Un rebondissement inattendu s’est produit dans les relations déjà tendues entre la Russie et l’Occident. Les services de sécurité russes (FSB) ont annoncé mardi l’arrestation d’un citoyen russo-allemand né en 2003, accusé d’avoir planifié un acte de sabotage sur une voie ferrée dans la ville de Nijni Novgorod, sur ordre des services de renseignement ukrainiens (SBU).
Selon le communiqué du FSB, le jeune homme aurait été approché par un représentant du SBU qui lui aurait promis une récompense financière en échange de son action malveillante. Les autorités russes affirment avoir trouvé au domicile du suspect des preuves de communication attestant des échanges avec l’agent ukrainien.
Une série d’affaires d’espionnage et de sabotage
Cette arrestation intervient peu après celle d’un autre citoyen allemand, Nikolaï Gaïdouk, arrêté en octobre dans la région de Kaliningrad et lui aussi accusé de sabotage par le FSB. Le ministère allemand des Affaires étrangères a confirmé son arrestation et dénoncé un climat d’intimidation et de peur en Russie, où des arrestations arbitraires d’étrangers peuvent avoir lieu.
Depuis le début de l’offensive russe en Ukraine, plusieurs ressortissants occidentaux, notamment américains, ont été arrêtés en Russie et visés par de graves accusations. Washington parle même de prises d’otages destinées à obtenir la libération de ressortissants russes détenus à l’étranger, y compris des espions.
Des échanges de prisonniers en coulisses
Face à cette situation, des échanges de prisonniers ont eu lieu entre les Occidentaux et la Russie. Le plus important depuis la fin de la Guerre froide s’est déroulé le 1er août, permettant notamment la libération du journaliste américain Evan Gershkovich et de l’ancien marine Paul Whelan par Moscou.
Des rumeurs persistantes font état de nouveaux échanges potentiels qui pourraient avoir lieu avant ou peu après l’arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche en janvier prochain. Une manière pour les différentes parties de négocier discrètement la libération de leurs ressortissants respectifs.
Un climat de suspicion généralisée
Cette nouvelle affaire de sabotage présumé illustre le climat délétère qui règne entre la Russie et les pays occidentaux. Chaque arrestation alimente un peu plus les tensions et la suspicion, rendant le dialogue de plus en plus difficile.
Selon une source proche du dossier, les services de sécurité russes seraient sur les dents et multiplieraient les interpellations préventives face à ce qu’ils perçoivent comme une recrudescence des tentatives de déstabilisation orchestrées depuis l’étranger. Une paranoïa qui n’est pas sans rappeler les heures les plus sombres de la Guerre froide.
De leur côté, les chancelleries occidentales s’inquiètent du sort de leurs ressortissants arrêtés en Russie, souvent sur la base d’accusations fragiles ou fantaisistes. Elles craignent que Moscou n’instrumentalise ces affaires à des fins de propagande ou de marchandage.
Vers une escalade des tensions ?
Dans ce contexte, il est à craindre que chaque nouvelle arrestation ne vienne un peu plus attiser les braises d’un conflit qui ne dit pas son nom. Loin des champs de bataille ukrainiens, c’est une autre guerre qui se joue en coulisses, faite d’intrigues, de coups bas et de manœuvres d’intimidation.
Pour l’heure, nul ne sait jusqu’où cette escalade pourrait mener. Une chose est sûre : la crise de confiance entre la Russie et l’Occident a rarement été aussi profonde, et il faudra plus que quelques échanges de prisonniers pour espérer la surmonter. Car derrière chaque accusation de sabotage ou d’espionnage, c’est la question de la coexistence pacifique entre des modèles de société radicalement différents qui se pose avec une acuité toujours plus grande.