Alors que le conflit syrien semblait entrer dans une phase de relatif apaisement ces dernières années, de violents combats viennent de reprendre autour d’Alep, deuxième ville du pays. Selon des sources proches du dossier, des groupes rebelles soutenus par la Turquie et comptant dans leurs rangs de nombreux éléments djihadistes ont lancé une offensive éclair visant à prendre le contrôle de quartiers de la métropole. Face à cette situation, l’aviation russe est entrée en action, bombardant massivement les positions de ces groupes qualifiés « d’extrémistes » par Moscou.
Alep, un symbole de la guerre syrienne
Ancienne capitale économique de la Syrie, Alep a été ravagée par les combats entre 2012 et 2016. La ville était alors coupée en deux, avec les rebelles à l’Est et le régime de Bachar el-Assad à l’Ouest. Après une bataille acharnée, les forces gouvernementales avaient fini par reprendre le contrôle total de la cité fin 2016, avec l’appui décisif de l’aviation russe. Depuis, une paix fragile régnait, malgré quelques accrochages sporadiques.
Mais cette escalade soudaine vient remettre en cause cet équilibre précaire. Le timing de l’offensive rebelle semble lié au retrait partiel des milices chiites pro-iraniennes, redéployées au Liban face aux tensions avec Israël. Les assaillants en auraient profité pour tenter un coup de force à Alep.
La Russie vole au secours du régime syrien
Principal allié de Damas avec l’Iran, la Russie est massivement intervenue en Syrie à partir de 2015 pour sauver le régime Assad alors en difficulté. Moscou dispose de bases aériennes et navales dans le pays, lui permettant de projeter sa puissance militaire. Sans surprise, le Kremlin a rapidement réagi à l’offensive rebelle sur Alep, lançant des dizaines de frappes sur les positions ennemies.
Notre aviation bombarde les groupes extrémistes en Syrie, en soutien aux forces gouvernementales.
Une source au sein de l’armée russe
Selon des experts, ces raids visent à stopper net l’avancée des assaillants et à les empêcher de prendre pied durablement dans Alep. Il s’agit aussi pour la Russie de réaffirmer son engagement aux côtés de Bachar el-Assad et de maintenir son influence dans le pays.
Vers une nouvelle escalade meurtrière ?
Beaucoup craignent que ces affrontements ne marquent le début d’une énième phase de violence et de destructions en Syrie. Le pays est dévasté par une décennie de guerre ayant fait près d’un demi-million de morts et des millions de déplacés et réfugiés.
Malgré des négociations de paix sous égide internationale, aucune solution politique globale n’est en vue. Les puissances étrangères, comme la Russie, la Turquie, l’Iran ou les États-Unis, poursuivent des agendas contradictoires sur le terrain. Et les groupes armés, qu’ils soient rebelles, djihadistes ou pro-régime, continuent de se battre pour des zones d’influence.
Les civils syriens sont comme toujours les premières victimes de cette situation, pris entre les feux des différents belligérants. A Alep et ailleurs, ils vivent dans la peur des bombardements et des exactions des combattants.
La communauté internationale impuissante
Face à cette nouvelle flambée de violence, la communauté internationale paraît une fois de plus impuissante. L’ONU et les grandes capitales se contentent d’appeler toutes les parties à la « retenue » et au « dialogue », sans grand effet sur le terrain.
Moscou utilise son droit de veto au Conseil de sécurité pour bloquer toute pression sur Damas. Washington, focalisé sur la lutte anti-EI, rechigne à s’impliquer davantage. Quant aux pays européens, ils semblent surtout préoccupés par la prévention de nouveaux flux de réfugiés.
Loin des chancelleries, le peuple syrien continue de souffrir des conséquences d’un conflit qui le dépasse. Et à Alep, les civils se terrent chez eux, priant pour que les bombes russes et les obus des rebelles les épargnent. Une nouvelle page sombre de la tragédie syrienne est en train de s’écrire.