Le petit archipel français de Mayotte, situé dans l’océan Indien, a été balayé ce week-end par le cyclone tropical Chido d’une violence inouïe. Selon les premières estimations des autorités, le bilan humain s’annonce particulièrement lourd dans ce département, le plus pauvre de France. Le préfet François-Xavier Bieuville redoute qu’il y ait « certainement plusieurs centaines, peut-être un millier, voire quelques milliers » de victimes.
Une violence dévastatrice
Avec des vents soufflant à plus de 220 km/h, le cyclone Chido est le plus intense à avoir frappé Mayotte depuis plus de 90 ans. Sur son passage, il a tout dévasté, épargnant rien ni personne. Habitations, infrastructures publiques, routes, réseaux électriques et de communication, rien n’a résisté à sa puissance destructrice.
Le maire de Mamoudzou, Ambdilwahedou Soumaila, décrit un territoire anéanti :
L’hôpital est touché, les écoles sont touchées. Des maisons sont totalement dévastées. Le phénomène n’a rien épargné sur son passage.
L’habitat précaire, concernant environ un tiers des 320 000 habitants de l’archipel, a été balayé. De nombreuses infrastructures de service public ont été détruites ou endommagées. Les toits de tôle se sont envolés, les poteaux électriques et les arbres sont à terre. La plupart des routes sont devenues impraticables.
Des sinistrés piégés
De nombreux sans-papiers habitant les bidonvilles n’avaient pas rejoint les abris prévus par la préfecture avant l’arrivée du cyclone, craignant un piège pour être expulsés. Restés jusqu’au dernier moment, ils ont été surpris par la violence soudaine de Chido et n’ont pas pu se mettre à l’abri à temps. Un infirmier retraité et syndicaliste local, Ousseni Balahachi, raconte :
Quand ils ont vu l’intensité du phénomène ils ont commencé à paniquer, à chercher où se réfugier. Mais c’était déjà trop tard, les tôles commençaient à s’envoler.
Dimanche, la population était en état de sidération, privée d’eau et d’électricité. Un décor apocalyptique s’offrait aux rares habitants osant s’aventurer dehors.
La difficile organisation des secours
Les secours peinent à s’organiser du fait des conditions extrêmement dégradées. Un pont aérien et maritime a été mis en place depuis La Réunion, distante de 1400 km. Deux avions transportant matériel de secours et personnels médicaux ont pu atterrir dimanche à Mayotte.
Mais la tradition musulmane prédominante dans l’archipel, demandant d’enterrer les défunts dans les 24h, compliquera l’établissement d’un bilan humain précis selon le préfet. La priorité est donnée à la mise à l’abri et à l’assistance des survivants.
Le pape François a exprimé dimanche son soutien aux victimes de cette « tragédie ». La députée locale Estelle Youssouffa appelle l’État à déclarer l’état d’urgence pour « protéger personnes et biens ».
Chido poursuit sa route destructrice
L’alerte cyclonique est repassée à l’orange dimanche en fin de journée à Mayotte. Mais le cyclone Chido, poursuivant sa course folle, a frappé dans la foulée le nord du Mozambique. Les îles Comores voisines ont été relativement épargnées.
Mayotte se réveille groggy après le passage dévastateur de Chido, le regard tourné avec angoisse vers un bilan humain qui s’annonce très lourd. Le territoire va devoir panser ses plaies et se reconstruire. Mais avec quels moyens face à l’ampleur inédite des dégâts ? L’État sera plus que jamais attendu aux côtés de la population meurtrie de ce département français d’outre-mer.
