuil soutenable de 4900 décès par an.
Cependant, cette interdiction ne fait pas l’unanimité auprès des professionnels de la pêche. Environ 300 bateaux, du Finistère à la frontière espagnole, sont contraints de rester à quai pendant cette période. Même si le gouvernement a prévu des indemnisations à hauteur de 80% de leur chiffre d’affaires, les pêcheurs restent persuadés que des solutions alternatives existent pour réduire les prises accidentelles de dauphins.
Des Solutions Technologiques à l’Étude
Les professionnels de la mer misent notamment sur des dispositifs acoustiques, appelés « pingers », destinés à éloigner les dauphins des filets de pêche. Certains bateaux sont déjà équipés de ces répulsifs sonores, mais leur efficacité reste à prouver scientifiquement à grande échelle. Le gouvernement semble ouvert à ces expérimentations, comme l’a déclaré la ministre de la Transition écologique Agnès Pannier-Runacher :
Il faut maintenant montrer scientifiquement que ça fonctionne.
L’objectif est la réouverture du golfe de Gascogne pour le mois de février 2027.
Néanmoins, les experts restent prudents quant à l’existence d’une solution miracle. Jérôme Spitz, codirecteur de l’institut Pelagis qui coordonne le suivi des échouages de cétacés, souligne qu’il faudra probablement combiner différentes approches pour pérenniser la protection des dauphins, tout en permettant aux pêcheurs de travailler :
Pour le moment, on n’a pas de solutions qui ont démontré une efficacité généralisée. C’est la combinaison de différentes solutions qui permettra la pérennité des mesures de gestion.
Vers une Pêche plus Durable et Responsable
Au-delà des aspects techniques, cette interdiction temporaire de la pêche interroge sur notre capacité à concilier activités économiques et préservation de la biodiversité marine. Les dauphins, comme de nombreuses autres espèces marines, paient un lourd tribut au développement de la pêche industrielle et à la surexploitation des océans.
Face à ce constat alarmant, il est urgent de repenser nos modes de production et de consommation, en faveur d’une pêche plus durable, respectueuse des écosystèmes marins. Cela passe par une meilleure gestion des ressources halieutiques, la lutte contre la surpêche, mais aussi par la sensibilisation des consommateurs aux enjeux environnementaux liés aux produits de la mer.
L’avenir des dauphins du golfe de Gascogne, et plus largement de toute la faune marine, dépendra de notre capacité collective à trouver un équilibre entre impératifs économiques et écologiques. Un défi majeur pour les années à venir, qui nécessitera l’engagement de tous les acteurs : pouvoirs publics, professionnels de la pêche, scientifiques et citoyens.
En Bref
- Interdiction de la pêche dans le golfe de Gascogne pendant 4 semaines (20 janvier au 20 février)
- Objectif : préserver les populations de dauphins menacées par les prises accidentelles
- Mesure efficace (captures divisées par 4 l’an dernier) mais controversée
- Environ 300 bateaux de pêche à quai, indemnisés à 80% du CA par le gouvernement
- Recherche de solutions alternatives (répulsifs acoustiques, innovations technologiques)
- Nécessité de concilier pêche et préservation de la biodiversité marine
