L’Irlande retient son souffle alors que le dépouillement des bulletins de vote des élections législatives se poursuit. Selon des sources proches du scrutin, la coalition centriste actuellement au pouvoir devrait être reconduite, mais sans la participation des Verts qui essuient une cuisante défaite.
Les Verts, grands perdants du scrutin
Sur les 174 sièges que compte le Parlement irlandais, 162 ont été attribués depuis le début du comptage des voix samedi matin. Les deux partis de centre-droit, le Fianna Fail et le Fine Gael, qui se partagent le pouvoir depuis plus d’un siècle, totalisent respectivement 43 et 36 sièges, soit 79 à eux deux.
La majorité absolue étant fixée à 88 sièges, tout indique que ces deux formations s’apprêtent à reconduire leur alliance gouvernementale. Cependant, un acteur majeur manquera à l’appel : les Verts. En effet, des sources concordantes affirment que ce parti écologiste, qui faisait partie de la précédente coalition avec 12 élus, ne conserverait qu’un seul siège, celui de leur leader Roderic O’Gorman.
Nous étions très différents, nous avons pris le risque de nous joindre à eux, mais il y a des conséquences politiques à prendre ce risque et nous les avons subies.
Roderic O’Gorman, leader des Verts
Un scrutin marqué par l’échec de l’extrême droite
Autre enseignement de ce scrutin : l’extrême droite ne parvient pas à faire son entrée au Parlement malgré une campagne axée sur le thème de l’immigration. Les analystes attribuent cet échec à la division du vote anti-immigration entre de trop nombreux candidats aux positions jugées trop extrêmes par l’électorat.
Le Sinn Fein reste dans l’opposition
Principal parti d’opposition, le Sinn Fein, formation nationaliste de gauche, obtient 36 sièges. Cependant, le Fianna Fail et le Fine Gael avaient exclu toute alliance avec ce parti, ancienne vitrine politique de l’IRA, pour former un gouvernement. Un scénario similaire à celui de 2020 où le Sinn Fein, arrivé en tête des suffrages, n’avait pas réussi à constituer de coalition.
Quel avenir pour la coalition au pouvoir ?
Pour atteindre la majorité, le Fianna Fail et le Fine Gael vont devoir chercher de nouveaux partenaires. Selon des sources bien informées, ils pourraient se tourner vers les travaillistes (9 sièges), les Sociaux-démocrates (11 sièges) ou des députés indépendants.
En 2020, les deux partis s’étaient accordés pour se partager le pouvoir, le leader du Fianna Fail Micheal Martin cédant sa place de Premier ministre en décembre 2022 à celui du Fine Gael Leo Varadkar, lui-même remplacé par son successeur à la tête du parti Simon Harris en avril dernier.
Le nouveau Parlement doit siéger le 18 décembre prochain. D’ici là, les tractations vont bon train pour former un gouvernement, un processus qui pourrait prendre plusieurs semaines. De lourds défis attendent la future équipe au pouvoir dans un pays de 5,4 millions d’habitants confronté à une grave crise du logement et à la flambée du coût de la vie.
L’économie irlandaise en question
L’Irlande doit également composer avec une économie très dépendante des investissements étrangers, en particulier des géants technologiques américains attirés par une fiscalité avantageuse. Un modèle qui pourrait être fragilisé par un éventuel retour de Donald Trump à la Maison Blanche, comme l’ont souligné certains candidats durant la campagne.
Au final, ces élections législatives marquent un tournant pour la politique irlandaise. Si la coalition centriste semble partie pour rempiler, elle devra composer sans les écologistes et affronter une opposition revigorée. Avec en toile de fond les inquiétudes des Irlandais sur des sujets aussi cruciaux que le logement, le pouvoir d’achat ou l’avenir du modèle économique du pays. Autant de défis qui ne manqueront pas d’animer la vie politique irlandaise dans les mois et années à venir.