Un séisme politique sans précédent secoue la Corée du Sud. Le président déchu Yoon Suk Yeol, suspendu de ses fonctions après l’adoption d’une motion de destitution à son encontre, a été sommé par le parquet de se présenter pour un interrogatoire d’ici samedi. En cause : sa tentative avortée d’imposer la loi martiale dans le pays, qui lui vaut d’être visé par deux enquêtes pour « rébellion ». Une affaire à rebondissements multiples qui tient en haleine toute la péninsule coréenne.
Un coup de force inédit qui tourne court
Retour sur les faits. Dans la nuit du 3 décembre, Yoon Suk Yeol, 63 ans, prend tout le monde de court en proclamant la loi martiale lors d’une allocution surprise à la télévision. Mieux, il envoie l’armée occuper le Parlement pour le museler. Mais face à la pression des députés et des manifestants, massés par milliers dans les rues de Séoul, l’ancien procureur est contraint de faire machine arrière avant l’aube. Trop tard. Le mal est fait. Et les conséquences ne tardent pas à se faire sentir pour le chef de l’État.
Yoon visé par deux enquêtes, prison à vie en vue
Dès le lendemain, Yoon et plusieurs de ses proches sont visés par deux enquêtes pour « rébellion », un chef d’accusation passible de la prison à perpétuité, voire de la peine de mort selon la loi martiale sud-coréenne. Mais le pire reste à venir pour le dirigeant conservateur : samedi, l’Assemblée nationale adopte à une large majorité une motion de destitution à son encontre, entraînant sa suspension immédiate.
Yoon Suk Yeol a interdiction de quitter le territoire national, et doit impérativement se présenter à l’interrogatoire des procureurs d’ici samedi, sous peine de se voir décerner un mandat d’arrêt.
Selon une source proche du dossier
Vers une destitution quasi-certaine
Lundi, la Cour constitutionnelle a entamé l’examen de la procédure de destitution. L’instance a six mois pour statuer, mais l’issue semble jouée d’avance au vu de la gravité des faits reprochés à Yoon. En cas de destitution, une élection présidentielle anticipée devra être organisée sous 60 jours, le 1er ministre Han Duck-soo assurant l’intérim.
Un pays divisé, un destin tragique
Sur fond de manifestations pro et anti-Yoon qui se multiplient à Séoul, c’est tout un pays qui retient son souffle. Beaucoup voient un symbole dans le sort de Yoon Suk Yeol, dernier d’une longue liste de présidents sud-coréens aux destins tragiques, entre emprisonnements, condamnations à mort et suicides. Quel épilogue pour celui qui rêvait de restaurer la « fierté nationale » de la 10e puissance économique mondiale ?
Les dates clés de la crise
- 3 décembre : Yoon proclame la loi martiale et tente d’occuper le Parlement
- 4 décembre : Yoon visé par deux enquêtes pour « rébellion »
- 10 décembre : L’Assemblée vote la destitution de Yoon, suspendu de ses fonctions
- 12 décembre : La Cour constitutionnelle entame l’examen de la destitution
- 17 décembre : Le parquet somme Yoon de se présenter à l’interrogatoire
Une affaire à suivre de très près donc, alors que le pays du Matin clair traverse sa plus grave crise politique depuis des décennies. Nul doute que les prochains jours s’annoncent décisifs pour l’avenir de la jeune démocratie sud-coréenne, et de son président déchu, plus que jamais sur un siège éjectable. La Corée du Sud retient son souffle.