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Vidéosurveillance à Nice : 300 caméras de plus, pour quel résultat ?

Nice, déjà bardée de 5000 caméras, en veut 300 de plus. Entre course à la technologie sécuritaire et doutes sur l'efficacité réelle, la vidéosurveillance de masse soulève de vifs débats. Plongée dans une tendance lourde de conséquences pour les libertés...

C’est un chiffre qui donne le tournis. D’ici 2025, pas moins de 300 caméras de vidéosurveillance supplémentaires scruteront les moindres recoins de Nice. Et ce, dans une ville qui en compte déjà plus de 5000 ! Avec ce nouveau projet, la capitale azuréenne confirme sa place de championne française de la surveillance vidéo. Mais cette course effrénée vers toujours plus de technologies sécuritaires soulève de nombreuses questions. Sur leur efficacité réelle à faire reculer la délinquance. Mais aussi sur les dérives potentielles en termes d’atteinte aux libertés individuelles.

Une ville déjà ultra-surveillée

Avec un maillage de plus de 5000 caméras, Nice fait figure d’exception en France. La ville a misé très tôt et massivement sur cet outil, avec un premier centre de supervision urbain inauguré dès 2010. Depuis, les installations n’ont cessé de se multiplier, couvrant progressivement l’ensemble des quartiers. Des artères touristiques comme la Promenade des Anglais aux cités sensibles, en passant par les bâtiments publics, plus un mètre carré ou presque n’échappe à l’œil des caméras.

Un dispositif considérable, qui mobilise des moyens humains et financiers colossaux. Près d’une centaine d’opérateurs se relaient 24h/24 pour visionner les images et alerter les patrouilles au moindre incident suspect. Tandis que le budget annuel dédié à la sécurité, l’un des plus élevés du pays, culmine à 93 millions d’euros pour 2025.

Un maillage sans cesse renforcé

Malgré l’ampleur des moyens déjà déployés, la municipalité ne compte pas en rester là. 300 caméras viendront ainsi densifier le dispositif d’ici 2025. Parmi les zones ciblées, les collines et le quartier résidentiel de Cimiez, touché par des incendies de véhicules à répétition en mars dernier. Ou encore la future « coulée verte », qui reliera la démolition controversée du Théâtre National et du Palais des Congrès. À terme, c’est un nouveau centre de supervision ultra-moderne qui doit voir le jour au sein d’un « hôtel des polices » mutualisé.

L’efficacité en question

Si la vidéosurveillance est souvent présentée comme un remède miracle, son bilan apparaît pour le moins contrasté. Certes, les caméras peuvent aider à élucider des délits a posteriori ou à guider les interventions en temps réel. Mais de nombreuses études pointent une efficacité toute relative sur la prévention de la délinquance et la baisse des crimes et délits.

Les caméras déplacent la délinquance plus qu’elles ne la réduisent. Les zones non surveillées deviennent plus criminogènes.

Laurent Mucchielli, sociologue spécialiste de la sécurité

En outre, la vidéosurveillance serait quasi-inefficace contre certains types de délits, comme les cambriolages ou les violences commises dans des lieux privés. Son effet dissuasif resterait ainsi très limité, notamment sur les délinquants les plus déterminés.

Les risques pour les libertés

Au-delà de la question de son efficacité, la vidéosurveillance généralisée inquiète par ses implications potentielles sur les libertés publiques. Le risque d’une surveillance massive des populations, propice aux dérives sécuritaires, est régulièrement souligné. Tout comme les menaces que font peser la reconnaissance faciale et l’intelligence artificielle, appelées des vœux par certains élus dont le maire de Nice, sur le droit à la vie privée et à l’anonymat dans l’espace public.

Des inquiétudes partagées jusqu’au plus haut niveau de l’État. Dans son dernier rapport annuel, la Commission Nationale de l’Informatique et des Libertés (CNIL) s’alarmait ainsi de l’avènement d’une société de surveillance :

Le recours à la vidéoprotection est trop souvent considéré comme la réponse évidente aux problèmes de sécurité. Or, une telle approche fait perdre de vue que la surveillance généralisée de la population, loin d’être anodine, porte atteinte au droit fondamental au respect de la vie privée.

Rapport annuel 2024 de la CNIL

Un vif débat public

Dans ce contexte, la multiplication des caméras ne manque pas de susciter la controverse. De plus en plus de citoyens et d’associations s’élèvent contre une vidéosurveillance jugée intrusive et liberticide. Certains dénoncent aussi son coût faramineux, qui se ferait au détriment d’autres leviers de prévention et de sécurité publique, comme la présence humaine sur le terrain.

Pour autant, le recours massif aux caméras conserve de fervents partisans parmi les élus locaux. Souvent perçu comme une réponse politique visible aux demandes sécuritaires de la population. Quitte à verser dans une surenchère technologique, comme l’illustre le cas emblématique de Nice. Reste que le débat est loin d’être tranché, et mérite assurément d’être approfondi démocratiquement. Alors que se profile un avenir potentiellement orwellien.

Au-delà de la question de son efficacité, la vidéosurveillance généralisée inquiète par ses implications potentielles sur les libertés publiques. Le risque d’une surveillance massive des populations, propice aux dérives sécuritaires, est régulièrement souligné. Tout comme les menaces que font peser la reconnaissance faciale et l’intelligence artificielle, appelées des vœux par certains élus dont le maire de Nice, sur le droit à la vie privée et à l’anonymat dans l’espace public.

Des inquiétudes partagées jusqu’au plus haut niveau de l’État. Dans son dernier rapport annuel, la Commission Nationale de l’Informatique et des Libertés (CNIL) s’alarmait ainsi de l’avènement d’une société de surveillance :

Le recours à la vidéoprotection est trop souvent considéré comme la réponse évidente aux problèmes de sécurité. Or, une telle approche fait perdre de vue que la surveillance généralisée de la population, loin d’être anodine, porte atteinte au droit fondamental au respect de la vie privée.

Rapport annuel 2024 de la CNIL

Un vif débat public

Dans ce contexte, la multiplication des caméras ne manque pas de susciter la controverse. De plus en plus de citoyens et d’associations s’élèvent contre une vidéosurveillance jugée intrusive et liberticide. Certains dénoncent aussi son coût faramineux, qui se ferait au détriment d’autres leviers de prévention et de sécurité publique, comme la présence humaine sur le terrain.

Pour autant, le recours massif aux caméras conserve de fervents partisans parmi les élus locaux. Souvent perçu comme une réponse politique visible aux demandes sécuritaires de la population. Quitte à verser dans une surenchère technologique, comme l’illustre le cas emblématique de Nice. Reste que le débat est loin d’être tranché, et mérite assurément d’être approfondi démocratiquement. Alors que se profile un avenir potentiellement orwellien.

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