En ce lundi 20 janvier chargé de symboles, le président Emmanuel Macron a choisi de s’adresser directement aux forces armées françaises. L’objectif : fixer le cap stratégique face à l’accélération des menaces dans un contexte international de plus en plus tendu, marqué notamment par le retour au pouvoir de Donald Trump à Washington.
C’est depuis le Commandement de l’appui terrestre numérique et cyber, à Cesson-Sévigné près de Rennes, que le chef de l’État a prononcé son discours. Un lieu hautement symbolique qui illustre certaines des priorités mises en avant : l’innovation technologique, le cyber et l’intelligence artificielle appliqués au domaine militaire.
Emmanuel Macron n’a pas manqué de rappeler les efforts budgétaires consentis ces dernières années en faveur des armées, avec une loi de programmation militaire ambitieuse de 413 milliards d’euros sur 7 ans. Des moyens indispensables selon lui pour répondre aux multiples défis sécuritaires auxquels la France est confrontée.
Des menaces protéiformes qui s’intensifient
Le président a dressé un tableau préoccupant de l’environnement stratégique actuel. Terrorisme, crises régionales, compétition entre puissances, menaces cyber, course aux armements… Les sources d’instabilité et de conflictualité se multiplient aux quatre coins du globe.
Nous devons nous préparer à des menaces plus dures, dans tous les domaines.
Emmanuel Macron
Face à cette dégradation de la situation sécuritaire mondiale, la France doit s’adapter en permanence et se doter des capacités nécessaires pour protéger ses intérêts et assurer la défense du pays. Un défi qui passe par un effort soutenu en matière d’équipements, de formation et d’entraînement des forces.
L’innovation technologique au cœur de la stratégie
Dans son discours, Emmanuel Macron a insisté sur l’importance cruciale de l’innovation et de la supériorité technologique pour les armées françaises. Intelligence artificielle, cyberdéfense, technologies quantiques, drones, robots… Autant de domaines dans lesquels il appelle la France à être à la pointe.
Selon une source proche de l’Élysée, le président considère que la maîtrise de ces technologies émergentes sera déterminante dans les conflits de demain. Il souhaite donc que les armées accélèrent leur transformation numérique et renforcent leurs capacités dans le cyberespace et le combat collaboratif haute intensité.
Le défi du retour de Donald Trump
L’autre grand enjeu soulevé par Emmanuel Macron concerne les relations avec les États-Unis, alors que Donald Trump vient tout juste de retrouver les clés de la Maison Blanche. Un « nouveau chapitre » qui soulève beaucoup de questions et d’incertitudes, notamment sur des dossiers comme la guerre en Ukraine ou le rôle de l’OTAN.
L’élection de Trump pose des questions sur la solidité de notre alliance.
Un diplomate français
Tout en plaidant pour une « coopération exigeante » avec Washington, le président français en a profité pour réitérer son appel à un « sursaut » et une « autonomie stratégique » de l’Europe en matière de défense. Une ligne constante chez lui, mais qui prend une résonance particulière dans le contexte actuel.
Quel avenir pour les opérations extérieures ?
Emmanuel Macron est également revenu sur l’engagement de la France sur les théâtres extérieurs, et notamment au Sahel où Paris est en train de réorganiser son dispositif militaire. Malgré les critiques et les tensions récentes avec certains pays de la région, il a défendu le bilan et la nécessité de ces opérations pour lutter contre le terrorisme.
Mais il a aussi appelé à une « réévaluation » de ces interventions pour les rendre « plus efficaces » et « mieux proportionnées », en lien avec les pays partenaires. Une manière de prendre acte des limites de l' »approche globale » prônée jusqu’ici et d’esquisser une forme de « nouveau logiciel » pour l’action militaire française à l’étranger.
Un modèle d’armée complet à préserver
Enfin, le président a tenu à réaffirmer son attachement au modèle d’armée « complet et équilibré » à la française, autour des deux composantes que sont la dissuasion nucléaire et les forces conventionnelles. Un modèle qu’il juge plus que jamais d’actualité face aux nouveaux rapports de force mondiaux.
Il a ainsi écarté l’idée d’une spécialisation des armées qui conduirait à sacrifier certaines capacités au profit d’autres. Tout en appelant à faire preuve d’agilité, d’innovation et d’audace pour s’adapter en permanence aux évolutions du contexte et des menaces.
Un discours à la fois offensif et prudent, qui vise à donner aux armées françaises une feuille de route claire pour les années à venir, sur fond de grandes turbulences géopolitiques. Avec en toile de fond la volonté réaffirmée de la France de tenir son rang et défendre ses intérêts sur la scène internationale, en coopération étroite avec ses alliés européens et ses partenaires. Un défi majeur à l’heure où le monde semble entrer dans une nouvelle ère de compétition stratégique tous azimuts.