C’est une tragédie qui soulève plus de questions qu’elle n’apporte de réponses. Le 25 décembre dernier, un avion de ligne d’Azerbaijan Airlines s’écrasait au Kazakhstan, faisant 38 victimes. Mais au-delà du drame humain, cet accident pourrait bien révéler des tensions géopolitiques sous-jacentes dans cette région du Caucase.
Soupçons d’un Tir de la Défense Russe
Selon certaines sources proches de l’enquête, il se pourrait que l’appareil ait été abattu par un tir de missile de la défense antiaérienne russe. Une hypothèse explosive, qui vient s’ajouter aux circonvolutions déjà complexes des relations entre l’Azerbaïdjan, allié de la Turquie, et la Russie, qui entretient une présence militaire dans la région.
Le président azerbaïdjanais, Ilham Aliev, a affirmé que l’avion avait subi « des tirs » au-dessus du territoire russe.
Vladimir Poutine a admis que des tirs avaient eu lieu le jour du crash en raison d’une attaque de drones ukrainiens, sans reconnaître que l’avion avait été frappé.
Moscou semble cependant coopérer à l’enquête, apportant « le soutien nécessaire aux procureurs envoyés à Grozny », où l’avion avait tenté d’atterrir avant de s’écraser de l’autre côté de la mer Caspienne.
Les Boîtes Noires, Clés de l’Énigme
Pour tenter d’éclaircir les circonstances exactes de ce drame, les enquêteurs se tournent maintenant vers les fameuses boîtes noires. Ces enregistreurs de vol, actuellement en cours d’analyse au Brésil, pays du constructeur de l’avion Embraer, pourraient contenir des données cruciales pour confirmer ou infirmer l’hypothèse d’un tir de missile.
Grâce à une technologie de pointe utilisant la réalité virtuelle 3D, les experts du Centre d’enquête et de prévention des accidents aéronautiques (Cenipa) de Brasilia espèrent pouvoir reconstituer avec précision les derniers instants du vol. Trajectoire, vitesse, altitude… Autant de variables qui pourraient trahir l’impact d’un projectile.
Une Enquête sous Haute Surveillance
Mais au-delà de l’aspect purement technique, cette enquête revêt une dimension éminemment politique. La communauté internationale, par la voix de l’Association internationale du transport aérien (IATA) et de l’Union européenne, a appelé à une investigation « approfondie, impartiale et transparente ». Un vœu pieux dans une région où les enjeux géostratégiques priment souvent sur la vérité.
Les autorités brésiliennes ont beau assurer que « toutes les conclusions seront rendues publiques », il y a fort à parier que cette affaire ne soit pas réglée de sitôt. Car derrière ce crash, c’est toute la question de la sécurité aérienne dans l’espace post-soviétique qui se pose. Entre drones ukrainiens, défense antiaérienne russe et avions de ligne pris dans la tourmente, le ciel au-dessus du Caucase est devenu un véritable champ de mines.
La Maison Blanche assure disposer d' »indications préliminaires qui suggèrent la possibilité que cet avion ait été abattu par des systèmes de défense antiaérienne russes ».
Dans ce contexte, les révélations des boîtes noires risquent fort de faire l’effet d’une bombe diplomatique. Car si la responsabilité de Moscou venait à être engagée, c’est toute la doctrine de la Russie en matière de « protection de son espace aérien » qui serait remise en cause. Un scénario catastrophe que le Kremlin fera tout pour éviter, quitte à brouiller les pistes et à enterrer la vérité avec les victimes de ce drame.
En attendant, les familles des 38 disparus attendent des réponses. Et espèrent que la lumière sera faite sur ce crash qui a brisé leurs vies et qui pourrait bien, au-delà du deuil, ébranler les fragiles équilibres géopolitiques de la région. Les boîtes noires détiennent peut-être la clé de cette énigme. Reste à savoir si la vérité, aussi dérangeante soit-elle, sera un jour révélée au grand jour.