Face aux récentes déclarations menaçantes de Donald Trump au sujet du canal de Panama, les plus hautes instances du transport maritime mondial ont tenu à clarifier la situation. Lors d’un point presse depuis le siège londonien de l’Organisation maritime internationale (OMI), Arsenio Domínguez, secrétaire général de cette agence onusienne, a affirmé sans détour que le canal « restera » sous contrôle panaméen.
Cette prise de position intervient alors que le président élu des États-Unis a, à plusieurs reprises, fait part de son intention de reprendre possession de cette infrastructure stratégique, inaugurée en 1914 et construite par les Américains. Trump a notamment menacé de passer à l’acte si les péages pour les navires battant pavillon américain n’étaient pas revus à la baisse. Des propos qui font écho à ses critiques répétées envers l’accord de 1977, signé sous Jimmy Carter, qui a acté le transfert de contrôle du canal au Panama en 1999.
Une souveraineté panaméenne réaffirmée
Mais pour Arsenio Domínguez, la question ne se pose même pas. « Pour moi c’est très clair et ce n’est pas un sujet de grande conversation, parce que les traités ont été signés en 1977. Le canal est passé aux mains du Panama, qui continue d’exploiter cette voie navigable vitale et continuera de le faire », a-t-il déclaré à l’AFP. Une position ferme qui vient clore les spéculations sur un éventuel retour en arrière.
Le secrétaire général de l’OMI a par ailleurs mis en avant les performances du Panama dans la gestion du canal ces dernières années. « L’efficacité et l’efficience avec lesquelles le pays continue d’exploiter cette infrastructure ont été démontrées et continueront de l’être », a-t-il assuré. Un constat d’autant plus important que le canal joue un rôle clé dans les échanges commerciaux internationaux.
Le canal de Panama est passé aux mains du Panama, qui continue d’exploiter cette voie navigable vitale et continuera de le faire.
Arsenio Domínguez, secrétaire général de l’OMI
L’OMI prête à travailler avec la nouvelle administration américaine
Interrogé sur l’arrivée au pouvoir de Donald Trump, M. Domínguez s’est voulu rassurant, indiquant qu’il était prêt à collaborer « avec quiconque [il] doit travailler ». Une main tendue qui témoigne de la volonté de l’OMI de poursuivre ses missions, au-delà des changements politiques. Le responsable a d’ailleurs affiché sa confiance dans la capacité de son organisation à continuer d’avancer sur ses sujets prioritaires dans les années à venir.
La sécurité maritime au cœur des préoccupations
Parmi les défis majeurs identifiés par l’OMI figure notamment celui posé par la « flotte fantôme ». Arsenio Domínguez a ainsi alerté sur les risques en termes de sécurité « pour les marins et pour l’environnement » que représentent ces navires engagés dans des opérations illégales. Un phénomène qui s’est accru depuis le début de la guerre en Ukraine, avec une utilisation croissante par la Russie de bateaux vétustes pour contourner les sanctions sur le pétrole.
Face à cette menace, l’OMI entend intensifier ses efforts pour retirer des océans les navires ne respectant pas les normes internationales de navigation. Un objectif ambitieux mais essentiel pour garantir la sécurité des équipages et préserver les écosystèmes marins.
Le canal de Panama, un enjeu géopolitique majeur
Au-delà du cas du canal de Panama, cette passe d’armes verbale entre Donald Trump et les autorités du transport maritime illustre l’importance stratégique des grandes voies navigables pour les équilibres mondiaux. Le contrôle de ces points de passage obligés du commerce international constitue en effet un levier d’influence géopolitique majeur.
En réaffirmant avec force la souveraineté du Panama sur son canal, l’OMI envoie un message clair : les règles établies en matière de gouvernance des infrastructures maritimes doivent être respectées. Une manière de prévenir toute velléité de remise en cause unilatérale des traités existants, aussi bien dans le cas du canal de Panama que pour d’autres points de transit stratégiques comme le détroit de Malacca ou le canal de Suez.
Alors que les tensions internationales vont croissant et que la compétition pour le contrôle des routes maritimes s’intensifie, la fermeté affichée par l’OMI apparaît salutaire. Elle rappelle que la stabilité et la sécurité du transport maritime mondial reposent sur le respect du droit international et des accords en vigueur. Une boussole essentielle en ces temps incertains.