Au cœur de l’actualité brûlante des relations franco-algériennes, un homme se distingue par son parcours atypique. Chawki Benzehra, 33 ans, traducteur de métier, est devenu en l’espace d’un mois une figure incontournable dans la lutte contre les influenceurs algériens appelant à la violence sur le territoire français. Mais qui est vraiment cet activiste 2.0, dont les signalements sur les réseaux sociaux ont conduit à plusieurs interpellations retentissantes ?
De la Kabylie à la France, une jeunesse façonnée par l’hostilité
Originaire de petite Kabylie, région montagneuse du nord de l’Algérie, Chawki Benzehra a grandi dans un climat de défiance envers l’ancienne puissance coloniale. «La France était présentée comme l’ennemi juré, responsable de tous les maux du pays», confie-t-il, le regard grave. Un discours martelé qui a longtemps nourri sa propre vision de l’Hexagone.
Pourtant, c’est bien en France que Chawki choisit de s’installer pour poursuivre ses études supérieures. Un choix paradoxal, qui lui vaudra les critiques acerbes de certains de ses proches. «On me traitait de traître, de vendu. Mais je voulais me forger ma propre opinion, loin des clichés», explique-t-il, déterminé.
Une prise de conscience progressive
Au fil des années passées dans l’Hexagone, Chawki Benzehra opère une lente métamorphose. Confronté à une réalité bien différente des discours entendus dans sa jeunesse, il remet progressivement en question ses certitudes.
J’ai découvert une France accueillante et tolérante, loin des clichés véhiculés en Algérie. Cela m’a poussé à réfléchir sur mes propres préjugés.
Chawki Benzehra
Ce changement de perspective s’accélère avec l’émergence des réseaux sociaux. Très actif sur Facebook et Twitter, Chawki Benzehra y observe avec effroi la montée des discours de haine anti-France, relayés par de nombreux influenceurs algériens. «J’ai pris conscience de l’impact délétère que pouvaient avoir ces propos, surtout auprès des plus jeunes», souligne-t-il, inquiet.
L’engagement citoyen, au péril de sa vie
C’est un événement tragique qui va définitivement faire basculer Chawki Benzehra dans l’action. En octobre 2022, l’assassinat barbare de la petite Lola, 12 ans, par une ressortissante algérienne en situation irrégulière, déclenche une vague de haine sur les réseaux sociaux. «Des influenceurs algériens ont osé se réjouir de ce drame atroce, certains appelant même à d’autres meurtres. C’était insoutenable», se remémore-t-il, encore marqué par ce déferlement de violence verbale.
Dès lors, Chawki Benzehra se lance dans un combat acharné contre ces prêcheurs de haine. Grâce à ses talents de traducteur et sa connaissance pointue des réseaux, il traque sans relâche les contenus toxiques, les signale aux autorités compétentes. Une mission qu’il accomplit bénévolement, au prix de sa tranquillité et de sa sécurité.
Car depuis qu’il a contribué à l’interpellation de plusieurs influenceurs sulfureux, comme Sonia Benlemmane ou Doualem, Chawki Benzehra est devenu la cible de menaces de mort quotidiennes. «On me traite de harki, de collabo. Certains ont juré de me faire la peau. Mais je ne lâcherai rien», assure-t-il, déterminé malgré la peur.
À 33 ans, celui qui fut biberonné aux discours anti-français se retrouve propulsé en première ligne d’une guerre d’influence qui oppose Alger et Paris sur le champ de bataille des réseaux sociaux. Un destin hors norme, pour un combat vital. Car comme aime à le rappeler Chawki Benzehra, «face à la haine, il n’y a pas de frontières. Seule la vérité compte».