Un mois s’est écoulé depuis que des pluies diluviennes se sont abattues sur le sud-est de l’Espagne, provoquant des inondations d’une ampleur sans précédent. Aujourd’hui, dans les communes les plus touchées, les habitants tentent tant bien que mal de se relever et de retrouver une vie normale. Mais entre les dégâts matériels considérables et le traumatisme psychologique, le chemin vers la reconstruction s’annonce long et semé d’embûches.
Le quotidien bouleversé des sinistrés
Pour les milliers de sinistrés, le retour à la normale est un combat de tous les instants. « Nous nageons dans la boue, littéralement. Les enfants n’ont pas d’école, les choses n’évoluent que très lentement », témoigne Sabrina Bermejo, habitante de Paiporta, ville considérée comme l’épicentre du drame. Les riverains doivent composer avec des coupures d’électricité à répétition, rendant leur quotidien encore plus pénible.
Au-delà des aspects matériels, c’est aussi psychologiquement que l’impact se fait sentir. « Depuis le 29 octobre, je suis resté un peu bloquée mentalement », confie Gyovana Giménez, restauratrice dont l’établissement a été ravagé. Beaucoup se disent « abandonnés » et réclament davantage de soutien des autorités.
Des dégâts matériels colossaux
Selon les données des assurances, ce sont près de 70 000 habitations, 125 000 véhicules et 12 500 commerces qui ont été endommagés par les inondations. Des chiffres vertigineux qui laissent entrevoir l’ampleur de la tâche qui attend les sinistrés pour reconstruire et se rééquiper.
Si des dizaines de routes ont été remises en état et des tonnes de débris évacuées, il reste encore « énormément de travail à faire » de l’aveu même du Premier ministre Pedro Sánchez. De nombreux villages n’ont toujours pas retrouvé leur visage d’avant la catastrophe.
Une gestion de crise pointée du doigt
Aux dégâts et au traumatisme s’ajoute la colère d’une partie de la population, qui estime que la gestion de crise a été défaillante. Beaucoup reprochent aux autorités régionales d’avoir tardé à lancer l’alerte et à organiser les secours. « Nous sommes tous épuisés », résume Bea García, enseignante de 43 ans.
Cette gronde s’est notamment exprimée lors de la visite du roi Felipe VI dans la région, marquée par des insultes et des jets de boue. Depuis, le président de la région de Valence, Carlos Mazón, a reconnu qu’il fallait « être compréhensif » et « efficace ».
En attendant les indemnisations
Face à l’ampleur des dégâts, le gouvernement a débloqué une enveloppe de 16,6 milliards d’euros d’aides et de prêts. Mais sur le terrain, beaucoup attendent encore de voir la couleur de cet argent. « Quand les aides arriveront, quand on percevra les indemnisations des assurances, on pourra essayer de remonter la pente », espère Gyovana Giménez.
En attendant, la solidarité s’organise tant bien que mal, à l’image des centaines de personnes rassemblées à Paiporta pour une cérémonie en hommage aux victimes. Car si les plaies sont encore à vif, l’heure est à la reconstruction, aussi difficile soit-elle. Un défi immense pour ces villes et villages meurtris, déterminés malgré tout à se relever et à regarder vers l’avenir.