Imaginez des plages autrefois paradisiaques recouvertes d’une épaisse couche de mazout noir et visqueux. Des volontaires qui s’affairent avec les moyens du bord pour tenter de nettoyer ce désastre, le cœur lourd. Une réserve naturelle unique, abritant une faune et une flore d’exception, qui se retrouve en péril. Voici malheureusement le triste spectacle qui se déroule actuellement en Crimée, suite au naufrage de deux pétroliers russes mi-décembre.
9200 tonnes de mazout déversées, des dégâts incalculables
Selon les informations communiquées par les autorités, les pétroliers Volgoneft-212 et Volgoneft-239 transportaient pas moins de 9200 tonnes de mazout lorsqu’ils se sont échoués dans le détroit de Kertch le 15 décembre, pris dans une violente tempête. D’après les premières estimations, environ 40% de cette cargaison mortelle se serait déjà déversée en mer, et continue de s’échouer sur le littoral.
Le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov n’a pas mâché ses mots pour décrire la situation : « La situation est vraiment critique. Malheureusement, les conséquences négatives en termes d’écologie sont inévitables », a-t-il déclaré, appelant à des « efforts maximaux » pour y faire face. Un état d’urgence a d’ores et déjà été décrété par les autorités locales.
Des plages souillées, une réserve naturelle en péril
Les images des plages de Crimée recouvertes d’une épaisse couche de mazout font froid dans le dos. Le sable autrefois immaculé a laissé place à une masse noirâtre et gluante, piégeant au passage de nombreux animaux marins. Des milliers de poissons, oiseaux et autres mammifères auraient déjà péri, intoxiqués ou asphyxiés par ce poison noir.
Mais le pire est peut-être à venir. Car la marée noire menace directement une réserve naturelle d’importance internationale, abritant de nombreuses espèces endémiques et protégées. « C’est une véritable catastrophe écologique qui est en train de se produire sous nos yeux », alerte un responsable local. « Les dégâts sur la faune et la flore risquent d’être considérables et durables ».
Une course contre la montre pour contenir la pollution
Face à l’ampleur de la tâche, c’est une véritable course contre la montre qui s’est engagée pour tenter de contenir et nettoyer cette marée noire. Les autorités ont dépêché sur place des milliers d’agents et de volontaires, mais ces derniers manquent cruellement d’équipements adaptés selon les ONG locales.
Nous faisons tout notre possible avec les moyens du bord, mais c’est une goutte d’eau face à l’océan de pétrole qui continue de s’échouer chaque jour sur nos côtes.
Un volontaire sur place
Le gouvernement russe assure de son côté que « toutes les zones de pollution identifiées dans la zone aquatique ont été nettoyées » et qu’aucune « pollution répétée n’a été détectée ». Une affirmation en décalage avec la réalité du terrain selon de nombreux témoignages. Le président Vladimir Poutine a néanmoins reconnu qu’il s’agissait là d’une « catastrophe écologique » majeure.
Un impact durable sur l’environnement
Au-delà des dégâts immédiats, ce sont surtout les conséquences à long terme de cette marée noire qui inquiètent les experts. Le mazout étant particulièrement dense et visqueux, il est extrêmement difficile à nettoyer totalement.
« Même si les plages et la surface de l’eau sont nettoyées, une grande partie de cette pollution va inévitablement se déposer sur les fonds marins et rentrer dans la chaîne alimentaire pour des années », prévient un biologiste. De quoi fragiliser durablement les écosystèmes locaux.
Cette marée noire en Crimée vient tristement s’ajouter à la (trop) longue liste des catastrophes écologiques qui frappent régulièrement les mers et océans du globe. Un énième signal d’alarme sur la nécessité de revoir en profondeur nos modes de production et de consommation d’énergie. Faute de quoi, d’autres tragédies du même type risquent hélas de se reproduire à l’avenir.
