Sous le soleil de Dubaï, les narcotrafiquants européens ont longtemps coulé des jours dorés en toute impunité. Hôtels de luxe, voitures de sport, investissements immobiliers… Les gains du trafic de drogue se blanchissaient aisément dans cet émirat considéré comme un paradis fiscal. Mais depuis quelques mois, le vent semble tourner pour ces barons de la poudre.
Une série d’arrestations qui ébranle le milieu
D’après des sources proches du dossier, plusieurs figures du crime organisé ont récemment été interpellées sur le sol dubaïote. Parmi elles, Sean McGovern, haut gradé du cartel irlandais des Kinahan, et Faissal Taghi, fils présumé du cerveau de la « Mocro Maffia » néerlandaise d’origine marocaine. Des arrestations qui marquent un tournant dans la politique sécuritaire de l’émirat.
Le train de vie fastueux des narcos à Dubaï
Jusqu’à présent, les trafiquants menaient grand train à Dubaï sans être inquiétés. Propriétaires de somptueuses villas et d’appartements haut de gamme, ils profitaient pleinement des avantages fiscaux et du secret bancaire offerts par l’émirat. Restaurants étoilés, beach clubs prisés, soirées extravagantes… Le blanchiment de l’argent de la drogue battait son plein.
Les narcos peuvent s’y installer en famille, blanchir leur argent par des systèmes bancaires occultes et continuer à discuter affaires.
D’après une source judiciaire française
Gérer les trafics à distance
Loin de la violence qui gangrène les grands ports européens, les trafiquants pouvaient piloter leurs activités illicites en toute sérénité depuis Dubaï. Par téléphone, ils coordonnaient l’importation de tonnes de cocaïne, s’appuyant sur un vaste réseau de complices dans les ports et les entreprises de transport. Une méthode qui leur permettait de garder les mains propres.
Blanchir l’argent sale, un jeu d’enfant
À Dubaï, paradis de l’opacité financière, faire disparaître les traces de l’argent sale est un jeu d’enfant pour les criminels. Via le système informel de la « hawala », ils peuvent transférer des fonds sans laisser de traces. L’investissement massif dans l’immobilier de luxe, en plein boom dans l’émirat, offre également une parfaite couverture pour blanchir les gains du trafic.
C’est un lieu attractif pour les fraudeurs fiscaux car Dubaï, qui vit notamment grâce à l’immobilier, n’est pas regardant sur les gens qui ne paient pas d’impôt.
Un spécialiste français des procédures d’extradition
Un changement de cap sous la pression internationale
Mais récemment, les autorités émiraties ont dû montrer patte blanche. Placé en 2022 sur la « liste grise » du Groupe d’action financière pour ses lacunes dans la lutte anti-blanchiment, Dubaï a pris des mesures pour renforcer sa coopération judiciaire. Plusieurs conventions d’extradition ont été signées avec des pays européens comme la France, l’Espagne, la Belgique, les Pays-Bas et l’Irlande.
Malgré ces avancées, le processus d’extradition reste souvent long et complexe. Seule une poignée de narcotrafiquants ont pu être remis à la justice de leur pays d’origine. Le « rigorisme extrême » des Émirats dans l’interprétation des demandes est pointé du doigt par les autorités européennes.
Vers un exode des narcos vers de nouveaux paradis ?
Face à la pression grandissante, certains barons de la drogue envisageraient déjà de quitter Dubaï pour d’autres repaires. La Turquie, le Maghreb, l’Indonésie ou encore Bali sont évoqués comme de possibles destinations de repli. Reste à savoir si ce « grand déménagement » des narcotrafiquants se concrétisera, ou si Dubaï parviendra à préserver son statut sulfureux de plaque tournante du crime organisé.
Une chose est sûre : la lutte contre les réseaux criminels transnationaux nécessitera une coopération judiciaire et policière sans faille à l’échelle internationale. Car pour ces barons de la poudre, trouver un nouveau havre de paix où prospérer en toute impunité n’est qu’une question de temps et d’opportunités.