La France traverse actuellement une période de turbulences politiques sans précédent. Le gouvernement, menacé par une motion de censure de l’extrême droite, tente de sauver sa peau en lâchant du lest sur certains sujets brûlants. Mais cette stratégie suffira-t-elle à apaiser les tensions et à éviter le pire ?
Un recul tactique sur les taxes pour désamorcer la crise
Face à la menace grandissante d’un renversement par l’Assemblée nationale, le Premier ministre Michel Barnier a décidé jeudi de faire marche arrière sur un dossier sensible : la hausse des taxes sur l’électricité prévue dans le budget 2025. Une décision présentée comme une concession majeure pour répondre à une « demande quasi-unanime de la classe politique ».
Selon une source proche du dossier, cette mesure permettrait une baisse des prix de l’électricité de 14%, allant ainsi « bien au-delà » des 9% initialement envisagés par le gouvernement. Un geste fort en direction du pouvoir d’achat des Français, thème cher à l’extrême droite.
Le Rassemblement national crie victoire mais maintient la pression
Sans surprise, le président du RN Jordan Bardella n’a pas tardé à saluer ce recul comme « une victoire » pour son parti. Mais il a aussitôt prévenu que des « lignes rouges » demeuraient, notamment sur la question du déremboursement de certains médicaments.
La France qui travaille ou qui a travaillé doit être entendue : il faut un moratoire sur toute nouvelle création ou hausse d’impôt et de taxe.
Jordan Bardella, président du Rassemblement national
Des exigences qui placent le gouvernement dans une position délicate, d’autant que le RN a également réitéré son soutien à la gauche pour tenter d’abroger la controversée réforme des retraites. Une alliance de circonstance explosive pour la majorité.
Une situation économique préoccupante sur fond de défiance des marchés
Au-delà des joutes politiques, c’est aussi la crédibilité économique de la France qui est en jeu. Avec un déficit public de 6,1% du PIB en 2024 que le gouvernement peine à résorber, et une dette colossale atteignant 112% du PIB, les signaux envoyés aux marchés financiers sont pour le moins inquiétants.
Le spectre d’une France sans gouvernement et incapable d’adopter un budget fait déjà trembler les investisseurs. Le taux d’emprunt du pays a même brièvement dépassé celui de la Grèce mercredi, une première lourde de symboles.
On risque de décrocher comme un avion qui est en altitude et qui à un moment risque de perdre le contrôle. Or, il y a un chemin : ce chemin, c’est ce budget.
Antoine Armand, ministre de l’Économie et des Finances
Vers une démission d’Emmanuel Macron en cas de censure ?
Autre inconnue de taille : le sort d’Emmanuel Macron en cas d’adoption d’une motion de censure. Si l’hypothèse d’une démission présidentielle est catégoriquement rejetée par l’ancien président François Hollande, elle est ouvertement évoquée à la gauche de la gauche et à l’extrême droite.
Selon un récent sondage, 63% des Français estiment d’ailleurs que le chef de l’État devrait quitter ses fonctions si son gouvernement était renversé par le Parlement. De quoi alimenter un peu plus les spéculations sur un possible « clash » institutionnel.
Vous verrez bientôt des responsables macronistes demander le départ d’Emmanuel Macron.
Paul Vannier, député La France insoumise
Une chose est sûre : la séquence politique qui s’ouvre s’annonce particulièrement agitée et imprévisible. Dans ce bras de fer entre l’exécutif et les oppositions, c’est l’avenir même du quinquennat qui pourrait se jouer, sur fond de crise sociale et de défiance démocratique. Réponses dans les prochains jours, au fil des débats et des votes à l’Assemblée nationale.