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Envie d’émigrer au Canada ? Découvrez les défis cachés !

Le Canada, terre d'asile rêvée pour les Américains anti-Trump ? La réalité est plus complexe que prévue. Découvrez les obstacles méconnus d'une expatriation au pays de l'érable qui n'a rien d'une sinécure...

Coup de tonnerre dans le paysage politique américain. L’élection de Donald Trump en novembre dernier a suscité une vague inédite de recherches d’Américains sur les moyens d’émigrer au Canada. Mais entre le rêve et la réalité, l’écart peut être grand, nous confient des avocats spécialisés dans l’immigration.

Le « Trump effect » booste les demandes d’émigration

Depuis juin dernier et le débat houleux entre Joe Biden et Donald Trump, l’avocat Randall Cohn, basé à Vancouver, croule sous les appels d’Américains inquiets à l’idée d’un retour du milliardaire républicain à la Maison Blanche. Une tendance qui s’est encore accélérée ces dernières semaines, en particulier chez les démocrates « paniqués » par la perspective d’un second mandat trumpiste.

Les chiffres Google Trends sont éloquents : au lendemain de la victoire de l’ancien président le 5 novembre, les requêtes sur les moyens de déménager au Canada ont explosé de plus de 1000% outre-Atlantique. Un phénomène déjà observé en 2016, lors de la première élection de Donald Trump, mais aussi dans les années 80 quand Ronald Reagan l’avait emporté face à Jimmy Carter.

Émigrer au Canada, un parcours semé d’embûches

Mais attention, « s’installer au Canada n’est pas si simple, même pour nos voisins américains », prévient Jacqueline Bonisteel, avocate au cabinet Corporate Immigration Law Firm d’Ottawa. « Une personne qui n’a pas de lien préexistant avec le pays va avoir beaucoup, beaucoup de mal », souligne-t-elle.

Me Cohn abonde : malgré des appels de personnes « assez riches » et désemparées par le retour annoncé de Trump, rares sont celles qui ont une idée concrète des procédures à suivre. « Je dois leur expliquer que ce n’est pas aussi facile qu’ils le pensent et qu’il n’y a aucun moyen d’acheter la résidence permanente », détaille-t-il.

Le processus est décourageant, épuisant et coûteux

Shanthony Exum, ex-habitante de Brooklyn ayant émigré à Montréal

Fuir les États-Unis, pour aller vers quoi ?

Shanthony Exum, artiste de 42 ans qui a quitté Brooklyn pour Montréal pendant la pandémie, avant l’élection de 2020, met en garde ceux qui voudraient partir pour des raisons purement politiques. Pour cette Américaine, « il est plus facile de courir vers quelque chose que de fuir quelque chose ». Son amour pour sa ville d’adoption l’a aidée à tenir bon malgré un processus « décourageant, épuisant et coûteux ».

Demandes d’asile en hausse, critères d’admission durcis

Même s’il semble peu probable de voir les démocrates débarquer en masse, les experts anticipent une augmentation significative des demandes d’asile avec le retour de Trump. Entre 2016 et 2017, leur nombre était passé de 129 à 869 selon Sean Rehaag, directeur du Centre pour les études sur les réfugiés de l’Université York. Il s’agissait surtout d’enfants de sans-papiers craignant l’expulsion, après les menaces de Donald Trump de procéder à des « expulsions massives ».

Mais là encore, le chemin est ardu : un récent durcissement de l’accord migratoire entre les deux pays complique le dépôt d’une demande d’asile au Canada et facilite les renvois côté américain. Un système inéquitable pour Jamie Chai Yun Liew, spécialiste de l’immigration, car il « ne répond pas à nos principes en matière de respect des personnes », notamment sur des sujets comme les violences faites aux femmes ou la discrimination envers les personnes transgenres.

Le Canada face à un dilemme moral et politique

Exhortant le Canada à revoir ce pacte avec les États-Unis, l’experte appelle à « examiner attentivement » le bilan de Donald Trump et son projet résolument conservateur pour sa deuxième présidence. Un véritable dilemme pour le gouvernement Trudeau, pris entre des impératifs diplomatiques, sécuritaires et économiques d’un côté, des considérations humanitaires et des pressions de sa base progressiste de l’autre.

Le retour de Donald Trump à la Maison Blanche s’annonce comme un vrai test pour la relation bilatérale, déjà chahutée sous son premier mandat. Le rêve canadien de nombreux Américains pourrait bien se transformer en parcours du combattant.

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