Un véritable séisme politique secoue actuellement la Corée du Sud. Yoon Suk Yeol, le président déchu par le Parlement le 14 décembre dernier, est dans la tourmente. Suspendu de ses fonctions en attendant le verdict de la Cour constitutionnelle, il fait l’objet d’une enquête explosive pour « rébellion », un crime passible de la peine capitale. En cause : sa tentative avortée d’imposer la loi martiale et de museler les députés en envoyant l’armée au Parlement, avant un rétropédalage précipité quelques heures plus tard sous la pression.
Mais l’ex-président, âgé de 64 ans, semble jouer à cache-cache avec la justice. Convoqué une première fois la semaine dernière par le Bureau d’enquête sur la corruption, il a brillé par son absence sans fournir de justification. Une attitude pour le moins déroutante alors que la Constitution ne lui offre aucune immunité pour ce type de crime. Les enquêteurs ont donc remis le couvert, lui envoyant cette fois une convocation pour un interrogatoire le 25 décembre à 10h00 heure locale.
Un président qui se dérobe à la justice
Mais à en croire l’équipe chargée des investigations, c’est un nouveau camouflet. Les courriers envoyés tant au domicile qu’au bureau de Yoon Suk Yeol ont été refusés par le destinataire. Même un email est revenu à l’expéditeur sans que l’on puisse déterminer s’il avait été lu. Face à ce silence assourdissant, les enquêteurs jouent désormais leur va-tout. En cas de nouveau refus de comparaître le jour de Noël, ils devront soit envoyer une 3ème convocation, soit saisir la justice pour obtenir un mandat d’amener.
Et ce n’est pas tout ! Selon les médias sud-coréens, le président déchu snobe également les convocations de la Cour constitutionnelle. Celle-ci doit pourtant tenir une première audience cruciale sur son sort ce vendredi. Les juges ont 6 mois pour confirmer ou infirmer sa destitution votée par les députés. Si la destitution est entérinée, une élection présidentielle devra être organisée sous 60 jours.
Une stratégie risquée
En attendant, Yoon Suk Yeol joue gros. Son refus de coopérer pourrait être interprété comme un aveu de culpabilité. Et malgré son statut de président, il n’est pas à l’abri d’une inculpation ou d’une arrestation, ayant l’interdiction de quitter le territoire. D’autant que le crime de « rébellion » dont il est accusé est particulièrement grave, pouvant théoriquement lui valoir la peine de mort s’il est reconnu coupable.
La Corée du Sud retient donc son souffle. Le dénouement de ce feuilleton politico-judiciaire aux allures de thriller s’annonce explosif. Va-t-on assister à un nouveau rebondissement avec l’arrestation spectaculaire d’un chef d’État ? Ou Yoon Suk Yeol parviendra-t-il à se défiler jusqu’au bout ? Réponse dans les prochaines semaines, qui s’annoncent déterminantes pour l’avenir de la péninsule.