Dans son bureau parisien, QG de son ONG EliseCare, Élise Boghossian prend quelques instants pour contempler le chemin parcouru. Cette femme énergique, à la fois humanitaire, écrivaine et acupunctrice, voue sa vie à une cause qui la hante depuis l’enfance : défendre le peuple arménien, dont l’histoire tragique ne cesse de se répéter.
Une histoire familiale marquée par le génocide
Petite-fille de rescapés du génocide arménien de 1915, Élise a grandi avec le poids de cet héritage douloureux. « La première génération se tait, la deuxième s’intègre, la troisième répare », aime-t-elle à dire. Fidèle à cet adage, elle a décidé très tôt de consacrer son énergie à raviver la mémoire de ce drame longtemps occulté.
On a témoigné, on a imploré, mais la communauté internationale a fermé les yeux.
Élise Boghossian
Sur le terrain, au plus près des victimes
Depuis 20 ans, cette battante sillonne les zones de guerre pour apporter son aide. Arménie, Irak, Liban… Partout où des populations souffrent, elle intervient avec son association EliseCare, pratiquant l’acupuncture pour soulager les douleurs physiques et psychiques.
Son engagement a pris un tour plus personnel en 2020, lorsque les forces azerbaïdjanaises ont lancé une offensive meurtrière au Haut-Karabakh, région séparatiste à majorité arménienne. Sur place durant le conflit, Élise a été le témoin impuissant d’un nouveau chapitre sanglant de l’histoire de son peuple.
Un cri d’alarme pour l’Arménie sacrifiée
De retour à Paris, la franco-arménienne a couché sur le papier son indignation et sa douleur. Dans Les Sacrifiés, son dernier livre paru chez Plon, elle entremêle avec pudeur le récit intime de son grand-père rescapé et ses propres expériences de terrain dans l’Artsakh déchiré.
J’ai rédigé ce livre dans les larmes, la prière et l’espérance pour ma famille, mes trois garçons et mon peuple.
Élise Boghossian
À travers ces pages poignantes, Élise Boghossian lance un appel vibrant à la communauté internationale. Son message est clair : on ne peut laisser le peuple arménien, déjà tant éprouvé, sombrer dans l’oubli et subir à nouveau la barbarie.
Le combat continue
Malgré la tristesse et la colère, cette missionnaire de la mémoire refuse de baisser les bras. Conférences, interviews, projets humanitaires… Elle use de tous les leviers pour alerter sur le sort de l’Arménie, coincée entre des voisins hostiles et menacée dans son existence même.
En racontant son histoire et celle de son peuple, Élise Boghossian espère toucher les consciences et susciter un sursaut salutaire. Un combat de tous les instants, porté par l’énergie du désespoir et la force de ceux qui n’ont plus rien à perdre.
Tant qu’il me restera un souffle de vie, je continuerai à me battre pour l’Arménie. C’est mon devoir, ma raison d’être.
Élise Boghossian
Avec son dernier ouvrage et son engagement sans faille, Élise Boghossian s’impose comme une voix essentielle pour ne pas oublier les tragédies passées et présentes vécues par le peuple arménien. Une voix que le monde se doit d’entendre, avant qu’il ne soit trop tard.