La crise politique s’intensifie en Corée du Sud alors que le président déchu Yoon Suk Yeol persiste dans son refus de collaborer avec la justice. Pour la seconde fois, l’ex-chef de l’État n’a pas donné suite à une convocation des enquêteurs ce mercredi 23 décembre.
Suspendu de ses fonctions depuis le vote de destitution du Parlement le 14 décembre, Yoon Suk Yeol est visé par une enquête pour « rébellion » après sa tentative avortée d’imposer la loi martiale dans le pays début décembre. Un acte passible de la peine de mort selon la loi sud-coréenne.
Une fuite en avant qui inquiète
En snobant les convocations à répétition des enquêteurs, le président déchu semble s’engager dans une fuite en avant périlleuse. Son refus de s’expliquer sur les événements du 3 décembre, lorsqu’il avait brièvement instauré la loi martiale avant de reculer sous la pression, soulève de nombreuses questions.
Selon des sources proches de l’enquête, les courriers de convocation adressés à Yoon Suk Yeol ont systématiquement été retournés à l’expéditeur sans même avoir été ouverts. Une attitude qui tranche avec les déclarations initiales de l’ancien procureur, qui s’était dit prêt à « assumer ses responsabilités ».
La pression judiciaire s’accentue
Face à ce blocage, le Bureau d’enquête sur la corruption des hautes personnalités (CIO), chargé des investigations, se retrouve dos au mur. Après deux convocations restées lettre morte, il n’exclut pas de recourir à des moyens plus coercitifs.
Selon des observateurs, les enquêteurs pourraient choisir entre deux options : adresser une troisième et ultime convocation à Yoon Suk Yeol ou demander à un tribunal un mandat d’amener pour le contraindre à comparaître. Une escalade judiciaire qui marquerait un nouveau tournant dans cette crise sans précédent.
Un président destitué sous étroite surveillance
En attendant que la Cour constitutionnelle se prononce sur la validité du vote de destitution, un processus qui peut prendre jusqu’à 6 mois, Yoon Suk Yeol est privé de l’essentiel de ses pouvoirs. Assigné à résidence, il a également interdiction de quitter le territoire national.
Une situation intenable pour celui qui dirigeait le pays il y a encore quelques semaines. Arrivé au pouvoir en mai 2022 après une élection serrée, l’ancien procureur impopulaire paye aujourd’hui le prix fort de sa tentative de coup de force ratée.
Un pays suspendu à la décision des juges
Vendredi, la Cour constitutionnelle ouvrira les audiences sur le cas du président destitué. Mais là encore, Yoon Suk Yeol fait obstruction en refusant d’accuser réception des convocations envoyées par les juges, selon les médias locaux.
Dans ce contexte de blocage, l’avenir politique du pays est plus incertain que jamais. Si la destitution est confirmée, une nouvelle élection présidentielle devra être organisée dans les deux mois, plongeant la 10ème économie mondiale dans une période prolongée d’instabilité.
C’est une véritable épreuve pour notre démocratie. Jamais un président n’avait été destitué, et encore moins tenté d’imposer la loi martiale. Il faut maintenant que la justice fasse son travail en toute indépendance.
Un député de l’opposition cité par l’agence Yonhap.
Reste à savoir si Yoon Suk Yeol, acculé, finira par obtempérer et accepter de répondre aux graves accusations portées contre lui. Son silence assourdissant inquiète jusqu’au sein de son propre camp conservateur, qui redoute que cette stratégie à haut risque n’aggrave encore la situation.
Quoi qu’il en soit, cette crise politique majeure promet de laisser des traces durables dans le paysage politique sud-coréen, déjà fortement polarisé. Et d’écrire une page sombre dans l’histoire de cette jeune démocratie, où les ex-dirigeants finissent trop souvent par avoir des comptes à rendre à la justice.