Dans les rues enneigées de Séoul, un vent de révolte souffle en ce dimanche glacial. Des milliers de Sud-Coréens bravent les flocons pour manifester contre le président déchu Yoon Suk Yeol, à la veille de l’expiration d’un mandat d’arrêt émis à son encontre. L’ex-procureur vedette est dans la tourmente, accusé d’avoir tenté d’imposer la loi martiale début décembre, faisant vaciller la jeune démocratie du pays.
Une mobilisation sans faille malgré le froid polaire
Devant la résidence de Yoon Suk Yeol, partisans comme détracteurs ont répondu présent. Emmitouflés jusqu’aux yeux, brandissant banderoles et drapeaux, ils sont venus par milliers. « J’ai traversé la guerre et des températures de -20 degrés dans la neige pour me battre. Cette neige, ce n’est rien », clame Park Young-chul, un soutien de l’ancien président. En face, ses opposants scandent des slogans réclamant son arrestation. « J’ai quitté mon emploi pour venir protéger notre pays et la démocratie », explique Lee Jin-ah, 28 ans.
Le spectre de la dictature
Le coup de force avorté de Yoon Suk Yeol a ravivé les blessures d’un passé douloureux. Selon une source proche du dossier, le président déchu serait visé par plusieurs enquêtes pour « rébellion ». Son passage en force au Parlement début décembre pour imposer la loi martiale, soldats à l’appui, a crispé l’opinion. Beaucoup y voient une tentative de retour à la dictature militaire qui a longtemps étouffé le pays.
Course contre la montre avant l’arrestation
Sous pression, Yoon Suk Yeol avait dû renoncer à son projet. Mais depuis sa destitution le 14 décembre, il joue au chat et à la souris avec la justice. Le mandat d’arrêt émis à son encontre expire lundi soir. Les enquêteurs espèrent l’interpeller d’ici là pour l’interroger. Une première tentative vendredi s’est soldée par un échec, sa garde rapprochée bloquant l’accès à son domicile. Une arrestation serait inédite pour un président en exercice en Corée du Sud.
Bras de fer institutionnel
Malgré sa destitution, Yoon Suk Yeol reste officiellement président jusqu’à ce que la Cour constitutionnelle tranche son cas d’ici mi-juin. D’ici là, chaque camp fourbit ses armes. L’opposition dénonce la « rébellion » des services de sécurité présidentielle, qualifiés de « force rebelle ». Ce bras de fer promet des lendemains agités dans le pays. « Le service de sécurité présidentiel a violé la Constitution », accuse Park Chan-dae, chef des députés du Parti démocrate.
Une capitale sous haute tension
Déjà éprouvée par la pandémie et les tensions géopolitiques régionales, la Corée du Sud retient son souffle. Dans ce climat délétère, la visite du secrétaire d’État américain Antony Blinken lundi à Séoul sera scrutée de près. De nouveaux rassemblements sont attendus dans la semaine, malgré la vague de froid. Pour beaucoup de Sud-Coréens, l’avenir démocratique du pays est en jeu. Reste à savoir si Yoon Suk Yeol répondra de ses actes ou s’il parviendra à se dérober à la justice. Le feuilleton politico-judiciaire ne fait que commencer.