Depuis 2020, les employeurs pouvaient proposer à leurs salariés la recharge gratuite de leur véhicule électrique sur le lieu de travail. Une mesure incitative pour encourager l’adoption des voitures zéro émission. Mais ce régime d’exception touche à sa fin. Dès le 1er janvier 2025, la donne va changer.
La recharge en entreprise bientôt considérée comme un avantage en nature
À compter de cette date, la mise à disposition de bornes de recharge par l’employeur sera assimilée à un avantage en nature. Cela signifie que la valeur de l’électricité consommée devra être intégrée dans le calcul des cotisations sociales.
Les entreprises auront alors deux options :
- Facturer la recharge aux salariés pour éviter les charges supplémentaires
- Continuer à offrir la recharge gratuitement mais en payant les cotisations afférentes
Quelles conséquences pour les salariés ?
Si l’employeur opte pour la seconde option, le salarié devra de son côté déclarer cet avantage dans ses revenus imposables. Le montant sera alors soumis à son taux marginal d’imposition, ce qui pourrait représenter un surcoût significatif.
49% des automobilistes se disent prêts à utiliser la recharge en entreprise même si elle devient payante.
Selon un sondage YouGov
Malgré cela, la moitié des conducteurs resteraient enclins à se brancher au travail car cela reviendrait toujours moins cher que la recharge sur les bornes publiques, en particulier sur autoroute.
Un coup de frein pour l’électrification du parc auto ?
Cette évolution réglementaire pourrait cependant freiner l’attrait des véhicules électriques pour ceux qui roulent actuellement en thermique. D’autant plus que les aides à l’achat sont progressivement réduites par le gouvernement.
Entre le rabotage des bonus écologiques et la fin de la recharge gratuite au bureau, les incitations se font plus rares pour franchir le pas. De quoi ralentir la transition vers une flotte d’entreprise décarbonée ?
Les employeurs vont devoir s’adapter
Face à ce changement, les entreprises vont devoir repenser leur politique de mobilité durable. Plusieurs pistes sont envisageables :
- Mettre en place des abonnements ou forfaits de recharge avantageux
- Négocier des tarifs préférentiels auprès des opérateurs de bornes
- Développer des solutions de mobilité alternatives (autopartage, vélos électriques…)
L’enjeu sera de continuer à promouvoir les déplacements bas carbone sans pour autant pénaliser les collaborateurs. Un équilibre délicat à trouver alors que les règles fiscales se durcissent.
En 2022, près de 20% des immatriculations de véhicules neufs en entreprise étaient des modèles électriques.
Chiffres du Comité des Constructeurs Français d’Automobiles
Avec un taux d’électrification en hausse constante, il devient urgent de repenser les modalités de recharge au travail. Sous peine de voir cette dynamique positive ralentir dans les années à venir.
Un virage inévitable vers la recharge payante ?
Si la fin de la gratuité peut sembler défavorable à court terme, elle répond aussi à une logique économique et environnementale. Avec l’essor des ventes, le coût de l’électricité devient un paramètre de plus en plus stratégique à maîtriser pour les entreprises.
Sur le plan écologique, la recharge à titre gracieux n’encourage pas forcément un usage raisonné. En responsabilisant les utilisateurs, la facturation pourrait au contraire favoriser les bons comportements :
- Optimiser les sessions de charge
- Éviter les branchements inutiles
- Privilégier les recharges à domicile
Autant de réflexes vertueux qui participeront, au final, à une électromobilité plus durable et responsable. Un scénario qui n’est pas incompatible avec la fin programmée de la recharge gratuite dans les entreprises.
Reste à trouver le bon modèle économique pour que la transition s’opère en douceur. Employeurs et salariés vont devoir s’adapter, innover, pour concilier avantage social et impératif écologique. Le défi s’annonce passionnant.