Dans un monde en pleine transition écologique, un groupe d’irréductibles Gaulois résiste encore et toujours à l’envahisseur : les collectionneurs de véhicules anciens. Loin d’être des has been nostalgiques du passé, ils forment une communauté dynamique d’environ 400 000 passionnés qui n’hésite pas à mettre la main au portefeuille pour acquérir les belles mécaniques d’antan. Mais qui sont vraiment ces chevaliers servants de l’automobile de collection ?
Un profil type se dessine
Selon la dernière étude de la Fédération française des véhicules d’époque (FFVE), à laquelle ont répondu plus de 12 200 collectionneurs, permettant d’avoir une photographie fiable de cette population :
- L’âge moyen se situe autour de 58 ans, confirmant un certain rajeunissement.
- Les collectioneurs sont actifs professionnellement pour les deux tiers d’entre eux.
- Ils possèdent en moyenne 4 véhicules, mais seul 1,8 sont immatriculés en carte grise de collection.
- Le budget moyen consacré à l’achat est de 17 480 euros par an.
Les collectionneurs sont de vrais passionnés, prêts à consacrer du temps et de l’argent pour entretenir et profiter de leur patrimoine roulant.
Jean-Louis Blanc, président de la FFVE
Motivations principales : passion et nostalgie
Ce qui anime les collectionneurs, c’est avant tout une passion dévorante pour l’automobile et son histoire. Beaucoup cherchent à acquérir un modèle qui les a fait rêver dans leur jeunesse. D’autres sont sensibles à la beauté des lignes, à la créativité du design ou aux prouesses mécaniques de certains véhicules mythiques.
La nostalgie est aussi un puissant moteur. Au volant de leur ancienne, ces passionnés replongent dans une époque, des souvenirs, des ambiances. C’est toute une tranche de vie qu’ils font revivre le temps d’une balade ou d’un rassemblement.
Préserver et transmettre un patrimoine
Au-delà de l’aspect personnel, les collectionneurs ont aussi à cœur de préserver un patrimoine industriel et culturel. À travers leurs véhicules choyés et bichonnés, c’est tout un pan de l’aventure automobile qu’ils conservent et font vivre.
Une mission de transmission les anime également. Beaucoup cherchent à partager leur passion avec leur entourage et les jeunes générations. Ils ouvrent volontiers les portes de leur garage et racontent avec ferveur les exploits des bolides d’antan.
Une passion qui ne craint pas la crise
Malgré un contexte économique compliqué et les incertitudes liées à la transition écologique, le mouvement ne connaît pas la crise. Le nombre de collectionneurs reste stable et les transactions se poursuivent.
Certains y voient même un investissement refuge, les véhicules les plus rares et recherchés prenant régulièrement de la valeur au fil des années. Mais cela reste marginal, la plupart acquièrent une ancienne pour le plaisir, sans véritable objectif de rentabilité.
Un usage raisonné et responsable
Conscients des enjeux environnementaux, les collectionneurs ont en général un usage raisonné de leurs véhicules, ne parcourant en moyenne que 1 080 km par an au volant de leurs anciennes. Ils militent pour que ce patrimoine puisse continuer à circuler, y compris dans les zones à faibles émissions, en raison de leur faible kilométrage.
Ils mettent aussi en avant le rôle social de leur passion qui contribue à animer les territoires à travers de nombreux événements comme les rallyes, bourses d’échanges ou concours d’élégance. L’automobile ancienne est aussi un bel outil de création de lien et de convivialité.
Le charme opère toujours
Indémodables, les belles mécaniques de la seconde moitié du XXe siècle continuent de fasciner et de recruter de nouveaux adeptes. Il faut dire qu’elles ne manquent pas d’arguments :
- Des lignes intemporelles souvent signées par de grands maîtres du design.
- Une mécanique accessible, que l’on peut réparer et entretenir soi-même.
- Des sensations de conduite sans filtre, aux antipodes des voitures modernes aseptisées.
- La fierté de rouler au volant d’un véhicule pas comme les autres qui attire immanquablement les regards.
Dans notre monde hyper connecté et dématérialisé, ces objets incitent à lever le pied, à se reconnecter au réel et à apprécier un artisanat sur roues léché et charmant. Pas étonnant que de plus en plus de jeunes cèdent aux sirènes de la collection.
Si le profil des collectionneurs tend à se rajeunir et se féminiser, leur ADN reste le même: des passionnés prêts à consacrer du temps et des moyens pour faire vivre un patrimoine qui leur tient à cœur. Un bel exemple d’engagement au service de l’Histoire et de la culture automobile. Longue vie aux belles anciennes !