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Le Premier Ministre irakien dément un scandale d’écoutes téléphoniques

Un scandale d'écoutes téléphoniques ébranle la classe politique irakienne depuis plusieurs mois. Des députés et hommes politiques auraient été espionnés. Le Premier Ministre dément et évoque le "mensonge du siècle", mais les accusations jettent une lumière crue sur les luttes de pouvoir intestines au sein de la majorité...

Depuis plusieurs mois, un scandale embarrassant secoue la classe politique irakienne. Des écoutes téléphoniques présumées, dont auraient été victimes des députés et hommes politiques, sont au cœur de toutes les discussions. Après un long silence, le Premier ministre Mohamed Chia al-Soudani est finalement monté au créneau pour démentir ces accusations visant des responsables de ses services.

Le Premier ministre évoque le « mensonge du siècle »

Lors d’une séance à huis clos du Parlement ce mercredi, rapportée par l’agence de presse nationale INA, M. Soudani a enfin abordé publiquement cette affaire qui empoisonne la vie politique depuis le mois d’août. Sans détour, il a balayé d’un revers de main les soupçons d’implication de son gouvernement :

Cette affaire d’espionnage et d’écoutes clandestines, ces accusations contre le gouvernement (…), tout cela est sans fondement. Je peux dire avec une certitude absolue que c’est le mensonge du siècle.

Un scandale qui illustre les luttes de pouvoir intestines

Pourtant, depuis la révélation de ce scandale par le député Mustafa Sanad en août dernier, une partie de la classe politique s’est enflammée. Certains y voient l’illustration des rivalités et luttes de pouvoir au sein même de la majorité parlementaire, formée de partis chiites pro-iraniens et qui a porté M. Soudani au pouvoir.

Le député Sanad, se disant lui-même victime d’écoutes, avait alors annoncé l’arrestation d’un « réseau » impliquant « un certain nombre d’officiers et de fonctionnaires ». Il avait même cité nommément un ex-fonctionnaire du bureau du Premier ministre, Mohamed Jouhi.

Des personnalités de premier plan visées

Rapidement, les noms de plusieurs barons de la politique irakienne, figures influentes de l’alliance chiite au Parlement, ont circulé parmi les victimes supposées de ces écoutes illégales. L’ancien président du Parlement Mohamed Halboussi a même affirmé lors d’une interview télévisée avoir fait l’objet d’une « surveillance » lors de ses déplacements.

Mais dans un pays régulièrement secoué par des scandales politiques en tous genres, où les règlements de comptes accompagnés de campagnes de désinformation sont monnaie courante, difficile de démêler le vrai du faux. D’autant que la justice est restée muette jusqu’à présent, n’apportant aucun élément concret sur cette affaire.

Des démentis en série des autorités

Face à l’emballement médiatique, les autorités ont multiplié les démentis ces derniers mois. Dès septembre, le Conseil suprême de la magistrature s’était fendu d’un communiqué pour pointer « l’inexactitude des informations » circulant au sujet d’une enquête en cours.

Il avait notamment qualifié de « faux » les rumeurs selon lesquelles son président Faïq Zidan aurait lui aussi été espionné. Une tentative pour éteindre un incendie qui n’a visiblement pas suffi, obligeant le Premier ministre en personne à monter au front.

Un mal récurrent en Irak

Au-delà des accusations visant directement le gouvernement, ce scandale met en lumière un mal bien connu de la vie politique irakienne : l’utilisation des services de sécurité à des fins d’espionnage et de surveillance des rivaux.

Une pratique qui semble perdurer malgré les changements de régime, et qui jette une ombre sur la capacité des institutions à fonctionner de manière transparente et démocratique. Les déclarations de M. Soudani suffiront-elles à clore ce chapitre ? Rien n’est moins sûr, tant les soupçons semblent désormais ancrés au sein d’une classe politique traversée de part en part par les luttes de clans.

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