C’est un paysage de désolation qui s’offre aux yeux des secouristes arrivés à Mayotte ce dimanche. Le passage du cyclone tropical Chido, d’une violence rare, a semé le chaos et la destruction dans le 101ème département français. Les autorités font état d’au moins 14 morts et craignent un bilan bien plus lourd dans ce territoire, le plus pauvre de France, où l’habitat précaire concerne un tiers de la population.
Tôles arrachées, arbres déracinés, routes coupées… Le décor est apocalyptique sur l’île principale ravagée par des vents à plus de 220km/h. « Seules quelques maisons en dur ont tenu. Il ne reste rien des bidonvilles » témoigne Ibrahim, un habitant joint par téléphone. Dans ces quartiers très vulnérables, de nombreux sans-papiers ont préféré rester chez eux plutôt que de rejoindre les abris, craignant un piège des autorités pour les expulser.
Un pont aérien depuis La Réunion pour secourir l’île sinistrée
Face à l’ampleur des dégâts et à l’urgence de la situation, un pont aérien et maritime a été mis en place depuis l’île de La Réunion, distante de 1400 km. Personnels médicaux, matériel de secours, équipements… Les rotations s’enchaînent pour venir en aide aux milliers de sinistrés privés d’eau et d’électricité.
Le premier avion de la sécurité civile a atterri à 15h30 locales sur le tarmac endommagé de l’aéroport de Mayotte. À son bord, des renforts de plus de 160 sapeurs-pompiers et personnels soignants de Métropole pour épauler leurs collègues sur place, débordés.
Des dizaines de milliers de personnes évacuées à la hâte
Selon les autorités, environ 100 000 habitants vivant dans des logements précaires ont été mis à l’abri dans plus de 70 centres d’hébergement d’urgence avant l’arrivée de Chido. Une évacuation précipitée et chaotique, beaucoup ayant attendu la dernière minute pour fuir.
La plupart des routes sont coupées, rendant les communications et les déplacements extrêmement compliqués sur l’île de 320 000 habitants. Les équipes de secours tentent de se frayer un chemin dans ce décor de fin du monde pour porter assistance et évaluer l’étendue des dommages.
Un cyclone « d’une intensité exceptionnelle » selon Météo France
Avec des rafales à plus de 220 km/h, Chido est le cyclone le plus violent à frapper Mayotte depuis plus de 90 ans d’après Météo France. La houle cyclonique a atteint 10 à 12 mètres, provoquant une montée des eaux dévastatrices sur le littoral.
« L’hôpital est touché, les écoles sont touchées. Des maisons sont totalement dévastées. Le phénomène n’a rien épargné sur son passage »
Ambdilwahedou Soumaila, maire de Mamoudzou
Le nord du Mozambique également frappé, les Comores épargnées
Après avoir semé le chaos à Mayotte, Chido a poursuivi sa course dévastatrice en direction du Mozambique dont il a atteint les côtes nord ce dimanche matin. Des dégâts importants sont à craindre dans cette région pauvre et très exposée. Plus au nord, l’archipel des Comores a été relativement épargné, enregistrant seulement des dégâts mineurs sans faire de victimes selon un bilan provisoire.
L’état d’urgence réclamé, l’aide s’organise
Alors que le bilan ne cesse de s’alourdir, la députée de Mayotte Estelle Youssouffa appelle le gouvernement à décréter l’état d’urgence pour « protéger les personnes et les biens ». Le pape François a également exprimé sa « proximité spirituelle » avec les victimes de cette « tragédie ». Sur place, les opérations de secours et d’assistance s’organisent dans des conditions très dégradées. Un numéro vert a été activé et les autorités promettent que l’aide va s’intensifier dans les prochains jours pour secourir une population sous le choc.
Mayotte, déjà en proie à de lourdes difficultés sociales et migratoires, se réveille groggy après le passage de Chido. Il faudra de longs mois pour effacer les stigmates de ce cyclone extraordinaire et venir en aide aux milliers de sinistrés qui ont tout perdu. La solidarité nationale et internationale sera plus que jamais nécessaire pour relever ce territoire meurtri.