Un rebondissement choc secoue la scène politique bolivienne. Selon une source judiciaire, un mandat d’arrêt a été lancé vendredi à l’encontre de l’ex-président Evo Morales, l’accusant de « traite » d’une mineure de 15 ans. Une affaire explosive qui pourrait compromettre les ambitions de retour au pouvoir de cette figure emblématique de la gauche sud-américaine.
Absence répétée aux audiences, gel des avoirs
D’après nos informations, le juge Nelson Rocabado de Tarija a ordonné cette mesure après que Morales, 65 ans, ait manqué pour la deuxième fois cette semaine une audience cruciale. Outre le mandat d’arrêt, la justice a également décrété le gel des biens de l’ancien dirigeant et lui a interdit de quitter le territoire. Des décisions lourdes de conséquences pour celui qui fut le premier chef d’État bolivien d’origine indigène.
Une relation inappropriée en échange d’avantages ?
Au cœur du scandale, des allégations selon lesquelles Evo Morales aurait entretenu en 2015 une liaison avec une adolescente de 15 ans, qui aurait donné naissance à une fille l’année suivante. Le parquet avance un accord troublant conclu avec les parents de la jeune fille, leur octroyant des avantages en échange de leur consentement. Des faits gravissimes que l’intéressé rejette en bloc, invoquant un classement sans suite d’une enquête similaire en 2020.
Rivalités politiques et « guerre juridique »
Pour Morales et ses soutiens, cette affaire est avant tout politique. L’ancien président crie à une « guerre juridique » fomentée par son ex-allié et actuel rival Luis Arce, dans la course à l’investiture de leur parti pour la présidentielle de 2025. Une thèse que semblent accréditer les récents développements, Morales s’étant déjà soustrait mardi à une précédente convocation, invoquant des problèmes de santé jugés irrecevables par le parquet.
Mobilisation des partisans, protection rapprochée
Malgré la tempête, l’ancien cultivateur de coca peut toujours compter sur une base militante fidèle, constituée majoritairement de paysans indigènes. Ces derniers n’ont pas hésité à manifester en masse à La Paz en début de semaine, après une marche de quatre jours, pour dénoncer la crise économique et exiger la démission du président Arce. Des heurts avec les forces de l’ordre qui ont conduit à des dizaines d’arrestations, signe de la tension extrême qui règne dans le pays.
Face à la menace judiciaire, Morales a choisi de se retrancher dans son fief du Tropico de Cochabamba, dans l’État du Chapare. Là, entouré de ses plus fidèles lieutenants, il bénéficie d’une protection renforcée. «La sécurité du frère Evo est assurée par plus de 2.000 personnes, tous les jours et 24 heures sur 24», a confié à l’AFP un de ses proches. Une mobilisation qui en dit long sur les craintes de l’ancien président.
Un avenir politique en suspens
Au-delà du volet judiciaire, c’est bien l’avenir politique d’Evo Morales qui est en jeu. Malgré un arrêt de la Cour constitutionnelle lui interdisant de briguer un nouveau mandat, l’ancien dirigeant n’a jamais caché son intention de revenir aux affaires. Un projet aujourd’hui sérieusement compromis par ces graves accusations, qui ternissent un peu plus une réputation déjà écornée par les scandales passés et les controverses.
Dans ce contexte délétère, difficile de prédire l’issue de cette saga politico-judiciaire qui tient en haleine toute la Bolivie. Une chose est sûre : le feuilleton Morales est loin d’avoir livré son dernier rebondissement. Et chaque épisode ne fait qu’attiser un peu plus les fractures d’une nation déjà profondément divisée.