La spirale de violence qui gangrène Haïti ne semble pas prête de s’arrêter. Dans un nouveau drame qui a choqué le pays, neuf personnes ont été tuées, dont deux adolescentes, lors de l’attaque d’un gang mardi dans une commune au nord de la capitale Port-au-Prince, a rapporté une association locale à l’AFP.
Selon une source proche du dossier, des images insoutenables de cadavres ont rapidement circulé sur les réseaux sociaux, suscitant l’indignation des internautes. Cette attaque survient à peine quelques jours après le massacre d’au moins 184 personnes dans l’agglomération de Port-au-Prince, selon un bilan de l’ONU.
Une attaque sanglante dans la commune de Petite-Rivière-de-l’Artibonite
D’après le porte-parole d’une association communautaire de la région, Bertide Horace, les riverains ont rapporté des coups de feu vers 20 heures mardi soir. Les bandits du gang « Gran grif » ont alors envahi deux quartiers de la commune de Petite-Rivière-de-l’Artibonite, semant la terreur sur leur passage.
« On a pu dénombrer, pour le moment, neuf cadavres. Les malfrats ont eu le temps d’enlever plusieurs personnes avant l’arrivée de la police », a précisé Mme Horace, signalant également une dizaine de maisons incendiées.
Une attaque perçue comme des représailles contre la population
Cette attaque intervient peu après l’annonce par la police haïtienne de la reprise en main de cette zone, avec l’appui de la mission multinationale menée par le Kenya. Selon la porte-parole associative, cette attaque est perçue comme une volonté de représailles à l’encontre de la population qui aurait apporté son soutien aux forces de l’ordre.
Une violence des gangs qui s’intensifie malgré les efforts internationaux
Malgré l’arrivée au pouvoir d’un nouveau Premier ministre, Alix Didier Fils-Aimé, en novembre et le déploiement d’une mission multinationale d’appui à la police haïtienne, menée par le Kenya et soutenue par l’ONU et les Etats-Unis, la violence des gangs ne faiblit pas, bien au contraire.
« La violence des gangs, déjà endémique en Haïti, s’aggrave depuis des mois. Ces groupes armés, accusés de nombreux meurtres, viols, pillages et enlèvements contre rançon, avaient décidé en début d’année d’unir leurs forces pour renverser le Premier ministre Ariel Henry. »
– Source proche du dossier
Un week-end particulièrement meurtrier près de Port-au-Prince
Le drame de Petite-Rivière-de-l’Artibonite fait écho à un autre massacre survenu le week-end dernier. Selon les Nations unies, au moins 184 personnes ont été tuées près de la capitale Port-au-Prince, au cours d’exactions ordonnées par un « puissant chef de gang » contre des « pratiquants du culte vaudou » d’après une ONG locale.
Le gang « Gran grif » déjà impliqué dans un massacre en octobre
Ce n’est malheureusement pas la première fois que le gang « Gran grif » fait parler de lui. Selon un responsable local, ce même gang serait accusé d’avoir tué plus de 100 personnes début octobre, dans la localité de Pont-Sondé.
MSF annonce une reprise partielle de ses activités après des menaces
Au milieu de ce déchaînement de violence, l’ONG Médecins Sans Frontières (MSF) a annoncé mercredi « la reprise partielle » de ses activités médicales dans la capitale haïtienne, après 22 jours de suspension à la suite de « violences et menaces de la police ».
Malgré les efforts de la communauté internationale et l’implication d’acteurs humanitaires comme MSF, la situation sécuritaire en Haïti ne cesse de se dégrader. Les gangs armés semblent régner en maîtres, laissant la population civile à leur merci. Face à cette spirale infernale de violence, il est urgent que des mesures fortes soient prises pour rétablir l’ordre et protéger les Haïtiens. Mais dans un pays en proie à une instabilité politique chronique, le chemin vers la paix et la sécurité s’annonce long et semé d’embûches.