Le spectre du terrorisme plane à nouveau sur le Royaume-Uni. D’après des sources proches de l’enquête, six individus, dont deux femmes âgées de 31 et 59 ans ainsi que quatre hommes de 23, 27, 56 et 62 ans, ont été inculpés ce lundi par la justice britannique. Leur crime présumé ? L’appartenance au Parti des Travailleurs du Kurdistan, plus connu sous son acronyme PKK, une organisation séparatiste kurde classée comme terroriste par de nombreux pays dont le Royaume-Uni.
Une opération antiterroriste d’envergure
Les suspects, dont l’identité n’a pas été dévoilée, avaient été interpellés fin novembre lors de raids simultanés menés par la police antiterroriste dans différents quartiers de Londres. Un septième individu, un homme de 31 ans, a également été arrêté dans le cadre de cette opération mais a finalement été relâché sans poursuites. Helen Flanagan, une responsable de l’unité antiterroriste, a souligné le sérieux des accusations portées :
Les charges retenues dans cette affaire sont d’une extrême gravité et font suite à une enquête approfondie menée par nos équipes.
Le PKK, un groupe controversé
Fondé en 1978, le Parti des Travailleurs du Kurdistan lutte depuis des décennies pour l’autonomie, voire l’indépendance, des régions kurdes de Turquie. Ses méthodes, qui incluent attentats et guérilla, lui valent d’être considéré comme une organisation terroriste par Ankara mais aussi par l’Union Européenne et les États-Unis. Malgré des trêves ponctuelles, le conflit entre le PKK et l’État turc a fait plus de 40 000 morts depuis 1984.
Si la présence de sympathisants du PKK en Europe est connue, notamment au sein de la diaspora kurde, les autorités s’inquiètent de potentielles activités de financement ou de recrutement sur leur sol. Le Royaume-Uni avait classé le PKK comme organisation terroriste dès 2001, rejoignant ses alliés occidentaux.
Procès à venir et tensions diplomatiques
Les six accusés devaient comparaître ce mardi devant le tribunal londonien de Westminster. S’ils sont reconnus coupables d’appartenance à une organisation terroriste, ils risquent de lourdes peines de prison. Leur procès sera suivi de près, tant pour ses implications sécuritaires que diplomatiques.
En effet, ces arrestations interviennent dans un contexte de tensions entre le Royaume-Uni et la Turquie. Les deux pays sont alliés au sein de l’OTAN mais divergent sur la question kurde. Ankara reproche régulièrement à ses partenaires occidentaux leur manque de fermeté envers le PKK et ses branches en Syrie. Londres devra donc naviguer avec précaution dans ce dossier sensible.
Une menace sous surveillance
Au-delà de ce coup de filet, les services antiterroristes britanniques maintiennent une vigilance élevée face aux réseaux de soutien au PKK. Selon une source sécuritaire, d’autres cellules dormantes pourraient être démantelées dans les mois à venir :
Nous suivons de très près les activités des groupes liés au PKK sur notre territoire. D’autres opérations sont envisageables si nécessaire pour protéger la sécurité nationale.
Malgré la distance géographique, le conflit kurde en Turquie continue donc de projeter son ombre jusqu’aux rives de la Tamise. Reste à savoir si ces arrestations porteront un coup décisif aux réseaux du PKK au Royaume-Uni ou ne seront qu’un épisode dans une lutte de longue haleine contre le terrorisme international. Les réponses viendront sans doute au fil des procédures judiciaires et des enquêtes en cours.
En attendant, la société britannique, déjà éprouvée par de nombreux attentats ces dernières années, retient son souffle. Avec l’espoir que la menace, cette fois-ci, aura été déjouée avant de frapper.