Alors que le débat sur la fin de vie est relancé en France avec un nouveau projet de loi, le Pape François a réaffirmé son opposition à l’euthanasie lors d’une audience avec des parlementaires français au Vatican. Une prise de position ferme qui intervient à un moment clé, les députés devant examiner en février un texte visant à légaliser une forme d’aide à mourir.
Le Pape appelle à « accompagner la vie jusqu’à sa fin naturelle »
Devant des élus du sud de la France, le Pape François a exprimé son souhait que le débat sur la fin de vie puisse se tenir « dans la vérité ». Pour le Souverain pontife, il s’agit avant tout « d’accompagner la vie jusqu’à sa fin naturelle par un développement plus ample des soins palliatifs ». Une position conforme à la doctrine de l’Église catholique, qui considère l’euthanasie comme moralement inacceptable.
Le Pape a salué le « courage » des parlementaires venus à sa rencontre, y voyant le « désir d’unifier » leur « vie de croyant avec celle d’homme ou de femme en responsabilité ». Un message fort alors que le sujet divise la classe politique française, y compris au sein de la majorité présidentielle.
Un projet de loi pour légaliser le suicide assisté
Le texte qui sera examiné par les députés en février prochain prévoit de légaliser le suicide assisté et, dans certains cas, l’euthanasie. Qualifiés d’« aide active à mourir », ces dispositifs seraient assortis de strictes conditions. Un projet qui avait été porté par le précédent gouvernement, mais dont l’examen avait été interrompu par la dissolution de l’Assemblée nationale.
Son sort est aujourd’hui incertain, alors que le nouveau gouvernement rassemble le centre et la droite, cette dernière étant historiquement réticente à toute évolution législative sur ce sujet. Mais les partisans d’une aide à mourir entendent bien se faire entendre et faire avancer ce qu’ils considèrent comme un progrès sociétal majeur.
Le pape François, un opposant résolu à l’euthanasie
Ce n’est pas la première fois que le Pape François exprime publiquement son opposition à l’euthanasie. En septembre 2023, de retour d’un voyage à Marseille, il avait qualifié l’aide à mourir de « forme hideuse de compassion », affirmant qu’« on ne joue pas avec la vie ».
Qu’il s’agisse de la loi interdisant à un enfant de grandir dans le ventre de sa mère ou de la loi sur l’euthanasie en cas de maladie ou de vieillesse.
Pape François, septembre 2023
Une position sans ambiguïté, qui place le respect de la vie humaine au-dessus de toute autre considération. Pour le Pape, la souffrance ne peut justifier de mettre fin à une existence, même à la demande de la personne concernée.
Un sujet qui divise la société française
La question de la fin de vie est un sujet particulièrement sensible en France, qui a connu plusieurs évolutions législatives ces dernières années, sans pour autant franchir le pas d’une légalisation de l’euthanasie ou du suicide assisté. La loi Claeys-Leonetti de 2016 a renforcé les droits des patients en fin de vie, mais exclut toute « intention de donner la mort ».
Selon un récent sondage, une large majorité de Français seraient favorables à une évolution de la loi pour permettre une aide active à mourir. Mais les opposants, au premier rang desquels figurent les représentants des cultes et une partie du corps médical, mettent en garde contre les risques de dérives et de pressions sur les personnes vulnérables.
Développer les soins palliatifs, une priorité pour beaucoup
Au-delà du clivage entre partisans et opposants à l’euthanasie, un consensus semble se dégager sur la nécessité de développer davantage les soins palliatifs en France. Ces soins visent à soulager les souffrances et améliorer la qualité de vie des patients atteints de maladies graves et incurables, sans pour autant chercher à prolonger ou à écourter leur vie.
Malgré des progrès ces dernières années, l’accès aux soins palliatifs reste inégal sur le territoire et leur financement est jugé insuffisant par beaucoup d’acteurs de terrain. Un constat partagé par le Pape François, pour qui « accompagner la vie jusqu’à sa fin naturelle » passe par un « développement plus ample » de cette approche.
Un débat qui promet d’être animé à l’Assemblée
Alors que le gouvernement n’a pas prévu de déposer son propre texte, c’est une proposition de loi portée par le député Olivier Falorni qui sera examinée en février. Un texte qui promet des débats intenses au Parlement, où les lignes de fracture traversent tous les groupes politiques.
Face à ces divisions, certains plaident pour l’organisation d’un référendum afin de trancher cette question de société. Mais d’autres mettent en garde contre les risques d’une telle consultation, préférant que le sujet soit débattu et tranché par la représentation nationale.
Quelle que soit l’issue de ce nouveau round législatif, une chose est sûre : le débat sur la fin de vie est loin d’être clos en France. Et l’intervention du Pape François, à quelques mois de l’examen du texte à l’Assemblée, vient rappeler que les positions restent tranchées sur ce sujet éminemment sensible.