Alors que la Birmanie est déchirée par les violences depuis le coup d’État militaire de février 2021, les pays d’Asie du Sud-Est membres de l’Asean ont lancé un appel pressant à la junte birmane lors d’une réunion ministérielle en Malaisie ce dimanche. Leur message est clair : la priorité absolue doit être donnée à l’instauration d’un cessez-le-feu, avant même d’envisager la tenue d’élections.
Un pays ravagé par les combats depuis le putsch militaire
La situation en Birmanie est particulièrement préoccupante depuis que l’armée a pris le pouvoir il y a plus de deux ans, alléguant sans preuves une fraude massive lors des élections de 2020 qui avaient vu la large victoire de la Ligue nationale pour la démocratie d’Aung San Suu Kyi, icône de la démocratie et prix Nobel de la paix. Face à la contestation, la junte a lancé une répression sanglante, jetant le pays dans une spirale de violence.
Alors que les combats font rage dans de nombreuses régions du pays, les élections promises par les militaires ont été repoussées à plusieurs reprises. Pour les opposants au régime, la tenue d’un scrutin libre et équitable dans ces conditions apparaît de toute façon illusoire.
L’Asean exhorte la junte à privilégier un cessez-le-feu
Face à cette situation explosive, les ministres des Affaires étrangères de l’Asean, réunis à Langkawi en Malaisie, pays qui assure actuellement la présidence tournante de l’organisation, ont donc décidé de hausser le ton. Comme l’a résumé le chef de la diplomatie malaisienne Mohamad Hasan :
Une chose que nous savons, c’est qu’ils veulent organiser une élection. Mais nous leur avons dit que l’élection n’est pas une priorité pour le moment. La priorité maintenant est un cessez-le-feu et que tout le monde dépose les armes. C’est très simple.
Un haut fonctionnaire birman était bien présent à cette réunion pour représenter le régime, les membres de la junte étant interdits de participation directe aux rencontres de l’Asean. Mais aucune date précise d’élections n’a été communiquée, selon le ministre malaisien.
Un plan de paix qui peine à se concrétiser
Depuis le putsch, l’Asean tente de jouer un rôle de médiateur pour tenter de trouver une issue à la crise birmane. L’organisation régionale a adopté dès avril 2021 un plan de paix en cinq points, approuvé par la junte. Mais sa mise en œuvre concrète se fait toujours attendre, malgré les efforts diplomatiques déployés.
Cet appel à un cessez-le-feu immédiat constitue donc une nouvelle tentative de l’Asean pour tenter de peser sur le cours des événements en Birmanie. Reste à voir si la junte, qui semble avant tout préoccupée par sa survie, saura entendre ce message et changer de cap. Les populations civiles birmanes, prises en étau entre une répression féroce et des combats incessants, ne peuvent qu’espérer une désescalade rapide pour enfin entrevoir la paix.
